Les Enfants Trop Sages Et La Sorcière Des Bois

L'étrange voisine, Ada Rose

La chambre était beaucoup plus grande que l'ancienne qu'il occupait à Paris.

Théo venait de ranger toutes ses affaires. Il avait enfin terminé ! Même si la pile de livres et de bandes dessinées éparpillés sur son bureau montrait tout le contraire.

La nouvelle bibliothèque que sa mère lui avait achetée ne pouvait recevoir tous les livres qu'il possédait. « Elle est très design ! » lui avait-elle dit d'un ton enjoué. Oui, mais pas pratique du tout.

Finalement, il arrangea les livres afin qu'ils soient tous alignés en une pile qu'il positionna au coin du bureau. Plus ou moins satisfait du résultat, Théo contempla la pièce tout en s'asseyant sur son lit. Cette fois-ci, il avait vraiment terminé.

Il y avait une très grande fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Il pouvait la franchir sans problèmes et sauter directement dans le jardin. Ce n'était pas dangereux car la maison ne possédait pas d'étages. Et maman ne le réprimandera pas, elle était suffisamment occupée avec l'ouverture du cabinet médical pour le remarquer. Quant à Agathe, sa sœur, elle se moquait bien de ses faits et gestes. Elle avait quatorze ans et passait la plupart de son temps collée à son téléphone portable avec ses histoires pour ados.

Théo entendit des éclats de voix. Il s'approcha de la porte de sa chambre qu'il entre-ouvra légèrement. Il reconnut la voix de sa mère mais la seconde lui était étrangère.

Il haussa des épaules et referma doucement la porte, peu enclin à rencontrer de nouvelles personnes.

S'affalant sur son lit, il attrapa sa console portative posée sur la table de chevet et l'alluma. Après plusieurs courses de karts et deux parties de Battle Royale, la porte de la chambre s'ouvrit brusquement.

- Bouh !

Théo sursauta et jeta un regard peu amène à sa sœur qui se tordait de rire au milieu de la pièce.

- Pfff. Ce n'est pas marrant !

Agathe se redressa, hilare.

- Si. Ça l'est ! Tu devrais voir ta tête !

Agacé, un soupir lui échappa. Sa sœur était vraiment énervante quand elle s'y mettait.

- Pourquoi t'es là ?

- Maman veut que tu arrêtes d'hiberner et que tu viennes dire bonjour à la voisine ! Elle va bientôt s'en aller.

- La voisine ? Quelle voisine ? Et pourquoi faire ?

- La nôtre, gros nigaud ! C'est la seule voisine que nous avons. Allez ! Et arrête de faire la tête !

- D'accord, ça va j'ai compris !

- Et dépêche-toi s'il te plaît, j'ai d'autres choses à faire de bien plus intéressants, le sermonna Agathe. Elle le regardait avec une moue ennuyée.

- Comme quoi ? Attaqua Théo. Espionner ton petit-ami sur ton portable ?

- Je ne l'espionne pas. Et ce n'est pas mon petit-ami ! Crétin !

Elle tourna les talons et s'en alla. Théo l'entendit marmonner puis une porte se referma bruyamment en claquant. Maman et la voisine ont sûrement entendu ça, se dit-il. Sans aucune volonté, il se leva du lit.

Théo se dirigea jusqu'au salon en traînant des pieds. L'odeur de la peinture récemment posée dans le couloir lui chatouilla agréablement les narines.

Il fut surpris par ce qui l'attendait. Sa mère discutait avec une drôle de dame qui devait être sûrement la voisine. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Cette dernière était étrangement vêtue. Et c'était la première fois que Théo voyait quelqu'un entièrement habillé en rose.