Chapitre 1 🩹

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Encore une soirée où mes larmes et ma lame se rencontrent. Encore une soirée à ingurgiter toute ses drogues malsaines en pensant que tout ira pour le mieux. Que mon lourd passé s'effacera en un claquement de doigts, que les cicatrices que j'ai autant en moi que sur moi disparaîtront, mais en vain, ce n'est que des foutaises. Car moi Lee Felix, je suis un garçon méprisé par la vie, le karma m'as bien rattrapé certes, car plus rien ne m'est égal. Je ne suis guère plus surpris d'aucune malencontreuse fatalité que peut m'envoyer la vie, pourquoi? Parce que j'en suis maintenant complètement habitué. Ai-je essayé de m'en sortir? Non plus. Le malheur d'un fait bien le bonheur des autres, alors qui rendais-je heureux en ce moment?

Je pourrais dire qu'une malédiction m'a été jeté par malchance, mais qui me voudrait autant de mal? Surtout que je ne suis connu et aimé de personne? Mon âme vagabonde seul, errant entre tout s'est passants plein de vie, égayant presque la mienne.

Je suis assis sur le parquet de mon salon, jouant avec la flamme de mon briquet, essayant de fixer l'intérieur comme si je pouvais y voir un avenir proche, un seul espoir de pouvoir sortir de cette vie morose. La musique joue en arrière-plan, laissant la pièce s'empreindre d'une mélancolie outrageuse. Je sors le sachet de cocaïne de la poche de mon hoodie avant de le déposer sur la table et de me servir une coupe de vin rouge. Peut-être me sentirais-je plus rempli en voyant la bouteille vide? Peut-être pourrais-je noyer ma tristesse et ma souffrance dans une addiction pire qu'une blessure physique? Détériorer l'intérieur de mon corps pour panser mes blessures corporelles me semble être un excellent choix. Comme ça, chacune de mes coupures pourront guérir sans que je n'en rajoute par-dessus.

Un énième soupir quitte mes lèvres, j'ouvre le petit sachet et commence à en verser une petite quantité sur la table, préparant ma carte bancaire pour concasser les petites pierres, rassemblant le tout pour en faire une magnifique ligne droite que je pourrais aspirer par la voie nasale. Celle qui me rappellera à quel point je suis minable, car j'en ai conscience, mais à quoi bon.

J'aspire une ligne, et puis deux, et même trois, sans m'arrêter entre chaque pour reprendre mon souffle, non. Me sentir ainsi me donne de la complaisance, je me sens vivant à ma manière. Je prends ma coupe de vin et la cale sans aucun scrupule, ma vie en est assez puérile, à ce point je me fous un peu de la charité. J'étire mes jambes pour les déplier et les insérer sous la table basse de mon salon, je m'adosse au canapé et détend ma tête sur l'assise. J'expire un grand coup et ferme les yeux quelques instants. Comment m'étais-je rendu jusqu'à ce point déjà?

Mes cheveux blond encore humide de ma précédente douche sont si longs, que je les sens chatouiller ma nuque. Bonne nouvelle, au moins ceux-ci sont en excellent état et c'est d'ailleurs ce qui fait mon charme. Pour le peu qu'il me reste bien sûr. Je fredonne l'air de la musique qui passe à la télévision et je rentre dans une espèce de transe irréel qui me reste accroché à l'idéalisation et la personnalisation de l'imparfait que j'ai créé à mon image. Celle d'un gars caritatif, heureux et consciencieux avec une humeur charitable et un sens de l'humour développé. Un garçon que tout le monde pourrait facilement aimer et quelqu'un avec qui partager des moments inoubliables.

Je n'en demande que très peu, mais même pour moi ça n'en devient monstrueux. J'essaie de retenir comme je peux mes larmes de tomber, mais sans vain. Je sens la brûlure du salée s'étendre sur mes joue jusqu'à s'écouler le long de mes fossettes creuses et ternes pour caresser mon menton et tomber sur le parquet. Mon regard est vide de sens et désuet de vie. mes pupilles se dilates au rythme irrépressible de mes battements de cœur. J'augmente le volume de la télé et enlève mon hoodie pour me laisser torse nu.

Le ton laiteux de ma peau me fait presque penser à un vampire, mes cicatrices habillent mon corps au complet, autant les marques de brûlures qui décorent amèrement mon torse que les coupures que je me suis infligées sur le ventre pour masquer toute ironie. Pourtant, j'ai toute une musculature. L'exercice et la privation de nourriture aminci grandement mes courbes et me crée des abdominaux saillants. Je parais beaucoup plus frêle et sans défense de loin, mais de proche, j'ai toute une sculpture de dieux. Je passe mes mains un peu partout sur mes cicatrices, me rappelant cruellement comment je me l'ai est infligées et en grimace à la sensation que ça me procure. Je caresse celle sur mon abdomen qui fait presque 5 centimètres de long et recommence à pleurer de plus belle. Comment une personne pourrait me trouver magnifique dans ce corps difforme et irrégulier? Je galbe mes propres formes et j'en ai presque la nausée. Comment quelqu'un pourrait caresser et choyer ce corps d'amour sans en être complètement dégoûté? J'en suis presque complexé... mes cicatrices ne partiront jamais, elles font partie de moi et de mon mode de vie, de mon passé outrageux et mes souvenirs maladifs.

Erase my scars 🩹Où les histoires vivent. Découvrez maintenant