𝐴𝐿𝐼𝑉𝐸

Chapitre 2

Roxanne

- Bienvenue, bienvenue !

La voix puissante d’un homme retentit dans la salle bondée. Je suis appuyée sur un mur, après être revenue des toilettes.
Chaque personne présente se tait pour se tourner dans la direction de l’homme.

Mon père se tient aux côtés de celui-ci, bien droit dans son costume 3 pièces. Il paraît un peu nerveux, et je peux apercevoir une goutte de sueur couler le long de son front.

Bizarre. Mon géniteur n'est 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 angoissé.

Pourtant, je le vois bel et bien essuyer ses mains sur son pantalon, comme si celles-ci étaient moites.

Je commence à paniquer. Ça ne sent pas bon.

- Nous vous avons réuni aujourd’hui, sous prétexte d’un gala de charité dont nous sommes dépendants pour la survie de l’entreprise, commence mon père. Malheureusement, les œuvres caritatives censées être mises en vente ont été volées.

Des murmures choqués se font entendre dans la pièce.

- La vente ne pourra donc pas se faire.

Sur ces paroles, une jeune femme, dans la trentaine, intervient. Ses longs cheveux blonds semblent briller sous la lumière des lustres.

- Savez-vous qui sont les voleurs ?

Seul le silence lui répond. Mon père, lui, fixe un point invisible derrière nous.
Je ne comprends pas. Qui pourrait voler des œuvres caritatives ?

Mon regard se dirige à l’autre bout de la pièce. J’aperçois l'homme qui m’a bousculé au début de la soirée. Il est adossé au mur, un léger rictus accroché aux lèvres tandis qu’il fixe les deux hommes qui parlent. Il tient un verre de vin en main.

Soudain, ses yeux se portent sur moi, comme s’il avait senti mon regard sur lui. Son sourire s’élargit et il soulève son verre vers moi, pour me porter un toast.
Je détourne le regard.

J’ai un mauvais pressentiment. Un pressentiment qui a tout à voir avec les œuvres manquantes et la présence de cet homme, que personne ne semble avoir remarqué.

Celui-ci est rejoint par un autre homme, blond, qui s’adosse au mur à côté.

De plus en plus bizarre.

À côté, mon père et son acolyte continuent leur discours, mais mon attention est totalement dirigée vers les deux hommes louches. Ils échangent quelques paroles, avant que le connard ne s’éloigne du mur et se dirige vers les escaliers, situés près de lui.

Cet homme-là est suspect. Très suspect.

- Qu’est-ce que vous manigancez, tous les deux ? je murmure pour moi même en triturant mes ongles.

Une femme à côté de moi se retourne et me fixe étrangement.

- Parlez-vous toute seule ?

Gênée, je marmonne quelque chose d’incompréhensible et m'éloigne de quelques pas. La dame doit me prendre pour une folle. Et je me demande si elle n’a pas raison.

Je jette un regard autour de moi avant de m’en aller jusqu'aux escaliers. Ce que je vais faire est une mauvaise idée. Une très mauvaise idée.

Je monte rapidement les marches avant de revenir sur ma décision. Le bruit de mes talons me fait grincer des dents.
Pour la discrétion, on repassera.

Une fois arrivée en haut, j’ai tout juste le temps de voir une porte se refermer au bout du couloir. 

J'enlève mes chaussures pour être plus silencieuse et m'approche de la porte.