Le départ

1.1K 47 18
                                    

*Maison 9h du matin*

-Bon Asma c'est pour aujourd'hui ou pour demain?
-Oui oui c'est bon j'arrive maman je finis de me coiffer!
-Non mais c'est à croire qu'elle va trouver son mari dans l'avion.
-Tais toi Youssef. Vas plutôt aider ton père avec les valises, tu seras toujours plus utile qu'ici.
-Si tu veux.

Ma mère me pressais, tout le monde était déjà dans la voiture.
-Bon Asma tu as trois minutes, au delà on part sans toi et tu ne pourras t'en prendre qu'à toi même.
Comment lui avouer que c'était ce que je voulais...?

Après mon délai j'étais enfin dans la voiture, mon frère, mon père et bien évidemment ma mère pouvaient commencer à me faire des reproches. Ce qui était pesant ce n'était pas le moment en lui même mais bien le fait que je savais très bien que ça allait être ça pendant deux mois, sans pause.
J'aime ma famille heureusement mais de nature je suis quelqu'un qui aime avoir son havre de paix, son monde, et c'est pour cela que je maintenais une certaine distance. Mais je savais qu'une fois arrivé là bas c'était impossible. Plus de chambre pour moi toute seule, plus de matins calmes ou de moments de solitude.

Arrivés à l'aéroport mon père alla enregistrer nos bagages pendant que ma mère préparait les billets et les passeports. Je restais sur un petit banc avec mon livre. Un garçon m'interpella.
-Entschuldigung, ist der Flug nach Berlin angekündigt oder nicht?
-Euh... I don't speak german sorry.
En effet j'avais choisi l'option italien à l'école. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais dans la salle d'attente pour les vols direction l'Allemagne. Je me disais que certes nous avons aussi des blonds aux yeux bleus en Algérie mais là il y'en avait tout de même beaucoup.

Nos bagages étaient enregistrés et nous avions mangé. Une voix d'hôtesse retentit:
« Les passagers du vol 1678 direction Alger sont prié de se rendre à l'allée B18. Je répète, les passagers du vol 1678 direction Alger sont prié de se rendre à l'allée B18. Merci. »
Ma mère commença à se presser et à nous tirer.
Une fois dans l'avion. Passées toutes les formalités, et après m'être bien assuré de comment est-ce que je devais mettre un gilet de sauvetage, l'avion allait enfin décoller. Je quittais la France pour une trop longue période à mon avis mais je ne pouvais rien y faire.

-Aïe! Mais garde tes pieds sous ton siège!
-Tais toi je fais ce que je veux!
-Maman Youssef arrête pas de me donner des coups de pieds!
-Asma parle moins fort tu me fais honte.
Bien sûr ça allait être de ma faute, j'avais l'habitude. Ce voyage s'annonçait... tumultueux.

Après 2h de vol on avait enfin atterri. La différence de température était flagrante, l'air chaud et humide nous avait pris dès que nous avions atterri. On récupéra nos valises très vite et on se dirigea vers la sortie.
Une multitude de taxis étaient garés devant, attendant les « immigrés » comme ils aimaient nous appeler. Nous n'étions jamais alors véritablement chez nous.

Dans le taxi je regardais par la fenêtre, donnant l'impression que je contemplais mon sort. Le sombre de mon visage contrastait avec le soleil méditerranéen qui tapait très fort.
-Asma arrête de faire la tête. Tu devrais te réjouir d'être en vacances.
-Oui oui.
Ma mère ne pouvait pas s'empêcher de se mêler, comme un procureur qui me faisait mon procès.
-Non mais laisse la Amran, elle fait la tête pour nous punir de ne pas l'avoir laissé aller en vacances avec ses copines.
Sur ce point elle n'avait pas tort. Le père d'Emilie étant absent à cause d'un voyage d'affaire lui avait laissé sa maison sur la Côte d'Azur pour elle seule. J'avais l'impression de passer à côté des vacances d'une vie.
J'avais aussi l'impression d'étouffer on se serait cru dans un four.
-Monsieur est-ce que vous pouvez allumer la climatisation s'il vous plaît?
-Désolé ma fille, elle ne marche pas.
De mieux en mieux...

Après une demie heure nous étions arrivés à Hussein Dey, là où habitait ma grand mère et là où j'allais passer ces deux mois.
Les retrouvailles faites, les milliers de bisous et de câlins faits j'allais pouvoir prendre une douche.
-Ah enfin un moment de calme...
Je crois bien que c'était la douche la plus longue de ma vie.

Pendant que je m'habillais ma mère entra dans la salle de bain brusquement.
-Ah! Mais tu m'a fait peur toque avant d'entrer.
-Écoute Asma tu ne vas pas gâcher mes vacances que je amplement mérité. Je ne vais pas te casser la tête pendant notre séjour si tu arrêtes ton cinéma. Mais par pitié ne me fais pas honte devant la famille.
« Honte, honte, honte » elle n'avait que ce mot à la bouche.
-Oh Asma t'as entendu ce que je t'ai dit?
-Oui oui.
-Très bien.
Je voulais crier, ou m'enfuir. Ou peut-être les deux.

La nuit tombée, et les lumières éteintes je me demandais comment est-ce que j'allais bien pouvoir faire demain.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jul 30 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Palais de tous mes souvenirs Où les histoires vivent. Découvrez maintenant