Chapitre 2

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Chapitre 2 :

Les semaines se sont enchaînées plutôt rapidement, entre les révisions, les partiels, les derniers achats pour Noël. Je n'ai pas su où donner de la tête. Valentin a été débordé tout comme moi alors nous ne nous sommes pas beaucoup vus, il était enfermé dans son appartement et moi dans ma chambre étudiante.

- Tu passes Noël avec ta famille ? lui demandé-je d'ailleurs alors que nous sommes en appel téléphonique.

- Oui... Désolé, je ne vais pas pouvoir le passer avec toi, cette année.

- Ne t'en fais pas Valentin, profite de ta famille, nous avons tout le temps pour nous voir. Tu pars quand ?

Il passe les vacances de Noël chez sa famille dans les Vosges, nous habitons tous les deux non loin de Bordeaux donc ça fait une trotte jusqu'à l'endroit où il se rend. Impossible pour nous de nous voir.

- Demain...

- Oh... Donc nous ne pourrons pas nous retrouver avant, alors... dis-je avec une certaine tristesse dans la voix.

- Je suis vraiment désolé, j'aurais aimé que ça se passe autrement mais mes parents ont décidé que je devais prendre la route plus tôt que prévu, alors...

- Je comprends, ne t'en fais pas, dis-je avec empathie

Je ne peux pas lui en vouloir alors qu'il a encore la chance de pouvoir passer du temps avec ses parent. Autant qu'il en profite, bien que cela signifie que je passerai les fêtes seul... A nouveau...

- Et toi alors, que comptes-tu faire durant les vacances ?

- Sûrement regarder beaucoup de documentaires, jouer aux jeux vidéo, et me goinfrer de sucreries, dis-je en tentant un rire qu'il rejoint.

- Alors tout ira bien pour toi, tu es sûr ?

- Certain, ne t'en fais pas pour moi, lui assuré-je.

Tant qu'il croit que ça ira, c'est l'essentiel, je ne tiens pas à lui gâcher ses quelques jours en famille.

- D'accord, alors profite bien durant ces quelques jours.

- Je t'aime, à très vite.

- A bientôt, Louis.

J'ai toujours un peu de mal avec cette période de l'année. Tout me rappelle que les fêtes doivent forcément se dérouler en famille ou du moins avec des amis. Il n'y a qu'à en voir les films de Noël qui ne cessent de passer à la télé, et ce, dès la fin du mois d'octobre, parfois.

A une époque j'adorais ces moments, parce que je les passais avec mes parents. Mais aujourd'hui, je me retrouve à manger des nouilles instantanées dans mon lit, devant un documentaire animalier quelconque. Je n'ai même pas fait l'effort de me faire un repas correct ni même de m'habiller sur mon trente-et-un, à quoi bon ?

Je ne dirais pas que ça me déprime d'être seul le jour de Noël, ce qui me désole le plus, c'est le moment qui repasse en boucle dans ma tête : celui où j'ai réalisé que tout serait différent désormais.

C'est dur de faire face à l'annonce de la disparition de ses deux parents, mais ce qui l'est encore plus, c'est le après. J'ai bien eu ma grand-mère qui a pu m'héberger durant un temps, mais les faits sont là : je suis orphelin. Je pense que c'est cette partie là dans tout ce drame qui est difficile à accepter, car ce n'est pas tellement dans l'ordre des choses, enfin si, mais ce n'est pas censé arriver si vite.

Je pense que c'est également pour cela que j'ai cette difficulté à accepter la possibilité que mes parents aient vraiment disparu.

Val :
Joyeux Noël, Louis.

Je sors de mes pensées lorsque je reçois le message de Valentin. Un petit sourire étire mon visage tandis que des émotions plus positives m'envahissent. Je ne dois pas me laisser abattre, notamment en ce jour de fête. Je dois voir le bon côté des choses, j'ai trouvé Valentin durant cette période difficile de ma vie et il m'a réappris à sourire.

