Prisonniers

Une preuve de plus

"Non, je dois me tromper, je ne sais même pas si les Meneurs possédaient des pouvoirs magiques" me dis-je.
N'empêche, mon Créateur m'a aussi raconté que certains d'entres eux étaient dotés d'aptitudes très rares, mais il m'avait dit ça sans me parler de celles-ci. Il m'a également fait part du fait que sur un certain Traitement, l'effet ne marchait pas sur eux. Il n'a pas précisé quel était celui-ci, tout ce qu'il m'a dit... c'était que chaque nouvel Élu devait le passer dès le premier jour.
Rien qu'en y repensant, mon ventre se noua. Jamais je n'avais été aussi appréhendent de toute mon existence.
Soudain, on cogna à la porte.
"1877, c'est l'heure du Traitement." Me dit le Garde.
"Non, je refuse d'y aller!" Rétorquai-je.
"Si vous n'y allez pas, ça risque d'aller mal pour vous..." ajouta le Garde.
Définitivement trop effrayé pour répliquer, j'ouvris la porte et suivit les nouveaux Élus. Eux, au moins, ils avaient l'air effrayé de subir ce fameux Traitement.
Soudain, un Garde devant nous ouvrit une porte et ce que je découvrit m'attire la puce à l'oreille.
C'était une pièce remplie de cabines blanches recouverte de verre sur le devant. Sur l'écran tactile devant nous, le mot "Marchez" était indiqué. Chacun de nous se trouva une cabine et quand nous fûment tous positionnés à côté d'une cabine, "Arrêtez" fut le mot qui s'afficha à l'écran.
J'entrai dans ma cabine, extrêmement inquiet de ce qui allait se passer.
Le support devant moi se mis à vibrer et deux rayons laser en sortirent. À peine l'avais-je remarqué que ceux-ci se positionnèrent devant mes yeux, droit sur mes pupilles. Bon dieu que mes yeux me brûlaient... la douleur était insupportable. Qu'est-ce qui allait m'arriver? Qu'allais-je devenir après ce Traitement?
5 minutes plus tard, ce qui m'a paru comme une éternité, les lasers se dissipèrent et disparurent. Je clignai des yeux un nombre incalculable de fois. Soudain, "Marchez" s'afficha à l'écran et nous nous dirigeâmes vers nos cellules.
Mais je remarquai quelque chose: les Élus autour de moi marchaient tous en rythme et d'un pas mécanique.
Je m'approchai discrètement d'un Élu et lui chuchotai:
"Désolé de te déranger, mais qu'est-ce qui se passe?" .
Il ne me répondit pas. À la place, il tourna lentement la tête vers moi et fixa ses yeux sur les miens. Tout à coup, un détail me laissa bouche béé: ses pupilles avaient disparu. Ses yeux n'étaient plus que d'un noir d'encre.
Je détournais immédiatement la tête et marchai le plus mécaniquement possible vers ma cellule. Dès que j'eus refermé la porte derrière moi, mon souffle se fit de plus en plus court.
Je me précipitai vers l'évier et regardai fixement dans le miroir situé sur le dessus.
La sentence tombe.
Mes yeux n'ont rien.
Je suis bien un Meneur.