Chapitre 1 : Hazel

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Une enfance douloureuse. Voilà ce que j'ai vécu.

À la merci de ma mère dès ma plus tendre enfance, si j'avais le malheur de lui désobéir je savais ce qu'elle allait me faire. Ses punitions étaient variées, allant de me frapper à m'enfermer dans ma chambre, en passant par me priver de manger. En effet, ma mère ne me porte pas dans son cœur. Mes parents m'ont eu quand ils avaient 24 ans et ma mère a eu la merveilleuse idée de me donner comme prénom Hazel. C'est une sorcière dans un dessin animé que ma mère adorait regarder quand elle était petite : Looney Tunes. Pourquoi m'a-t-elle appelé comme ça ? J'en sais rien, sûrement parce qu'au moment où je suis née, elle a su qu'elle me détesterait.

Ma mère me frappait dès que l'occasion se présentait et mon père ne disait rien. Ce dernier m'aime, mais son amour pour sa femme est plus grand que le mien. Ils évitent de parler de moi à leur entourage, car comme elle le dit si bien, je leur fait honte. À l'école j'avais 18 de moyenne générale, cependant ce n'était jamais assez pour eux. Quand je ramenais un 18, ma mère me rabaissait en disant "Tu aurais pu avoir 19. Tu ne travailles pas assez". C'était la même chose pour les 19 et quand je ramenais un 20, elle se contentait de répondre "C'est bien" sur un ton sec et sans m'adresser un regard. Maintenant c'est différent, je ne suis plus à l'école.

Le bruit de verre cassé résonne dans la maison, je vois le récipient voler en éclats comme si le temps avait ralentit. Je me redresse douloureusement en m'appuyant contre l'îlot central de la cuisine, ma mère reste plantée devant l'évier en me jetant un regard noir. Elle vient de perdre le contrôle et de me balancer un verre en plein sur l'épaule, laissant quelques morceaux à l'intérieur de ma peau. J'ai mal mais je ne bronche pas, il faut dire que je suis habituée maintenant.

- Quand est-ce que tu vas te bouger bordel ! Tu sais ce que je ressens quand mes collègues me demandent de tes nouvelles ?! Tu me fais vraiment honte !

Je ne comprends pas en quoi c'est un problème. Je veux dire, elle a toujours esquivé ma présence dans les sujets de conversation et ça ne lui posera pas de problème de m'interdire de remettre les pieds ici. J'ai mon propre appartement, j'ai un endroit où vivre.

- C'était nécessaire de gaspiller un verre pour ça ?

C'est sorti tout seul, je peux voir son regard à la fois étonné et amusé. Elle repose le chiffon sur le plan de travail avant de s'approcher de moi et serrer mon épaule, là où le verre s'était logé. Elle serre un peu plus ce qui intensifie la douleur et m'arrache un gémissement.

- Je peux faire sans, et tu le sais très bien. Je n'avais pas envie de me salir les mains, c'est tout.

Elle parle avec le plus grand des calme, comme si ce qu'elle me fait subir ne l'atteins pas. Ou comme si elle annonçait le repas du soir. Elle a toujours fait preuve d'une grande sérénité pour me parler, même si on peux percevoir de la colère ou du dégoût. Mon père a vu la scène, comme la plupart du temps, mais il a préféré partir dans le salon. Il me laisse toujours seule face à ma mère, il ne me défend jamais. J'ai l'habitude, pourtant à chaque fois qu'il agit comme ça mon cœur me fait mal, comme si on avait planté une aiguille en plein milieu.

- Je n'habites même plus ici, je suis juste revenue pour quelques jours !

- Tu es sous mon toit, tu suis mes règles. Point final.

- Maman ! Regarde ce que j'ai fais !

Ma petite sœur vient de me sauver la mise, la seule qui en est capable. Elle tend avec fierté un dessin à ma mère.

- Ça c'est moi, ici c'est papa, là c'est toi et là c'est Hazel ! S'exclame-t-elle en désignant chaque personnage de son petit doigt.

- C'est... magnifique.

My own GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant