53 | Puisque le bonheur nous sourit

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JULIA

J- 13

16h58

Aéroport Léonard-de-Vinci de Rome Fiumicino, Italie

          

Je ne pensais pas que je serais aussi fébrile. Il est parti depuis moins de dix jours mais j'ai l'impression que ça a duré une éternité. Je suis devenue une sentimentale, c'est vrai, mais aujourd'hui, je me moque éperdument de savoir qui peut bien me voir trépigner d'impatience à l'idée de le revoir.

Lorsque les passagers commencent à sortir du terminal, je me hausse sur la pointe des pieds pour avoir plus de chance de le repérer dans la marée humaine. Je cherche une tignasse brune dans la foule des voyageurs pressés. Caleb rentre dans trois jours donc je ne me fie pas au groupes d'amis qui dévalent l'allée au pas de course. Je tourne la tête dans tous les sens, pressée de retrouver son sourire enjôleur et d'entendre sa voix me dire les choses les plus stupides que je n'ai jamais entendu.

Je le remarque la première. Il ne tourne pas la tête du bon côté donc il ne voit pas le sourire gigantesque qui s'étire sur mes lèvres quand mes yeux se posent sur lui. Je laisse tomber ma pancarte ridicule au sol. Quelques touristes me lancent un regard perplexe mais je ne vois rien d'autre que le visage d'Emilio.

Je fends la foule comme une tempête. Il tourne la tête au dernier moment, juste assez tôt pour avoir le temps d'écarter les bras avant que je me jette sur lui. Mon poids le bouscule et fait décoller ses pieds du sol tandis que j'enfouis mon visage dans son cou, que j'inspire son parfum boisé et que je profite de sa chaleur. Ses bras se referment autour de moi comme un cocon et il explose de rire à mon oreille.

C'est sans aucun doute le plus beau son qui existe.

— Doucement ! Je vais tomber !

Je ne peux pas répondre. Tous mes sens sont occupés à le retrouver, à reprendre leur marque sur sa peau et à apprivoiser de nouveau son ardeur, ses gestes enflammés et son sourire sournois. Il me fait tourner sur moi-même et je glousse comme une gamine amoureuse. Je ne me rends même pas compte des regards que nous attirons. En fait, je me contente d'être heureuse.

Emi se résout à me reposer au sol. Je m'écarte de lui pour avoir la chance de regarder son visage mais il est plus rapide que moi. Ses deux mains m'attrapent par les joues et ses yeux me scrutent comme si j'étais un trésor inestimable. Ses cheveux courts le rendent plus sexy encore qu'avant et je suis obligée de céder, de tout lui donner sans mesure quand il me regarde avec ce sourire-là.

— Tu es magnifique.

Je n'arrive pas à retenir le rire qui quitte ma gorge. Il me dévore des yeux et le rouge me monte aux joues. Je suis incapable de comprendre ce qu'il me fait, pourquoi je me transforme en guimauve mollassonne quand il est dans les parages, mais bordel, qu'il est beau quand il s'apprête à m'embrasser.

— C'est sans aucun doute le plus beau son qui existe, souffle-t-il en réponse à mon ricanement.

J'écrase ma bouche sur la sienne avant d'en entendre plus. Je ne peux pas me permettre de fondre sur place devant tous ses mots doux. Il se moquerait de moi jusqu'à la fin de mes jours et je ne peux pas me le permettre. J'ai une réputation à tenir.

Ses lèvres sont salées et son baiser vorace. Ses bras m'entourent de nouveau la taille et je me presse contre lui pour sentir sa bouche contre la mienne rien qu'une minute de plus. Je veux que tout le monde sache que c'est moi qui vole son souffle et que c'est lui qui dérobe le mien.

J'ai volé des tableaux dans ma vie mais jamais une œuvre d'art aussi belle que le cœur d'Emilio.

— Tu m'as manqué, je souffle contre ses lèvres chaudes.

ANAIDÉIA, LES ROSES DE ROME T.2 | Romantic suspensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant