Le Petit Baron

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Pénélope a requis une conversation en privé avec son époux pendant la réception du mariage de Francesca. Ils se sont alors isolés dans le bureau. Celui là même où elle a été surprise en train de lire le journal de Colin. Lieu également témoin de l'un de leurs rapprochements muets lorsqu'il s'était coupé en voulant ramasser le verre de la lampe brisée. Cette alchimie qui lui manque à ce jour ... lui qui ne la regarde plus à présent et peine à se retrouver dans la même pièce... elle ne s'attendait pas à devoir faire face à son mutisme après leur union tant attendue ...

Elle lui expose alors sa tristesse, le priant la voix tremblante d'être là pour elle, pour ce qu'il est et non ce qu'il a à lui donner ... Elle en a d'autant plus besoin depuis qu'elle a appris sa situation avec l'aide de sa gouvernante.

Elle se remémore alors ce matin même où, venant la préparer, sa bonne s'était surprise à la trouver encore endormie, elle qui se réveillait toujours avec le lever du jour. Ray l'avait suivie dans sa maison maritale pour continuer à être à son service donc ne la connait que trop bien.

- Vous allez bien, Madame ?

Pénélope s'étirait longuement dans son lit, la mine encore embuée par le sommeil.

- Oui, merci, je ...

Sa phrase fût interrompue par un soudain haut-le-cœur qu'elle tenta de réprimer, portant sa main à la bouche, surprise.

Une fois la nausée passée, elle se lèva enfin devant l'air incrédule de sa femme de chambre. Elle vint s'asseoir à sa coiffeuse pour y être préparée. Elle constata alors son visage pâle malgré une longue nuit de sommeil. Elle remarqua aussi le regard de Ray dans le miroir qui s'étonnait tout autant de cet état alors qu'elle s'affairait à refaire le lit.
Questionnement qui s'amplifia lorsqu'elle retira les draps de la jeune femme.

- Le malaise de vos fiançailles se poursuit-il, Madame, lui demanda t'elle en s'approchant.

- Je ne me sens en effet pas encore totalement remise, répondit t'elle.

- Souhaitez-vous que je fasse appeler le médecin ?

Elle répondit par la négative en secouant la tête. Elle a bien d'autres priorités à régler actuellement que de s'apitoyer sur un léger virus.

- Puis-je me permettre d'être honnête, Madame ?

Pénélope la regardait toujours à travers le miroir alors qu'elle s'était approchée pour saisir délicatement sa chevelure rousse afin de la démêler.

- Bien sûr ...

Cette personne en sait déjà plus qu'il ne le faudrait. Elle a compris les sentiments qui liaient le couple bien avant eux-mêmes, elle a toléré de laisser la jeune fille seule à de nombreuses occasions, laissant grandir cette relation, une amitié muer en amour ...

- J'ai remarqué que vous n'aviez pas récemment eu votre ménorrhée ...

La jeune épouse fit une moue dubitative. Elle n'avait pas l'air de comprendre donc elle poursuivit.

- Je serre moins votre corset depuis plusieurs jours, vous êtes nauséeuse, fatiguée et pâle ...

Pénélope fronca les sourcils. Ray vint se positionner à ses côtés, accroupie prêt de la chaise. Elle lui saisit la main.

- Votre mère ne vous a pas expliqué, demande t'elle.

- Expliqué quoi, Ray ?

La bonne fut un peu gênée de devoir effectuer elle-même cette tâche ingrate.

- Je sais que Monsieur passe ses nuits sur le sofa depuis votre mariage, avoua t'elle la voix basse, mais vous avez déjà ...

Elle l'encouragea à poursuivre d'un mouvement de tête.

La Chronique de Bridgerton Où les histoires vivent. Découvrez maintenant