NUIT DE L'OMBRE
———11/08/2015
———La nuit était tombée depuis des heures, enveloppant Exzolya dans un silence oppressant. L'obscurité recouvrait le royaume dans les ténèbres étouffant le moindre bruit, recouvrant la cité d'un voile sombre presque funéraire. Anna, la princesse du royaume, se tenait près de la fenêtre de sa chambre, les yeux fixés sur le paysage obscure, mais son esprit était ailleurs, agité par une inquiétude qu'elle ne parvenait pas à apaiser.
Depuis plusieurs semaines, une angoisse sourde la rongeait. Des rêves troublants venaient hanter ses nuits, des visions d'un royaume sombre, étouffé par les ténèbres, où les cris de détresse se mêlaient au silence. Mais il y avait plus que ces cauchemars. Dans l'ombre, elle sentait une présence, quelque chose qui l'observait, la traquait, comme si un prédateur patientait, prêt à frapper et la lui faire du mal.
Ce soir-là, l'atmosphère semblait plus lourde que d'habitude. Une tension invisible pesait sur ses épaules, l'empêchant de trouver le sommeil. Elle avait tenté de lire, de chasser ces pensées sombres, mais l'inquiétude ne faisait que croître. Finalement, incapable de rester enfermée, elle enfila une longue veste en cuir et sorta discrètement de sa chambre.
Les couloirs du palais étaient déserts, silencieux, mais Anna n'était pas seule. Elle le sentait, cette présence encore, cette ombre qui semblait glisser derrière elle, invisible mais présent. Chaque pas résonnait dans le vide, écho lugubre de son propre cœur battant. Pourtant quelque chose, une force qu'elle ne comprenait pas, la poussait à avancer, à chercher ce qui se cachait dans l'obscurité.
Ses pas la menèrent hors du palais, dans les jardins sinistres et ombreux et où les arbres nus et âgé se dressaient comme des spectres silencieux. La lumière de la lune jetait des ombres étranges sur le sol, créant des formes mouvantes qui semblaient presque vivantes. Elle avançait prudemment, ses sens en alerte. Un craquement soudain à sa droite la fit sursauter, son souffle se bloqua dans sa gorge. Elle se retourna brusquement, mais ne vit rien, seulement les ombres qui dansaient autour d'elle.
Alors qu'elle reprenait sa marche, le silence se fit plus lourd, oppressant, comme si la nuit elle-même retenait son souffle. Et puis, elle le sentit. Une présence derrière elle, si proche que la chaleur d'un souffle effleura sa nuque. Anna se figea, son corps tout entier parcouru de frissons. Elle ne voulait pas se retourner, mais l'attraction était irrésistible, comme si quelque chose au fond d'elle-même appelait cette ombre.
Doucement, presque à contre-cœur, elle pivota sur elle-même. Là, à quelques mètres seulement, se tenait une silhouette encapuchonnée. Son visage était caché dans l'obscurité, mais elle pouvait sentir son regard, intense, brûlant, posé sur elle. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait cet homme, elle en était certaine. Il était celui de ses rêves, celui qui venait la chercher chaque nuit, la tirant inexorablement vers les ténèbres.
"Qui êtes-vous ? Que faites vous à cette heure de la nuit en plein milieu du jardin du palais ?" osa-t-elle demander, sa voix à peine plus qu'un souffle.
L'homme resta silencieux un instant, puis avança d'un pas, sa silhouette se découpant plus nettement dans l'étincelle de la lune. "Celui que tu as toujours craint," murmura-t-il enfin, sa voix douce, mais pleine d'une menace sous-jacente. "Celui que tu as senti dans chaque ombre depuis ta naissance."
Anna recula instinctivement, mais son corps semblait trahi par une étrange fascination. "Pourquoi me suivez-vous ?" demanda-t-elle, essayant de maîtriser le tremblement dans sa voix.
Il ne répondit pas tout de suite, se contentant de l'observer avec une intensité qui la fit frémir. "Parce que tu m'appartiens, Anna," dit-il finalement, un sourire sinistre se dessinant sur ses lèvres. "Tu as toujours été destinée à moi, depuis bien avant que tu ne sois née."
"C'est impossible je vous connaît même pas je connaît même pas votre nom ou votre prénom..." déclara t-elle avec une voix tremblante.
Le sol sembla s'effondrer sous ses pieds. Les paroles de cet homme résonnaient en elle, en
éveillant des souvenirs qu'elle n'avait jamais su posséder. Un passé qu'elle ne comprenait pas, mais qui l'appelait, la tirait vers lui comme une vague puissante. La peur et le désir se mélangeaient en elle, formant un nœud d'émotions contradictoires."Je n'ai pas peur de vous," mentit-elle, serrant les poings pour se donner du courage.
Il la fixa longuement, puis s'avança encore, sa présence écrasante rendant l'air autour d'elle suffocant. "Tu devrais pourtant," murmura-t-il, sa voix était si douce mais mortelle. "Car ce qui s'en vient ne peut être arrêté. Ni par toi, ni par personne."
Avant qu'elle ne puisse réagir, il disparut dans l'ombre comme s'il n'avait jamais été là. Anna resta seule dans le jardin, le cœur battant à tout rompre, le vent se mit à souffler avec une telle délicatesse qui fit caresser les roses noirs et les dahlias. Mais elle savait, au plus profond d'elle-même, que ce n'était que le début. L'ombre l'avait trouvée, et désormais, rien ne pourrait l'en éloigner.
Elle leva les yeux vers les cieux, où les nuages noirs masquaient la lune. Un pressentiment sombre l'envahit, une certitude terrible : quelque chose de plus grand, de plus sinistre, était en marche. Et elle en faisait partie, qu'elle le veuille ou non. Elle n'avait plus le choix, elle devait vivre avec..