Chapitre 2

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Pov Emée

Je traîne ma valise avec peine, sentant mon souffle court. Pourquoi le chemin vers le terminal semble-t-il plus long que mon avenir incertain ?

Enfin, nous arrivons presque, ma famille galère tout autant avec mes autres bagages. Il semblerait que j'aie peut-être exagéré sur le nombre de vêtements. Je me tourne vers ma cousine, trainant le pied derrière moi, qui simule un évanouissement.

— Dépêche-toi, esclave, tu me fais perdre mon temps !

Samantha s'arrête net et fait mine de s'en aller vexée. Avant même que je ne puisse protester, le chariot dévale la pente à toute vitesse, envoyant mes bagages dans une course folle. L'autre idiote ne sait plus où se mettre, choquée par cette scène.

Je laisse mes affaires en suspens pour courir, les rires et les cris échappés de ma bouche alors que je tente désespérément d'intercepter le chariot avant qu'il ne cause des dégâts. Un grand métis apparaît soudainement dans mon champ de vision, manquant de peu d'être heurté par le chariot lancé à toute allure.

Je retiens mon souffle, craignant une catastrophe imminente. Je joins les deux mains au-dessus de ma tête, implorant le ciel.

— S'il vous plaît, Seigneur, j'ai besoin de ma dose de vitamine D et de mon bronzage Punta Cana pour survivre à ce monde cruel, je ne peux pas croupir en prison.

Heureusement, il parvient à arrêter le chariot à temps. Soulagée, je me dirige vers lui pour examiner mes biens précieux.

— Tu as de la chance, tu n'as pas abîmé mes affaires.

Il me regarde, un sourcil levé interrogateur.

— Tout va bien pour toi ? Je ne te dérange pas trop ?

— Je n'ai pas le temps de me taper la discuss', désolée.

Soudain, l'étranger saisit un sac au hasard du tas et le met hors d'atteinte.

— Non, non, tu n'as pas saisi ce que j'ai dit !! Mon temps est précieux, rends-moi mes affaires immédiatement !

Je tape carrément du pied. Est-ce que je suis puérile ? Je n'ai jamais prétendu le contraire. Il me fixe dubitatif :

— Je ne suis pas ton esclave, demande poliment, petite impertinente.

—Répète pour voir, je crois que j'ai mal entendu !

Je ne lui laisse pas le temps de répondre que je me précipite sur lui, pour tirer mon sac de sa poigne. Un bras de fer commence et malheureusement je trébuche et perd mon équilibre l'emportant dans ma chute. Nous nous fixons abasourdis puis éclatons de rire, complices sur le moment. Je me relève avec ce qui me reste de ma dignité et tend la main au bel inconnu. Il l'accepte souriant. Son regard est brulant et réchauffe ma peau.

— Emeliana Beauregard, as-tu perdu la tête ?

Je trésaille de honte. Mon dieu, non ! Elle ne va quand même pas me faire un scandale devant tout l'aéroport, je n'ai pas neuf ans.

—... Est-ce ainsi que je t'ai élevée, en agressant les pauvres hommes ??

Le métis m'aide à me relever et répond sérieusement :

— Je suis tout sauf pauvre, chère madame.

Tante Cassie balaye sa remarque d'un revers de main.

— Oh mon petit, j'espère qu'elle ne t'a pas fait de mal.

Le jeune homme prend alors un air contrit.

— On peut dire que votre fille ne m'a pas manqué.

— Excuse-toi sur le champ, Emeliana !

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