Une pizza party

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 ... comme un soir d'été

  Ceci n'est pas le bruit d'une machine. Enfin si, c'est celui d'une machine, mais d'une toute petite et qui ne se trouve pas dans un hôpital. Il s'agit plutôt du bip de mon héro du feu. Ce dernier, tel un robot, alors que j'étais encore sur ses genoux, se lève précipitamment au son du signal. On a besoin de lui quelque part dans notre jolie ville. Je me retrouve donc propulsée par son élan, à moitié par terre, à moitié sur le canapé.

« A toute à l'heurreeeee !! » et la porte claque. Quant à moi j'éclate de rire de me retrouver dans une position si incongrue. Les pieds en l'air, la tête en bas, avec Joy qui me fait des chatouilles. Cette petite chipie me laisse à peine le temps de respirer. Alors je me venge à armes égales, enfin presque. Du bout des doigts, je me saisis d'une plume accrochée au sapin de Noël, qui trône non loin du canapé. Je me sers de la plume pour la glisser dans son petit cou et ainsi prendre ma revanche. Elle tente de résister avant d'exploser de son petit rire qui fait fondre mon cœur. Cette bataille prend fin d'elle-même, quand nous sommes toutes les deux à bout de souffle. Les cheveux en bataille, les joues rouges, allongées sur le dos au milieu du salon en bazar. L'heure tourne et le silence qui s'est installé est soudainement rompu. Dans le salon retentit soudainement les gargouillements d'un petit ventre qui semble avoir faim. De mon côté, il semblerait que les émotions aient également creusées mon appétit. Alors, je me lève, tends la main à Joy, l'aide à se relever et nous partons toutes les deux en silence en direction de la cuisine.

Dans ces conditions, le périple nous semble lonnng. Je crois même entendre un « quand est-ce qu'on arrive ? » à moins que cela ne soit juste un « qu'est-ce qu'on mange ce soir ? ». Petite précision, la cuisine, qui n'est séparée du salon que par un bar, se situe littéralement à moins d'une minute du canapé. Il faut nous comprendre, nous sommes affamées.

Donc, une fois arrivées dans la cuisine, Joy s'installe sur son petit perchoir. Il s'agit ni plus ni moins qu'une chaise en hauteur qui lui permet à la fois de se tourner vers le salon et vers la cuisine. Quant à moi, j'ouvre les placards et le frigo en quête d'une idée quelconque d'un repas à préparer.

Constat : il faudra qu'on prévoit d'aller en courses. Vivre d'amour et d'eau fraîche ne nourrit pas un petit être humain.

Joy zappe les chaînes, je zappe des idées de recettes dans ma tête et m'arrête sur celle qui sera facile à préparer avec l'aide du petit lutin. D'ailleurs, ce dernier commence à se dandiner sur sa chaise. De mon côté, je commence à bouger au rythme de la musique.

« Joy monte le son s'il te plaît et descends de ta chaise pour danser ».

I'm too hot (hot damn). 

Called a police and a fireman. 

I'm too hot (hot damn). 

Make a dragon wanna retire man ...*

J'attrape ses mains, je danse avec elle et savoure le sourire qui illumine son visage. Je respire, je vis, je profite du moment présent. Oublier les douleurs, les jours sans. Penser aux jours où le bonheur pleut, aux jours qui illuminent ma vie et créent des souvenirs.

Tout en continuant de danser alors que la playlist défile, j'équipe le petit elfe de cuisine d'un tablier et la repose sur son perchoir pour qu'elle m'aide. Je la guide dans la préparation de la pâte à pizza pendant que je découpe les aliments qui serviront de garniture.

« Mais Julieeeeeeee, j'y arrive pas moi à étaler la pâte, me dit Joy avec une mine boudeuse.

- Ok, je viens t'aider mais arrête de râler et de commencer tes phrases par « mais ». Tu prends de mauvaises habitudes ma petite.

- D'abord, commence-t-elle à me répondre, je ne suis pas petite parce que j'ai plus besoin de toi. Je vais y arriver toute seule avec la pâte qui colle aux doigts. Beurk ...

- Rajoute un peu de farine. »

Aucune contestation, le regard concentré Joy pétrit encore un peu la pâte, rajoute de la farine et la sort du saladier pour essayer de l'étaler sur le plan de travail. Je retourne à mes tomates et mon jambon.

Une chanson de Louise Attaque raisonne et je ne peux m'empêcher de chanter. Cette chanson, c'est l'été, c'est la fête, c'est le sud. Les souvenirs de soirs d'été et de copains.

Allez viens, j't'emmène au vent
Je t'emmène au dessus des gens
Et je voudrais que tu te rappelles
Notre amour est éternel
Et pas artificiel

Le sourire aux lèvres, le soleil dans le cœur, je m'approche de la table pour aider Joy. Cette dernière a de la farine sur le visage, jusque dans les cheveux. Je lui prête mes mains pour terminer d'étaler la pâte, avant de la transférer sur la plaque de cuisson. Adroite comme je suis, je me cogne partout, manque de renverser la farine sur le sol. A vrai dire, je sers de rempart entre le sol et la farine. Celle-ci s'échappe et atterrit un peu partout sur moi et dans mes cheveux. Quand je me redresse, Joy est en train de rire aux éclats. Je croise mon regard dans la vitre du four et ne peux m'empêcher de la rejoindre. Je ris à en avoir mal aux abdos.

« Tu en as mis partout Julie ! Papa va se fâcher tout rouge.

- Promis, Papa ne se fâchera pas si tu l'aides à nettoyer. »

Cette voix me prend au dépourvu, fait battre la chamade à mon cœur. Une douce mélodie de soulagement de le savoir rentré sain et sauf. Je ne l'avais pas entendu revenir d'intervention et avant de le voir, je le sens. Une odeur de fumée s'échappe de ses vêtements à chacun de ses mouvements. Il sent le bois et la broussaille.

Je me tourne vers lui, mon regard traduisant mon soulagement.

« Ah oui ... c'est un sacré bazar que vous avez mis dans la cuisine les filles, s'exclame-t-il en constatant l'étendu du désastre ».

Je baisse la tête, regarde mes pieds et le laisse prendre le relai pour mettre la pizza au four, pendant que je nettoie mes maladresses. Quelques instants après, je le vois s'approcher de Joy avec l'intention, je le devine, d'épousseter la farine qui se trouve dans ses cheveux mais avant qu'il n'est pu faire un pas de plus ...

« Bouhhhh Papa, c'est pas possible, tu pue le feu ! » s'exclame Joy, tout en se bouchant le nez de sa main droite et tendant son bras gauche pour faire barrière devant elle.

Je vole à son secours en attrapant son père par le bas du dos de son polo et je commence à le tirer en direction de la salle de bain.

« Ta fille a raison. C'est direction la douche et les vêtements directement en machine !

- Ah parce que Madame me donne des ordres maintenant, répond-il un sourire en coin.

- Ce n'est pas « Madame » mais « Mademoiselle », dis-je en m'éloignant avec son linge sale afin de lancer rapidement la machine. »

Il marmonne quelque chose qui se rapproche de « ce n'est qu'une question de temps » et autre chose encore. Je ne relève pas, il doit sûrement parler seul comme il m'arrive de le faire fréquemment.

*Chanson Uptown Funk de Mark Ronson et Bruno Mars

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 17 ⏰

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