Quelques semaines étaient passées depuis les vacances. Tout se passait (étrangement) pour le mieux avec Issa. Le seul problème, c'était qu'on ne pouvait pas trop sortir en raison de sa notoriété et de la mienne, qui émergeait petit à petit. C'est vrai que ça me frustrait un peu, mais il m'a dit qu'on se rattraperait quand on partirait en vacances à deux, alors...
En ce qui concerne Zoé, on s'est reparlé, mais comme je l'avais prévu, ce n'est plus comme avant. Pour l'instant, nous ne sommes que des collègues de travail. On ne parle que de Corteiz, pour vous dire : elle ne sait même pas que je suis officiellement en couple avec Issa. Mais bon, elle ne m'a pas non plus dit qu'elle était en couple avec mon frère. Balle au centre.
Tanya et moi avons commencé à chercher activement un logement à Amsterdam, mais c'est une galère pas possible. Notre quotidien se résume à des allers-retours pour visiter des appartements. C'est plus compliqué que prévu, et en plus de ça, je n'en ai toujours pas parlé à Issa... Je sais qu'il va s'énerver, surtout qu'on est presque tous les jours ensemble. Si je pars, ce ne sera plus pareil.
Quant à Ashe, je ne l'ai pas mis au courant de cette histoire non plus... Parfois, il m'envoie des snaps de lui, mais je ne réponds pas. J'espère que l'autre ne tombera pas dessus. Je n'ai pas envie de créer des histoires.
Je termine de préparer mes toasts à l'avocat et m'installe à mon bureau à la recherche d'un appartement. Je tombe sur un logement en plein cœur d'Amsterdam, lumineux et assez spacieux. Il est vraiment incroyable, alors je m'empresse d'envoyer un message au propriétaire. J'ai hâte de quitter mon appartement, il est bien vide sans Zoé. Nous avons vécu nos joies, nos peines, nos inquiétudes dans cet endroit, et le quitter dans le contexte actuel me fait beaucoup de mal. La sonnerie de mon téléphone me sort de mes rêveries : c'est mon frère. En parlant du loup...
« Ça te dit de garder Hannah ce soir ? Elle te manque beaucoup, tu sais... »
Ce soir, Issa passe à la maison avant d'aller au studio, mais ça fait tellement longtemps que je n'ai pas vu ma nièce que j'accepte avec plaisir. N'empêche, il est culotté de m'envoyer un message de nulle part comme ça.
Je décide d'appeler Issa pour le prévenir.
— Allô ?
J'entends beaucoup de bruit autour de lui. Il fout quoi ?
— T'es sous un pont ou quoi ?
— Y a quoi ?
Plus sec, tu meurs.
— Je garde ma nièce ce soir, donc viens pas avec tes joints et tout ça, là.
— Ok ok, à ce soir.
C'est une blague ? Il lui arrive quoi, à lui ? Sans doute avec son amante, c'est sûr. Bref, je ne m'attarde pas sur le sujet et pars me préparer pour aller au local.
✰ ✰ ✰
J'arrive au local, qui est bien vide. C'est vrai qu'on est dimanche et que, par conséquent, Elena et Tomy, nos deux employés, ne travaillent pas. Ce sont eux qui bossent avec nous pour la marque, qui envoient les colis, qui réceptionnent les retours, etc. Moi, je m'occupe plus de la partie communication et design, tandis que Zoé s'occupe de la partie technique, budgétaire, etc.
Quand j'ai créé cette marque, j'ai tout de suite demandé à Zoé de devenir mon associée. Je savais les risques que ça comportait, mais je n'imaginais pas que ça arriverait, et surtout de cette manière. Pour être honnête, je réfléchis depuis quelques semaines à lui laisser la marque et à faire autre chose. Oui, Corteiz, c'est toute ma vie, j'y ai mis toute mon âme et toutes mes économies, mais à quoi bon ? Je pourrais ouvrir une petite boutique de vêtements à Amsterdam et faire ma vie tranquillement. Toutes ces questions me travaillent beaucoup en ce moment. Je n'ai pas envie de rester ici, à Paris. Je n'ai aucune attache, à part Issa maintenant, mais qui me dit que dans trois mois, notre histoire ne sera pas terminée ?
Une sonnerie longue et persistante me sort de mes pensées. Ça ne peut pas être Zoé, elle a les clés. Je m'approche de la porte et l'ouvre doucement. C'est Clara, en larmes devant moi. Mais en y regardant de plus près, ce n'étaient pas des larmes de tristesse.
— Inaya, je vais être maman...
Ou peut-être bien que si... Je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne nouvelle ou non. Elle voit sur mon visage mon incompréhension.
— Je sais pas, ce n'était pas prévu du tout pour maintenant... et s'il n'en voulait pas ? me lance-t-elle en entrant dans le local puis en s'affalant sur le canapé.
— Mais toi, déjà, tu le veux ? lui dis-je en m'asseyant à côté d'elle.
— Je sais pas... mais ça fait tellement longtemps qu'on est ensemble, on va sur nos trente ans, peut-être que oui, c'est le moment.
— Moi, je suis sûre qu'il serait heureux. C'est bon, sans vouloir vous vexer, mais vous avez l'âge d'être grands-parents, faut y aller, là !
Elle rit à ma blague. Je la sens un peu plus détendue qu'il y a quelques minutes.
— Le premier bébé du 667, il va être vraiment gâté avec tous ses tontons.
— J'en reviens pas, mais c'est trop bien ! Je lui saute dessus, tellement contente pour elle et Zuukou. C'est vraiment le couple parfait. Ça se voit tout de suite quand deux personnes sont faites l'une pour l'autre.
Elle répond à mon câlin, aussi contente que moi.
— T'as mis qui au courant ? je lui demande.
— Comment te dire que j'ai fait le test il y a 15 minutes... Tu es la première personne au courant. Le local est à 5 minutes de chez nous, je me suis dit que si je te trouvais ici, c'était un signe, me lance-t-elle, gênée.
C'est vrai que nous étions très proches, mais je ne pensais pas à ce point, ce qui me réchauffe le cœur. Finalement, on a passé l'après-midi ensemble à imaginer la chambre du bébé, à planifier comment elle allait l'annoncer et comment on allait organiser la baby shower.