Louis :
A vous aussi.

Je décide finalement – après avoir fini mon repas – d'aller vérifier ma boîte aux lettres que je n'ai pas consultée depuis quelques jours. J'ai pris l'habitude de ne plus trop le faire, car finalement, je ne reçois pas tellement de courrier.

Heureusement qu'à cette heure-là les couloirs ne sont pas fréquentés, sinon je serais pris en flagrant délit pour outrage à autrui pour cause : la tenue la plus minable du monde. Entre mes chaussettes trouées, mon vieux pull délavé avec quelques tâches de gras et des petits trous sur les rebords des manches à cause de la machine à laver, ou encore ce bas de jogging qui ne ressemble plus à rien tant il est devenu grand. Pour autant, je ne me séparerai jamais de ces vêtements car ils sont confortables et encore en très bon état, selon moi.

Les couloirs ont été décorés pour l'occasion, ça me fait légèrement sourire et mon cœur se réchauffe un peu face à ça. Car même si le monde s'écroule il y aura toujours des gens qui garderont espoir et leur joie de vivre. De ceux qui transmettent l'amour comme ils le peuvent, avec des petits gestes qui font fondre un cœur gelé.

J'en ai la preuve concrète quand je découvre une carte de vœux parmi mon courrier, un sourire plus grand illumine mon visage alors que je me promets de la garder précieusement pour me rappeler durant des périodes plus sombres que : même si la mélancolie est là, il y aura toujours un rayon de soleil qui mènera vers la joie.

Néanmoins, mon regard se fronce lorsque je découvre une lettre marron. Déposée comme si elle ne voulait pas être là ou, au contraire, comme si elle aurait dû être là depuis bien trop longtemps.

Un présentiment désagréable s'installe sur mon cœur tandis que je saisis l'enveloppe d'une main moite. Peut-être que je devrais l'ouvrir dans ma chambre. C'est en la retournant que je me décide à monter les escaliers d'un pas rapide.

Confidentiel.

C'est ce qu'il y a d'écrit dessus, en lettres manuscrites d'une couleur rouge sang.

Je ne sais pas pourquoi mais je tarde à décacheter le papier pour pouvoir découvrir ce qui se trouve à l'intérieur. J'en viens même à me ronger les ongles tandis que j'observe cet élément perturbateur déposé sur mon bureau.

Qu'est-ce qui me retient de l'ouvrir ? Probablement la peur. Peur de quoi ? De tout, dans les films c'est souvent à partir de ce moment précis qu'une vie bascule. Est-ce que la mienne basculera ?

Je n'ai pas de réponse à donner à cette question muette, pour la simple et bonne raison que je ne peux le découvrir qu'en prenant mon courage à deux mains.

Mais l'angoisse est là. Le vent qui souffle contre ma fenêtre n'aide pas, l'ambiance tamisée alourdie tout ça. Et mes pensées... Je ne préfère pas m'étendre dessus, car sinon, l'espoir reviendra et je ne sais pas s'il est le bienvenu.

Qu'est-ce que j'ai à perdre ? Rien, finalement, puisque dans un sens j'ai déjà presque tout perdu alors je ne devrais pas avoir si peur.

Alors pris d'une impulsion je décide d'ouvrir cette foutue enveloppe et ce que j'y découvre me glace le sang. Mon cœur s'emballe et mes joues rougissent de surprise.

Je crois que je ne sais pas si j'apprécie ou ai en horreur ce cadeau de Noël.

Des photos. Une carte. Une croix entourée d'un cercle. Un mot : toute la vérité se trouve là-bas.

Et alors, l'espoir malsain de revoir mes parents en vie, renaît.

...

J'espère que ce chapitre vous aura plu ?

N'hésitez pas à me donner votre avis !

Hâte de vous retrouver pour la suite !

-Alice^^

Le prisonnier de L'espoir. {L.S}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant