Lisà brille

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Lisà bénit de chaleur et de pouvoir.

Les astres de la terre, les arbres et la mer sifflent le lointain souvenir de l'air frais d'avant sécheresse. 

La peau des noirs brûle et scintille de mélanine.

Leurs cœurs rébus symboliques aux expressions vibrantes.

Leurs rires condensés de fraîcheurs d'océans et de plages.

La volupté des courbes des femmes ébène aux teints huilés de karité et de frictions dansantes que l'on caresse des yeux.

L'émoustillant déhanché de leur chaleur forte, mais sensible, attachante, touchante.

Le cou rempli d'argent ou d'or, le pagne calqué d'impressionnisme, le corps beau souffle d'une forme à la chaire noire, ténébreuse et craquelée.

Mes cheveux fourrés aux sables de mes entretiens secrets aux bords de la mer, compagnie de cocotiers. Eux crépus d'avoir trop tenu tête au soleil.

Mes mains rugueuses, battues par la dureté de la vie. Mon sang rouge, ma peau noire, mes dents blanches.

Mon cœur libre de rasta et mes pensées vibrantes de tams-tams, mes joues enflées de jazz, d'un saxophone ambiant.

Mon style, décolleté plongeant vers l'infinité plus que sensualité. Que l'on me verse des cauris dans mon jus d'oseille de Guinée ou mon jus de bouye, que l'on me verse le ciel dans les yeux et les poumons.

Je suis africain.

Je veux l'épure, j'ai envie des sensations des bars ouverts et des rires ouverts à la bière.

Je suis du pays des denrées rares, je suis d'un endroit où l'on croise des mythes quand on s'éloigne trop du feu du village. Ou les déesses vont, elles aussi, faire leur lessive à la rivière.

Ou yemoya danse tard la nuit sur la mer si tu peux la voir. Des animaux qui parlent, des verbes qui peuvent tuer de bouche.

Chez moi, les morts ne sont pas morts. Chez moi, à midi, on dévisage le soleil comme si on voulait le frapper.

Terre immergée dans la chaleurWhere stories live. Discover now