Le Prince
Rouge.
Ce mot tourne en boucle dans mon esprit.
Sa voix fluette, presque inaudible résonne comme un écho dans ma poitrine
Rouge.
Je coupe mes neurones, mes émotions. Seule la rage m'aveugle, me permet de me mouvoir.
Rouge.
Je m'équipe d'un glock chargé, y ajoute un silencieux. Visage fermé, je n'entends même pas ce que me dit Yian, ni même les ordres qu'il donne à nos hommes.
Rouge.
Plus rien n'a d'intérêt à mes yeux que ce mot, cette teinte. Déterminé, je fonce dans la cage d'escalier, Yian sur mes talons.
Rouge.
Je grimpe quatre à quatre les marches et arrive rapidement devant la chambre de Mia.
La carte magnétique en main, je déverrouille la porte et l'horreur qui se présente me glace le sang.
Rouge !
La couleur de la détresse de mon arc-en-ciel, voilà ce que c'est.
La rage m'emporte, la noirceur m'envahit et plus rien n'a d'importance que de régler son compte à cet enfoiré de Charlie, dont les pupilles prédatrices se plantent dans les miennes.
Lit-il ma haine ? Sent-il la mort venir à lui ?
Je ne sais pas s'il me reconnaît, je ne sais même pas s'il dit quelque chose et je ne lui laisse pas le temps de réfléchir, d'agir. Je lève le bras et lui tire une balle dans la jugulaire. Son gros corps monstrueux titube. D'un pas déterminé, je fonce sur lui et d'un crochet du droit je l'allonge au sol.
Ma vue reste braquée sur ce gros lard qui git, s'étouffe dans son sang. Je devrais le laisser crever comme un chien ainsi, ou le soigner afin de le présenter à mon père comme ce dernier nous l'a ordonné.
ROUGE !
Hélas, la folie prend le dessus, notamment quand le corps de Mia reste inerte dans ma vision périphérique. Alors, je pèse de tout mon poids sur sa poitrine et commence à lui balancer un coup de poing, puis un autre et encore un autre !
Ma colère est fulgurante, violente. Elle hache ma respiration, réduit mes neurones en bouillie, l'odeur du sang empli mes narines. Je ne pense qu'à ce visage que j'écrase de mes phalanges, et le peins de cette couleur vive.
J'abats mon poing inlassablement, incapable de m'arrêter, de faire autre chose que d'exterminer cet enfoiré qui a osé malmener MON ARC-EN-CIEL !
— SANDER !
Le hurlement de Yian me paraît si loin. Ce qu'il dit par la suite me sort de ma transe meurtrière.
— Y'a un problème avec Mia !
Ses mots produisent le même effet qu'un électrochoc. À bout de souffle, je papillonne des paupières et m'ancre dans le présent. Le visage en miette de Charlie m'apparaît clairement, tout comme mes phalanges ouvertes et pleines de sang. Du mien et de celui de Binson.
— Viens voir, putain !
La panique que je décèle dans le timbre de mon ami me glace jusqu'aux os. Je me lève précipitamment et avance vers le lit, là où Mia reste immobile, le regard exorbité et fixé sur le plafond.
D'un geste fébrile, je cache son corps, à moitié dénudé, de mon manteau. Yian se frotte le crâne, l'air très inquiet. Il donne divers ordres au travers de son oreillette, mais n'ose pas approcher Raduchka.
VOUS LISEZ
RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)
RomanceIl y a 2 tomes de prévus et je les publie dans la même histoire. Dans une société qui veut la modeler au détriment de ses rêves, une jeune Suédoise, au désir brûlant de liberté, se verra propulsée, malgré elle, dans le monde brutal et sanglant de la...