Passion ou amour

Chapitre 1 : Lignes de départ.

Je me tiens au bord de la piste, mes écouteurs solidement ancrés sur mes oreilles, coupée du monde extérieur par le rugissement des moteurs et de bourdonnement incessant de la foule. Mon regard se fixe sur les monoplaces qui défilent à une vitesse fulgurante devant moi, des flèches colorées déchirant l'air chaud de l'après-midi. C'est dans ces moments-là que je ressens une paix étrange, une sorte de sérénité que je trouve nulle part ailleurs. Ici, sur le circuit au milieu du chaos contrôle de la Formula 1, c'est chez moi.

Je m'appelle Raquel. J'ai 25 ans et je suis journaliste pour une grande chaîne sportive, spécialisée dans la formule 1, un métier que j'adore plus que tout. J'ai toujours été fasciné par la mécanique complexe des voitures de course, par la manière dont chaque détails peut faire la différence entre la victoire et la défaite, et par-dessus tout, par les pilotes eux-mêmes. Leur vie, leurs peurs, leurs espoirs. J'ai travaillé dur pour en arriver là, gravi les échelons un par un dans un monde encore dominé par les hommes, et je n'ai aucune intention de m'arrêter maintenant.

Mais aujourd'hui, quelque chose me dérange. Je le sens dans l'air, une tension qui me crispe les épaules et alourdit mes pensées. Et je sais exactement d'où cela vient. Je tourne la tête, et mon regard se pose sur Charles Leclerc, en pleine discussion animée avec son ingénieur de course à quelques mètres de la. Il se tient droit, la mâchoire serrée, ses yeux d'un vert perçant cachés derrière les lunettes de soleil. Son sourire arrogant et désinvolte me met immédiatement en rogne.

Charles Leclerc. Si talentueux, si brillant...
Et tellement insupportable. Il a ce don particulier pour me mettre les nerfs à vif, pour transformer une simple interview en échange de piques et de sous-entendus. Nous sommes comme l'huile et l'eau, incapables de nous mélanger sans provoquer une explosion. Et pourtant, je suis forcée de l'interviewer, encore et encore, parce que c'est mon travaille. Parce que c'est lui, la star, le pilote que tout le monde veut entendre.

« Raquel! » Une voix familière m'appelle, me tirant de mes pensées. C'est Luca, mon caméraman, qui marche vers moi avec son air habituel d'urgence et de détermination.
« Viens, on a besoin de toi pour l'interview avec Charles. Il n'est pas satisfait de la dernière. »

Bien sûr qu'il ne l'est pas. Il n'est jamais satisfait. Je roules des yeux mais acquiesce et suis Luca vers le paddock.

En arrivant prêt de la voiture, je m'arrête à quelques pas de Charles. Son regard se lève vers moi, ses yeux verts se posent sur moi avec une intensité que je déteste admettre être capable de ressentir. Il croise les bras sur son torse et je vois sa mâchoire se crisper légèrement, signe qu'il n'est pas d'humeur à plaisanter aujourd'hui. Tant mieux, je n'ai pas envie de plaisanter non plus.

« L'interview de tout à l'heure, c'était une catastrophe. » Dit-il, sa voix tranchante comme une lame. « Tu as complètement déformé mes propos. »

Je le fixe sans ciller.
« Je suis au courant. » je répond sèchement.
« Mais je ne fais que poser les questions que tout le monde se pose, Charles. C'est mon travail. »

Il arque un sourcil. « Tu penses vraiment que ce que les fans veulent entendre ? »

Je serre les dents. Son ton condescendant me fait bouillir intérieurement. « C'est ce qu'on va vérifier. » Je réplique, en ajustant mon micro.

Je sens son regard se poser sur moi pendant que je prépare les questions, ce regard qui semble toujours chercher à me défier, à me tester.
Depuis notre première rencontre, Charles et moi avons cette espèce de relation antagoniste qui semble captiver tout le monde autour de nous. Les autres journalistes trouvent ça amusant, une sorte de spectacle secondaire au cirque de la F1, mais pour moi, c'est épuisant. Chaque conversation est une bataille de volontés, chaque questions un champs de mines.