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"Les personnes les plus silencieuses, sont les esprits les plus bruyants"- Stephen King.

Il avait, et aura toujours raison, à un tel point inimaginable.

J'écris pour oublier, j'écris pour me souvenir. Contradictoire n'est-ce pas ?
Sur ces feuilles qui me soutiennent, et qui me comprennent.
Car elles m'écoutent, elles m'épaulent de leurs oreilles attentives, plus que n'importe quel être. J'aime la douceur de la poésie, la dureté des mots. J'écris car personne n'écoute, personne ne comprends comme le font ces pages.
Elles ont plus de confiance, plus de patience.
Les seules soucieuses de mon opinion.
Les mots sont tout ce que j'ai, tout ce qu'il me reste. Une juxtaposition de cruauté, de rêverie, de malhonnêteté, et de douceur, d'amour tant que de bonté, sans oublier l'hypocrisie.
Ma seule échappatoire à cette dure réalité.
Mes écrits ne sont que mes pensées disposées sur papier, brisées et désordonnées.

Ce que je ressens n'a pas d'importance, lorsque je note, tout est partagé.
Le seul instant d'honnêteté.
J'écris car je ne peux parler.

La poésie est belle, seulement peut la comprennent.

Une drogue.

La drogue n'est pas forcément une substance consommée, un trop grand besoin d'alcool, ni même une envie trop forte de se soulager de nos maux.

Etre drogué c'est être addict.

Comme je l'étais avec les mots, avec l'écriture de laquelle je ne me lasse jamais.
Celle qui me tient en vie, celle qui me fait respirer. Quel bonheur lorsqu'ils sont hors de ma tête couchés sur une feuille désormais décorée. Je loue mes douloureux poignets, remercie mes rétines brûlées.

Addictif, ça l'était.
Drogué, je l'étais.

Je ne souris plus.
Ne ris plus.
A quoi bon ?

Il fut un temps où je faisais semblant, désormais j'ai compris que ça n'avait pas d'importance.
Mes larmes ne cessent de couler.
Lorsque ma tête extériorise mes pensées.
J'erre chaque jour en me demandant quand sera le dernier.
Un cercle sans fin, vicieux.
Le vide est tellement grand inattendu et si soudain. Comme un coup de couteau pour lequel on ne ressentirait qu'une faible douleur.

Une journée de plus ou de moins, aucune importance, aucune.
Des images vides, un regard flou, un regard jugé fou.

Le néant. Une déréalisation de la vie. De la mort aussi, peut être ?
Un entre deux inexplicable. Une douleur trop intense qu'on ne ressent plus.

Anesthésié.

Se faire du mal pour survivre. C'est désormais devenu un quotidien.
Je suppose que j'affectionne mes cicatrices. Elles sont encore présentes, elles au moins. Semblables à un douloureux souvenir, loin d'être terminé.

Errant dans mes pensées.
Qui ne veulent s'en aller.
Désemparé, démuni.
Puni.
Sans l'avoir voulu, de sentiments dépourvu.
Que cet unique cœur qu'est le mien désire tant s'accaparer.
Je me meurs seul dans mon coin.
En lançant mes appels, à l'aide.
Aidez moi !
Ô je ne peux vivre !
Ô je ne peux respirer !
Viendriez vous m'aider ?
M'aimer ?
M'apprécier ?
Oh je vous attendrais.
Une éternité.
Et bien plus s'il le faut !
Mes appels.
Si silencieux à leurs sourdes oreilles.
Pourtant mes pensées crient.
Elles hurlent.
Sourdes oreilles.
Vilaines.


Je crois que la nuit tombe. Je n'en suis pas certain, après tout il fait sombre en permanence ici.
Peut être est ce moi qui voit le monde sans couleur ?
Difficile de discerner le jour de la nuit.
Je me répète. Encore.

C'est donc vers l'endroit qui s'apparente à mon "chez moi", cet endroit sombre et sans vie, rien qui ne change en soit, que je me dirige. Elle s'élève déjà, majestueuse, me faisant face. Je ne m'étais même pas réellement rendu compte que mes pas m'y avaient mené. Je ne suis pas certain d'aimer cette demeure. Elle est si délabrée, et pourtant d'une élégance déroutante. Comme un souvenir de sa beauté désormais passée. J'ai n'ai pas su lui conserver la vie, pauvre d'elle. Certain que dans d'autres circonstances et à une époque bien meilleure, elle aurait pu être de toute beauté.
Trône devant moi un monstrueux portail, je le pousse difficilement et pénètre dans ce jardin fade, aux fleurs fanées. J'avance encore jusqu'à arriver devant une grande et lourde porte de bois. Ma main s'enroule autour de la poignée décorée de belles arabesques échevinés, je l'abaisse afin d'y entrer.
Une absence cruelle de lumière - qui ne me dérange plus - m'accueille. Comme tout les jours c'est vers la seule pièce réellement habitée, que je me dirige, ma chambre.
Je n'utilise ni la cuisine, ni le salon, ni les multiples recoins de ce manoir effrayant.
En réalité j'apprécie son architecture, mais le temps laisse des marques, des fissures strient les murs et les plafonds. Ils s'effritent, les tuiles volent vers d'autres horizons et les oiseaux s'installent entre deux poutres.
La Manoir avait un charme autrefois j'en suis certain.

Les gens doivent se demander comment j'y vie, si bien qu'il ai quelqu'un ici. Moi même je ne sais pas. Ces personnes là n'existent pas pour moi, elles ne sont que pions sur un échiquier. Je n'y fais pas attention, je suis seul ici. Seul quelques âmes solitaires connues de tous. Comme un mauvais compte qui tire vers l'horrifique.

Horrifique est le bon mot à employer, même mon manoir me file la chair de poule. Je ne me sens pas à l'aise dans mon lit, ces présences que je vois, que j'entends, que je ressens, sont la raison pour laquelle je ne ferme plus les yeux. Ce que d'autres appellent insomnie m'a atteint. Sévèrement.
Leur présence m'angoisse à un tel point. Et pourtant c'est vers la que je me dirige. Je m'assois sur le bord du matelas, hésitant entre m'y allonger ou passer une nouvelle nuit éveillée. Je laisse mon dos le rencontrer, après tout je n'ai rien a y perdre.

La raison peut être.
Je n'en ai déjà plus.

Quelques heures plus tard, me voilà au même point les yeux grands ouverts, fixant le plafond barré de longues striures, elles sont comme de long fleuves sombres sur la peinture bordeaux passée.
J'aimais beaucoup cette couleur, elle m'avait immédiatement plus.
Une nuit de plus ou de moins.
Au moins je n'ai pas eu à me confronter aux démons du passé. Du présent aussi. Du futur sûrement.
Et je reste là, étendu, de marbre sur mon lit. Seul.
Seul, et par ma faute en réalité, je refuse quiconque s'approche.
Mais qu'il est dur de se laisser apprivoiser.
Qu'ils ne me mettent pas dans leur poche.
Et parce que je me suis trop méfié.
Désormais isolé je resterais.

DÉSILLUSION  ×таекоокOù les histoires vivent. Découvrez maintenant