𝐼𝑙 𝑎𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑡𝑠

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"Il avait les mots"- Sherifa Luna

POV Gabriel Attal

Je n'étais pas un homme que l'on pourrait qualifier de sentimental. Écrivain en herbe, j'avais appris à garder une distance émotionnelle avec mes œuvres, me réfugiant dans le monde des mots pour échapper aux tourments de la réalité. Mais ce soir-là, la lettre que je tenais entre mes mains changea tout. Mes doigts tremblaient alors que je dépliais le papier, révélant des mots soigneusement tracés à l'encre noire.

Chère Gabriel,

Depuis le jour où nos chemins se sont croisés, une vague de sentiments a envahi mon cœur, des sentiments que je n'avais jamais osé exprimer. Je suis conscient que ce que je m'apprête à partager avec vous pourrait vous surprendre, voire vous effrayer, mais je ne peux plus garder ce poids sur mes épaules.

Les lettres suivantes vous dévoileront ce que je ressens pour vous, ce que je n'ai jamais eu le courage de vous dire en face. J'espère que vous comprendrez, au-delà des mots, ce que mon cœur tente de vous révéler.

Avec toute la sincérité que je peux offrir,

Jordan

Je luttais pour contenir une vague d'émotions face à cette lettre. Jordan Bardella, l'homme qui avait souvent fait les gros titres pour ses positions politiques et ses opinions tranchées, était aussi un poète. Les mots qu'il avait écrits portaient une profondeur et une vulnérabilité qui me surprenaient. Nos rencontres étaient souvent marquées par des débats houleux, mais cette lettre était un miroir de l'âme de Jordan, un miroir que je n'avais jamais vraiment pris le temps d'examiner.

La soirée s'écoula lentement alors que je relisais la lettre, réfléchissant à son contenu. Chaque phrase semblait dévoiler une nouvelle couche de la personnalité complexe de Jordan. Le lendemain, je décidai de répondre, de sortir de l'ombre et de chercher la vérité derrière ces mots intimes.

Le café où nous avions convenu de nous retrouver était peu fréquenté, ce qui nous offrit un semblant de tranquillité. Arrivé en avance, mon cœur battait la chamade à l'idée de notre rencontre. J'avais passé la nuit à écrire ma réponse, pesant chaque mot avec soin, cherchant à être aussi ouvert que Jordan l'avait été.

Jordan arriva enfin, le regard encore plus sombre que d'habitude. Ses yeux se posèrent sur moi avec une intensité que je ne reconnaissais pas. Nous nous saluâmes brièvement avant de nous installer à une table isolée.

« Alors, comment vas-tu ? » demanda Jordan, essayant de paraître détendu, mais son ton trahissait une nervosité palpable.

Je lui tendis la réponse que j'avais préparée, la main légèrement tremblante. « Je voulais te dire que j'ai lu ta lettre, Jordan. Et que j'ai essayé de répondre avec toute l'honnêteté dont je suis capable. »

Jordan accepta la lettre, ses yeux se penchant immédiatement sur les mots. J'observais chaque mouvement, anxieux. Après quelques minutes, Jordan leva les yeux, son expression étant un mélange de tristesse et de résignation.

« Gabriel, je ne sais pas vraiment quoi dire, » commença Jordan, sa voix brisée par une émotion qu'il ne pouvait masquer. « Ce que je ressens pour toi est réel, mais je sais aussi que la situation dans laquelle nous nous trouvons est complexe. »

Je hochai la tête, conscient de la difficulté de notre situation. « Jordan, nous vivons dans un monde où nos sentiments sont constamment mis à l'épreuve par des attentes sociales et politiques. Mais je veux que tu saches que ce que tu m'as écrit a touché une corde sensible en moi. »

Le silence s'installa entre nous alors que nous cherchions les mots justes pour exprimer des sentiments trop profonds pour être simplement formulés. Je savais que notre relation était compliquée, que nos carrières respectives et nos identités publiques compliquaient les choses. Mais j'espérais que nos sentiments mutuels pourraient surmonter ces obstacles.

« Peut-être que nous ne sommes pas faits pour survivre à cela, » murmurai-je, ma voix tremblante. « Peut-être que nos rêves et nos espoirs ne peuvent pas survivre dans le monde tel qu'il est. »

Jordan baissa les yeux, ses épaules se voûtant sous le poids de la réalité. « Je pense que tu as raison. Nos vies sont trop différentes, et malgré ce que nous ressentons, nous ne pouvons pas ignorer les conséquences de notre situation. »

Les mots de Jordan résonnèrent comme un coup de poignard dans mon cœur. Nous avions tenté de construire quelque chose d'authentique dans un monde où la vérité semblait toujours déformée par la pression et le jugement. Mais ce jour-là, nos rêves semblaient se dissoudre sous l'effet implacable de la réalité.

Nous finîmes notre rencontre dans un silence lourd, chaque mot semblant aggraver la douleur que nous ressentions. Je me levai pour partir, le cœur brisé, laissant Jordan assis seul à la table. Je savais que notre relation avait été marquée par une beauté poignante mais éphémère, et que les réalités extérieures avaient eu raison de nos espoirs.

En quittant le café, je sentis une profonde mélancolie m'envahir. J'avais espéré que notre amour pourrait surmonter les obstacles, mais je réalisais maintenant que certains rêves étaient destinés à rester des rêves. La lettre de Jordan, pleine de promesses et de sentiments sincères, était devenue le symbole d'une connexion qui, bien que réelle, n'avait pas pu résister à l'écrasante pression du monde extérieur.

La pluie commença à tomber alors que je me dirigeais vers chez moi. Chaque goutte semblait refléter la tristesse de notre situation, rendant l'air encore plus lourd. L'amour que nous avions partagé était devenu une belle illusion, une promesse brisée par la dure réalité du monde. En regardant les gouttes de pluie couler sur les vitres, je me rendis compte que certaines histoires d'amour étaient destinées à se terminer dans l'ombre de ce qu'elles auraient pu être.

ℰ𝓃𝓉𝓇𝑒 ℛê𝓋𝑒𝓈 𝑒𝓉 ℛé𝒶𝓁𝒾𝓉é𝓈 - 𝒜 ℬ𝒶𝓇𝒹𝒶𝓉𝓉𝒶𝓁 𝒪𝒮'𝓈Où les histoires vivent. Découvrez maintenant