Dévoué corps et âme à obtenir la garde de sa fille, Minho s'est bien trop souvent oublié. Une page se tourne, les façades tombent et petit à petit, la promesse de jours heureux semble se profiler. Seulement, parviendra-t-il à saisir cette opportunit...
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CHAPITRE 2
"Time"
Solhee n'avait eu aucun mal à s'acclimater à son nouvel environnement. La campagne semblait lui faire un bien fou. Loin du capharnaüm constant de la ville, elle se réjouissait des bruits de la nature : l'odeur de la pluie qui tombe sur l'herbe, les oiseaux qui chantent de bon matin, les pieds qui s'enfoncent dans la boue ou glissent sur le verglas. Elle n'hésitait jamais à réclamer une balade dans le quartier ou à déjeuner dehors même par temps glacial. Minho n'était pas très fan du concept : il craignait qu'elle ne tombe malade. Pour autant, il ne le lui refusait jamais, à condition qu'elle se couvre de la tête au pied.
Hajoon avait repris le travail. Les premiers jours, le père de famille se sentit presque abandonné. Seul avec sa fille, il n'avait aucune idée de comment s'occuper. Les dernières semaines s'étaient avérées intensives, épuisantes autant physiquement que mentalement et désormais, il ne savait plus où donner de la tête. Tout était calme. Bien trop calme. Mais ce n'était pas pour lui déplaire.
Minho jouait avec sa fille. Retombé en enfance, les voisins pouvaient parfois l'apercevoir la fuir par un carreau. Elle était une pirate redoutable et lui, un malheureux petit matelot. La canapé était leur bateau ; le sol, l'eau. Quand le soleil commençait à se cacher derrière les montagnes, il cuisinait avec les maigres vivres qui leur restait. Et toujours à la même heure, ils repêchaient une pauvre âme à la dérive et partageaient leurs rations autour de la carte des océans.
Toutefois, la mascarade n'aurait pas pu durer plus longtemps. Il leur fallait se ravitailler. Alors un beau jour où le ciel était clément, ils s'aventurèrent en voiture jusqu'à la supérette du coin. Ils se munirent d'un Caddie et l'enfant fut installé sur l'assise. Minho redoutait le jour où elle serait trop grande pour en profiter. Le temps passait à une vitesse folle et il ne l'avait pas vu défiler.
C'est au détour du rayon boisson que les deux acolytes croisèrent un visage familier. D'abord effrayée par le orange vif de sa combinaison, Solhee se figea. Puis son regard remonta petit à petit et elle reconnut l'homme au sourire éclatant qui était passé en coup de vent à la maison quelques jours après leur arrivée. Minho salua Chan d'une brève accolade.
« Je m'attendais pas à vous croiser ici !, s'exclama le blond, tout guilleret.
— Moi non plus, je faisais juste quelques courses pour Hajoon. T'es pas en service ?
— Non Madame Lee a pas encore perdu son chat aujourd'hui. C'est le calme plat alors on prépare le goûter.
— Le goûter ? Vous avez vraiment rien d'autre à faire ?, s'amusa Minho.
— Non, vraiment rien. L'hiver, c'est mort. Enfin, pas littéralement mais tu m'as compris ! Non pas que ce soit une mauvaise chose. »
Minho saisit une brique de lait et la posa dans son chariot. Ils continuèrent d'avancer dans l'allée.
