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Je suis sortie de l'université, la tête encore pleine de cette rencontre avec Ayden. L'air frais de l'extérieur m'a fait du bien, mais ça n'a pas suffi à chasser ce sentiment de malaise qui s'était installé en moi. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi cette simple assignation en binôme me perturbait autant.

Je marchais rapidement, pressée de rentrer chez moi, de retrouver la solitude de mon petit appartement. Là-bas, personne ne me poserait de questions, personne ne me regarderait comme si j'étais censée toujours tout avoir sous contrôle. Dans ce petit espace, je pouvais enfin laisser tomber le masque.

Une fois arrivée, je fermai la porte derrière moi avec un soupir de soulagement. L'appartement était silencieux, un peu trop même, mais c'était comme ça que je l'aimais. J'ai jeté mon sac sur le canapé et me suis dirigée directement vers la cuisine. J'ouvris le placard au-dessus du comptoir et en sortis une bouteille de vodka que j'avais soigneusement cachée derrière quelques boîtes de céréales. Mes mains tremblaient légèrement alors que je me servais un verre, le liquide clair se déversant dans le verre comme un apaisement instantané.

Je pris une grande gorgée, sentant l'alcool brûler ma gorge, mais j'accueillis cette douleur avec un certain soulagement. Ça m'engourdissait, me permettait de ne plus penser, ne serait-ce que pour un moment. Je pris une autre gorgée, puis une troisième. Bientôt, le verre était vide, et je le remplis à nouveau sans hésiter.

En titubant un peu, je me dirigeai vers la fenêtre de mon salon. Le ciel commençait à s'assombrir, annonçant l'approche du soir. Je sortis un paquet de cigarettes de ma poche, en allumai une, et pris une longue bouffée. La fumée emplit mes poumons, et je fermai les yeux, essayant de calmer le tumulte dans ma tête.

Je restai là, regardant les lumières de la ville s'allumer une à une. Tout paraissait si calme à l'extérieur, si normal. Mais à l'intérieur de moi, c'était le chaos. Je repensais à ma vie, à comment tout avait changé si brutalement après la mort de mes parents. Orpheline à 16 ans, je m'étais retrouvée seule dans un monde qui me semblait terrifiant et incompréhensible. Personne ne pouvait vraiment comprendre ce que ça faisait de perdre tout ce qu'on aime, d'être laissé seul avec des souvenirs qui font plus de mal que de bien.

J'ai pris une autre gorgée de vodka, les larmes menaçant de couler, mais je les refoulai. Je ne pleurais plus, pas depuis longtemps. Les larmes ne changeaient rien, elles ne ramenaient personne. Elles ne faisaient que me rappeler à quel point j'étais faible, à quel point je détestais cette version de moi-même.

La fumée tourbillonnait autour de moi, se mélangeant à l'air lourd de l'appartement. Mes pensées revinrent à Ayden, à la manière dont il m'avait regardée, calme, presque indifférent. Qu'est-ce qu'il penserait de moi s'il savait ? S'il savait que la fille populaire que tout le monde croyait connaître passait ses soirées à boire pour oublier et à fumer jusqu'à s'étouffer ? S'il savait que, derrière les sourires et les rires, je n'étais qu'une coquille vide, pleine de blessures non cicatrisées ?

Je terminai mon verre et me resservis, me sentant légèrement étourdie, mais c'était exactement ce que je cherchais. Je voulais échapper à ce que j'étais, fuir cette vie qui semblait n'avoir aucun sens. Je tirai une dernière fois sur ma cigarette, avant d'écraser le mégot dans un cendrier débordant, symbole des soirées passées comme celle-ci, toutes identiques, toutes aussi vides de sens.

La solitude pesait sur mes épaules comme une couverture glaciale. J'avais toujours cru que je pouvais la gérer, que je pouvais m'en accommoder, mais parfois, elle devenait trop lourde. Et les pensées sombres revenaient toujours, malgré l'alcool, malgré la fumée. Elles étaient comme une ombre que je ne pouvais jamais complètement chasser.

Je me laissai tomber sur le canapé, la tête bourdonnante. Un jour, peut-être que tout cela changerait. Peut-être que je trouverais un moyen de sortir de ce cycle. Peut-être que ce projet avec lui pourrait être le début de quelque chose de nouveau, quelque chose qui me donnerait envie de vivre autrement. Mais pour l'instant, tout ce que je pouvais faire, c'était boire un autre verre et espérer que ce serait suffisant pour faire taire les voix dans ma tête, ne serait-ce que pour cette nuit.

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⏰ Last updated: Aug 08 ⏰

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Entre patins et popularitéWhere stories live. Discover now