42 | Le prénom de ma sœur

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THOMAS

J- 35

21h37

Musée du Louvres, Paris, France

     

Je ne suis pas à ma place, pas du tout.

Ce n'est pas une question d'orientation car je connais ce musée par cœur. J'ai arpenté ses couloirs de nombreuses fois, souvent accompagné de ma sœur, et j'ai étudié minutieusement les plans qu'ont fabriqués Cece et Emilio. J'ai suivi les échanges téléphoniques de Rose pour savoir précisément comment me préparer à la soirée donc je connais sur le bout des doigts l'emplacement des tableaux que vont dérober les Roses de Rome.

En parlant du loup, je repère la robe noire de Rosalia de l'autre côté de la pièce, devant La Liberté guidant le peuple, une coupe de champagne à la main. Les invités passent près d'elle sans arriver à la déloger de sa place ou sans parvenir à lui soutirer un brin de conversation. Comme si elle venait de sentir mon regard sur elle, elle pivote sur ses talons et cherche du regard le fou qui ose la dévisager. Je disparais derrière un groupe de parlementaires autrichiens avant qu'elle n'ait la possibilité de m'apercevoir.

Hayden n'est pas à son bras et j'ai surpris assez de conversations depuis leur retour des États-Unis pour deviner aisément de quoi il est question. Je pars en quête de mes amis, me faufile entre les hauts dignitaires qui se permettent toutes les folies puisque les caméras sont éteintes ce soir et me perds dans l'étude des œuvres qui recouvrent chaque centimètre carré des murs du Louvres.

Je me rappelle des après-midi sous un soleil de plomb à traîner dans Paris, à venir au musée pour profiter de l'air climatisé et à offrir des glaces à ma sœur qui avait oublié son portefeuille. Je ne suis pas venu dans la capitale souvent, de peur de rester loin de mon ordinateur et de mes planques une seconde de trop mais je me souviens de chaque instant de bonheur comme si c'était hier.

Je trouve Cece et Alexander en compagnie de Julia, d'Emi et d'Hayden. Caleb n'est pas avec eux et j'en éprouve un soulagement presque coupable. Quelques chose a changé depuis que nous nous sommes embrassés et il y a une tension étrange entre lui et moi désormais. Je ne sais plus sur quel pied danser avec lui, si je dois le regarder dans les yeux et lui demander de réitérer l'expérience ou au contraire me faire tout petit et tout miser sur l'amitié fragile que me porte les autres membres de l'organisation.

Cece est la première à m'apercevoir et à me faire signe de les rejoindre. Le groupe a choisi un coin reculé de la galerie, loin de l'attroupement des autres salles et des visages hostiles. Regroupés dans l'antichambres des gardiens du musée, ils auraient l'air de conspirateurs s'ils n'étaient pas aussi bien habillés ou ne possédaient pas une allure aussi distinguée.

C'est exactement de ça dont je veux parler quand je dis que je ne suis pas à ma place dans cette soirée, dans ce monument ou auprès d'eux.

Hayden est plus que jamais dans son élément. Il semble né dans le costume noir trois pièce qu'il porte et ses cheveux coiffés en arrière lui donne l'air d'un prince venu de pays nordiques. Julia est drapée d'une robe bleu nuit qui lui donne l'air d'une star de cinéma hollywoodienne. Cece a opté pour une robe plus sage, d'un rose pâle qui la fait ressembler à une dame de la haute-société. Alexander et Emilio ont joué la carte de la simplicité avec un costume noir et une chemise blanche mais ils ont une forme de prestance qui donne l'impression qu'ils savent parfaitement ce qu'ils font.

— Ça va, Thomas ? T'es tout blanc.

J'élude la question d'Alex d'un geste de la main et tente de sourire mais vu le regard que me lance Emi en retour, mes lèvres doivent plutôt se tordre en une horrible grimace. J'étouffe dans ma chemise noir et chaque inspiration me demande un effort de concentration surhumain pour ne pas m'effondrer. J'ai piraté le téléphone de Rose donc je sais à peu près à quoi m'attendre mais je crois que je n'ai jamais été aussi stressé de toute ma vie.

ANAIDÉIA | LES ROSES DE ROME T.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant