Chapitre 1

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🩰— Grand-mère ? murmura Clémentine.

— Oui, mon ange ?

— Tu veux bien me lire une histoire ?

— D'accord, chérie.

Sa grand-mère prit un livre dans son sac à main posé à ses pieds.

— Je l'ai acheté ce matin, il m'a fait penser à toi.

Elle l'ouvrit et commença sa lecture.

— "Clémentine adorait...

— Clémentine, comme moi ! s'exclama la petite fille.

— En effet, mon ange ! Maintenant, chht. Écoute l'histoire.

— "Clémentine adorait se promener dans les petites ruelles de son village. Malgré le fait que sa famille avait de nombreux problèmes d'argent, elle aimait ses amis, sa famille, sa vie et surtout, la danse.

Les nombreux problèmes de sa famille faisaient qu'elle ne pouvait pas s'acheter beaucoup de choses. Si bien qu'elle ne portait constamment qu'un chemisier blanc et une jupe orange, qui lui avait valu le surnom de "La fille à la jupe orange". Ce surnom ne la dérangeait absolument pas, puisqu'il n'était ni péjoratif, ni laid. De plus, il était assorti à son prénom.

Malheureusement, sa famille avait de plus en plus de mal à payer ses dettes. Si cela continuait, ils se retrouveraient à la rue. Même s'ils n'étaient que quatre, cela faisait quand même quatre bouches à nourrir, et l'argent ne tombait pas du ciel.

Clémentine aidait du mieux qu'elle pouvait. Elle avait coupé ses magnifiques longs cheveux blonds pour éviter qu'ils ne la gênent dans ses tâches, vendu le peu de vêtements qu'elle avait, faisait le ménage, cuisinait et avait abandonné son rêve d'un jour devenir danseuse professionnelle. Cela ne suffisait pas. Les dettes s'accumulaient, encore et encore.

Elle ne voyait plus qu'une solution : aller travailler. Elle avait donc été embauchée dans un bar en tant que serveuse et son frère était allé travailler loin, dans une usine.

Chaque jour, quand elle avait un peu de temps, la jeune fille avait un petit rituel : elle allait danser. Danser dans la rue, dans les bars.
Quelque fois, les gens lui offraient une petite pièce en la félicitant pour son talent, et lui conseillaient de continuer et de poursuivre son rêve.
Elle les remerciait poliment, mais savait pertinemment que ce serait impossible pour une fillette pauvre comme elle d'atteindre un jour la gloire.

Plus les jours passaient, plus les gens s'accumulaient autour de Clémentine, subjugués par les pas de la jeune fille. Ses pieds agiles la faisaient tourbillonner, ses longs bras fins se mouvaient gracieusement autour de sa tête et de sa taille.
Ses cheveux courts voletaient sur ses épaules et dansaient dans sa nuque, telle une ombre dorée.

Clémentine avait chaque jour le même visiteur qui venait la voir : un jeune homme aux yeux bleus perçants. C'était une sorte de rendez-vous entre eux, une habitude.

Un soir, en rentrant chez elle, la jeune fille vit le visage de son père, épuisé, s'assombrir.
C'était un homme bon, les mains usées à force de travailler, le regard triste ou en colère selon son humeur et surtout, il était sévère.

— Où étais-tu ? gronda-t-il, l'air furieux.

— Je... Je suis allée danser devant l'église, bégaya-t-elle.

Elle sortit d'une main tremblante les quelques pièces de sa poche. Même si elle aimait son père, elle avait parfois peur de son humeur changeante.

Il secoua la tête en voyant l'argent.

— Garde-le, murmura-t-il. Avec un peu de chance, il te servira un jour. Dis-moi, Clémentine, qu'aimes-tu réellement faire ?

Sans hésitation, elle répondit :

— Danser.

— Eh bien, garde cet argent pour t'acheter une tenue de danseuse. Tu as assez travaillé pour garder ça, ne t'en fais pas, ajouta-t-il, le regard adouci.

Folle de joie, elle se jeta à son cou.

— Oh merci, merci ! s'écria la jeune fille.

Il lui tapota le dos, un petit sourire aux lèvres.

La fille au tutu orange [CORRIGÉ]Where stories live. Discover now