Petit papillon

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Omar était un beau petit papillon. C'était l'un des plus beaux qu'il pouvait exister, d'un violet pâle magnifique qui plongeait vers le bleu ciel au bout de ses ailes.
Il venait de finir sa transformation et était sorti de son cocon, afin de se changer en ce magnifique papillon qu'il était devenu.

Ce même jour, alors que le soleil était haut dans le ciel quelques minutes avant, le temps avait changé. Il devait être dans les dix heures du matin. La pluie commençant à tomber à flot, Omar luttait pour voler le plus rapidement possible sous les grosses gouttes afin d'aller s'abriter.

En chemin, il croisa une coccinelle rouge bordeau, qui teintait presque dans le rose, qui souhaitait traverser un petit filet d'eau. Elle semblait ne plus pouvoir voler, la pluie devait sûrement être trop forte pour elle. Omar l'observait de loin, abrité pour le moment sous une grosse feuille, quand il vit qu'elle glissa et tomba dans le courant d'eau.
Il ne réfléchit même pas et se précipita vers la coccinelle afin de l'aider à s'en sortir. Il mit toute la force qu'il avait dans ses petites pattes pour la retirer de l'eau, et il réussit au bout d'un gros effort. Le papillon l'emporta sous sa feuille et la sécha en battant des ailes rapidement. Ouf, elle était sauvée.

La pluie commençait à cesser. Heureusement, parce que la feuille n'aurait pas tenu plus longtemps sous les gouttes épaisses. La coccinelle était serrée contre le papillon et ils se réchauffaient l'un à l'autre.
Lorsqu'elle s'écarta, elle regarda Omar dans les yeux. Puis, sous sa grande surprise, elle se mit à parler.

« Tu m'as sauvé la vie. »
« Tu...peux communiquer avec moi ? Mais nous ne sommes pas de la même espèce... » fit Omar abasourdi.
« Je sais. Je suis dotée de magie. »
« De magie...? »
« Oui, de magie. Je peux communiquer avec toutes les espèces de cette forêt. »
« Ouah... »
« Et pour te remercier de m'avoir sauvé, je voudrais t'offrir un vœu. Demande moi ce que tu veux, et je te l'offrirai. »

Le papillon violet réfléchit. Il fallait qu'il choisisse judicieusement. Il se rappela alors de la parole des anciens, lorsqu'ils racontaient leur passage dans la ville. Omar en rêvait.

« Je voudrais devenir un habitant de la ville, ce que les anciens appellent "les humains". C'est mon rêve le plus cher. »
« J'accepte, mais une condition reste : je ne peux pas changer ton espérance de vie de papillon. Tu auras donc seulement trois jours en tant qu'homme dans la grande ville. Après, tu te retransformeras en papillon pour un instant puis tu mourras. »
« Je comprends... » répondit Omar, un peu triste.

Il aurait espéré plus de temps, mais il n'avait pas le choix, c'était son destin, et il ne pouvait pas le changer.
Voyant l'air triste du petit papillon, la coccinelle réfléchit.

« Bon... Je peux t'accorder autre chose. Si jamais tu veux vraiment continuer à vivre en tant qu'humain, il te faudra trouver quelqu'un, et un simple contact entre vos lèvres suffira à lui donner la malédiction. Mais cela signifie que tu tueras un humain. »
« Je vois... Je ne ferais pas ça. Je refuse de tuer quelqu'un pour mon propre bonheur. » dit Omar humblement.
« Je m'en doutais, mais cela restera valable jusqu'à la dernière minute des trois jours. Cela commence maintenant. Dans trois jours, lorsque le soleil sera le plus haut, au même moment que maintenant, toi ou la personne qui aura la malédiction mourra. »
« Merci pour tout. »
« Merci à toi de m'avoir sauvée. Profite bien de ces jours précieux. »

Sur ces mots, elle s'envola loin dans le ciel et disparut. Omar sentit son corps de papillon se changer d'un coup. Tout devint blanc devant ses yeux.

___

Lorsqu'il les rouvrit il était debout dans une rue de la grande ville.
En face de lui, il y avait un petit café. Il se regarda dans la vitre. Il s'était changé en un beau jeune homme, d'une vingtaine d'années peut-être. Ses cheveux étaient noirs corbeau et bouclés, ses yeux étaient tout aussi noirs et sa peau était mate. Il s'observa un instant.
Étrangement, il savait tout de ce qu'il fallait savoir en tant qu'humain, comme le calcul, la lecture, les choses à faire ou ne pas faire, etc...
Dans sa poche, il trouva ce qui semblait être de l'argent. Il compta ce qu'il avait, et décida d'entrer dans le café.

Butterflies ( OS Edmar )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant