We, the kings

Chapitre III : Un casse-tête royal

Le Prince Héritier James était indiscutablement ennuyé.

Il assistait à une énième leçon interminable sur l'abrogation récente du traité de paix entre Serpentard et Serdaigle, due à des « instabilités politiques » décidées par le Roi, ainsi que les profondes conséquences militaires et économiques qui en ont découlé.

C'était d'un ennui total.

James se désintéressait complètement du prétendu traité de paix et laissait ses yeux vagabonder dans sa petite salle de classe. C'était une pièce largement dépouillée – quelques tables, des chaises et un tableau noir à l'avant – construite en grands blocs de pierre grise; ceux-là mêmes avec lesquels on construit les prisons. Ses yeux ne trouvaient que peu de choses intéressantes. Il eut un léger sourire en apercevant une brique dans le mur en face de lui, sur laquelle était dessinée de façon grossière une image de son professeur d'Économie faisant quelque chose avec une longue perche qui n'était pas humainement réalisable. Lui et Sirius, son ami le plus proche, l'avaient dessinée il y a quelques mois : un témoignage du peu d'importance qu'ils accordaient à leur éducation. Il n'était pas nécessaire de dire que la punition qui en avait résulté avait été agonisante.

Il tourna les yeux vers Sirius, qui semblait tout aussi ennuyé, griffonnant sur son parchemin avec une plume. James sourit à son manque d'enthousiasme et aurait souhaité qu'ils soient assis ensemble pour partager leur ennui, mais il avait été séparé de lui il y a vingt minutes. Apparemment, ils étaient « une source de perturbation ».

James détourna le regard vers la chaise voisine, où Lucius Malfoy écrivait des informations avec empressement. James ne comprenait pas pourquoi il s'agitait autant. Lui, parmi tous les autres dans la pièce, devait en savoir plus sur le traité de paix, ou son absence, que quiconque. C'était son père, Abraxas Malfoy, l'un des conseillers les plus proches du Roi, qui avait initié l'abrogation.

Avec un soupir d'exaspération, James fixa le quatrième élève de leur petite classe. Severus Snape. Il fronça le nez comme si la simple mention de Snape dégageait une mauvaise odeur. Lui aussi prenait des notes, mais avec moins d'énergie que Lucius. Les yeux de James s'attardèrent sur l'aspect gras de ses cheveux noirs et se demanda s'il ne devrait pas lui offrir un savon pour la prochaine fois qu'il se laverait.

Le cinquième et dernier élève de leur petite classe était bien plus âgé que les autres. En fait, James n'était même pas sûr de comprendre pourquoi il assistait encore à leurs cours, étant donné que son âge surpassait le sien de dix ans au moins. Il s'appelait Tom Riddle et portait toujours une aura de mystère. James avait souvent discuté avec lui, mais ne parvenait toujours pas à le cerner. Lui, contrairement aux autres dans la pièce, n'était pas là en raison de son ascendance familiale.

James n'en était pas certain, mais il avait entendu dire que Tom avait émergé d'un clan de paysans très humble, étant d'un niveau intellectuel et physique supérieur à celui de sa famille. Il avait été accepté dans l'enseignement royal, tout comme les quatre autres, et était maintenant une présence acceptée au Château Noir. En fait, Tom s'était élevé au point d'être considéré comme le bras droit du Roi. Par exemple, si le Roi était absent et ne pouvait pas gouverner le royaume pendant quelques jours, Tom Riddle intervenait. James trouvait cela quelque peu bizarre qu'un inconnu ait reçu un tel honneur, mais Tom était brillant dans ce qu'il faisait. Et c'est pourquoi il se trouvait dans leur petite salle, écoutant le professeur, sans prendre de notes, car il était déjà très au fait du statut politique actuel de Serpentard et de ses voisins.

« ... Si ce n'était des décisions du Roi, notre crédibilité en tant que nation la plus puissante du pays serait ruinée... » Professeur Tordell continuait sans fin, ses vieux yeux gris tombant dangereusement bas, sa longue barbe blanche cachant le froncement de sourcils qui ne quittait jamais son visage. Il aurait pu lire un dictionnaire autant que James s'en souciait. « Et vous, jeunes gens, en tant que futurs représentants de Serpentard, feriez bien de garder cela à l'esprit. »