Je rentre à la maison, mon carnet sous le bras, regardant les oiseaux voler.
À la maison, mes parents sont à table et discutent de moi. Comment je le sais ? Les regards qu'ils me lancent et leur silence quand j'arrive près d'eux.
Je n'y prête pas attention et monte dans ma chambre, mon refuge, mon endroit personnel.
Dans mon placard, j'ai aménagé un endroit calme, composé d'un matelas, de lumières DEL, de quelques coussins et couvertures. C'est mon espace. C'est ma cachette. Quand rien ne va, je vais m'y réfugier, je vais réfléchir. C'est aussi là, lors des jours de pluie, que j'écris. Lorsqu'il y a des invités, j'y vais aussi, ne supportant pas qu'il y ait trop de personnes, trop d'inconnus chez moi.
Encore aujourd'hui, je m'y installe confortablement, prenant Lapinou, ma peluche de naissance, dans les bras et repliant les couvertures sur moi. Je ne supporte pas cette façon de parler dans mon dos. Ils ne sont pas discrets et, en plus de cela, je sais qu'ils s'inquiètent pour moi, que ma mère veut me renvoyer chez le psychologue.
Elle n'aime pas ce que les médecins ont dit sur moi, il y a deux ans. Elle ne veut pas admettre que ce serait possible.
— Madame Martin ? appelle un médecin dans la salle d'attente.
Maman se lève de son siège et agrippe sa jupe. C'est un signe de stress. Je la suis dans le couloir, la capuche de mon sweat relevé, la tête basse, les yeux suivant les pieds de ma mère.
Elle s'installe sur la chaise que lui présente le médecin tandis qu'il va s'asseoir derrière son bureau.
— Madame Martin, nous avons posé un diagnostic à votre fille après les derniers examens. Cependant, il y a quelques... disons, problèmes.
— Comment ça ? Qu'est-ce qui ne va pas ? s'alarme maman.
— Madame, votre fille, muette depuis un peu moins d'un mois, nous cache quelque chose. Lors de cette soirée, elle nous a raconté ce qui s'est passé, mais il y avait des éléments manquants, comme ont pu le remarquer les enquêteurs. Ils ont essayé de l'interroger une nouvelle fois, mais elle a refusé de nous faire savoir ce qu'il y a. Les enquêteurs ont tout de même trouvé ce qui s'est passé. De plus, l'équipe doit vous annoncer qu'il se pourrait que votre fille reste muette, car c'est un très grand choc qu'elle a eu. Elle n'aurait jamais dû voir ça et encore moins le vivre en étant si jeune. Malheureusement, on ne peut pas changer le passé. Qu'elle reparle ou non, elle gardera des séquelles toute sa vie, c'en est certain.
C'est à partir de ce jour-là que ma mère a commencé à parler de moi dans mon dos. Oui, ce sont mes parents, mais je n'aime pas l'idée qu'elle puisse se dire que je suis
folle,
que je mérite d'être envoyée en
hôpital psychiatrique ou autre.
Je soupire et m'allonge, mon carnet ouvert à côté de moi, les lumières de couleurs bleues me faisant de l'ombre.
La tête posée contre mon bras, je somnole à moitié quand, soudain, de petits coups retentissent sur la porte.
Je me redresse et ouvre : ma mère est là.
— Je peux entrer ?
J'acquiesce et
elle vient s'asseoir sur le matelas posé à côté de moi.
— Lessy, il faut qu'on parle.
Je me renferme sur moi-même et
baisse la tête, contrariée.
Je déteste quand on me dit
« qu'il faut qu'on parle ».

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La faute au silence / EN REECRITURE \
Novela JuvenilCe n'est pas ma faute si je n'ai pas réussi à m'exprimer. Il m'a toujours empêché de parler, me contraignant à rester muette malgré moi. Je suis Lessy Martin, une adolescente de quatorze ans, aussi normale que je peux l'être, joyeuse, qui aime vivr...