03. Accord Et Trahison

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ASTRÉE ANGELINI
Rome, Italie
18h36

L'homme, assis en face de moi, dans ce bar lugubre de la capitale italienne, est nonchalamment appuyé contre le dossier de sa chaise, ses mains gantées, faisant tournoyer la paille décorant son verre. Son visage est recouvert par la capuche noire de son sweat, de même nuance que son pantalon, et assombrit par les néons, qui éclairent la pièce. Malgré cela, son identité ne m'est pas inconnue, et il le sait. Il sait que, entre mes mains, j'ai le pouvoir de le détruire, que son destin m'appartient en quelque sorte, de la même manière que le mien lui appartient. Notre passé nous porte encore préjudice, mais nous avons tous deux réussi à nous en débarrasser. Il est la seule preuve de ma vie antérieure. Je suis la seule preuve de sa vie antérieure.

- T'as ce que je t'ai demandé ?

L'individu sort de son sac à dos noir, une pochette brune, qu'il glisse jusqu'à moi, sur la table. J'inspire un grand coup, avant de porter mes fins doigts sur le tissu, laissant apparaître devant mes iris vert et noir, des clichés de lui, de sa naissance, jusqu'à maintenant, ravivant des souvenirs dans mon esprit, que j'essaye malgré moi, d'oublier au plus profond de l'abîme. Des documents officiels retraçant sa vie, sont aussi disposés dans cette enveloppe de tissu, tout ce qu'il a savoir de son existence, est désormais là, en ma possession, et je le garderai le plus précieusement possible, m'y accrochant comme à une bouée de sauvetage, perdue en pleine mer.

- Dedans, il y a tout ce que tu as besoin de savoir.

Tout ce que j'ai besoin de savoir ? Je fronce les sourcils, ce n'est pas ce que je désire, je veux plus. Je veux tout. Je hoche négativement la tête, me redressant sur mon siège.

- Je te paye pas pour que tu me donnes ce que j'ai besoin de savoir. Je veux tout connaître de lui. Alors donne-moi ce pour quoi je te paye !

Un silence s'abat entre nous, il semble hésitant, jouant continuellement avec sa paille. Il pose son regard sur le bar, dans lequel nous nous trouvons, où peu de gens viennent pour passer une soirée lambda. Ici, les clients sont ceux qui traitent des affaires, comme mon interlocuteur et moi, en ce moment même, et quelques hommes, répartis dans la salle aux murs vert pomme, recouverts de cadres, affichant des articles de journaux, parlant de ce lieu. Derrière le vieux bar en bois marron, Alberto, le propriétaire, attend les prochaines commandes, un verre de l'un des alcools présentés sur l'étagère au-delà de lui, à la main. Personne ne fait attention à nous, et à notre discussion, trop concentré dans leur interaction, ou dans le service.

- Tu veux tout ? Et bien tu auras tout, mais à ta place, je ferai attention sur quoi je vais tomber. Sa vie est pas rose, et je sais que tu le sais, mais c'est encore pire que ce à quoi tu penses, Ki...

Mon poing tape sur la surface lisse de la table, qui nous sépare, le coupant dans ses propos. La colère commence graduellement à monter en moi, comme la température d'une journée d'été ensoleillée. Je ne veux pas entendre le prénom qui allait dépasser le fossé entre ses pensées et ses dires.

- Ne finit pas ta phrase, je veux pas entendre ça, et tu le sais ! Donne-moi le reste, et on en parle plus.

- Très bien. Comme tu voudras, mais je t'aurai prévenu.

Il sort une deuxième pochette, similaire à la première, qu'il me tend, me regardant droit dans les yeux, me dévoilant ses pupilles marron, légèrement oranges, qui me laissent apercevoir sa réprobation. Mais je m'en fiche, je veux plus que tout, les informations que comporte cette pochette. J'en ai besoin. Besoin pour avancer. Besoin pour tourner la page.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 18 ⏰

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