Chapitre 1 - Le début d'une fin.

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Apolline,

Espagne

Le sable chaud, d'une teinte dorée réchauffe mon corps. J'éprouve une sensation d'enveloppement, comme s'il m'étreignait, m'enlaçais, me réconfortait en enveloppant mon cœur et en érigeant un rempart entre mes pensées fâcheuses et mon âme ensoleillée.

Je ferme les yeux et laisse les grains de sable glisser doucement entre mes doigts. Un sourire soyeux effleure mes lèvres, reste un moment puis s'évanouit. Je demeure là, seule sur cette plage qui m'offre une paix aussi fugace qu'essentielle.

L'éphémère blesse comme un chagrin qui s'achève sans fracas, sans bruit trop bruyant. Un chagrin qui laisse une douce mais amère trace.

J'aimerais m'y attarder encore, ne plus bouger, oublier que bientôt, je devrai quitter ce refuge pour retrouver la froideur d'une chambre universitaire inconnue, entourée d'étrangers qui, peut-être finiront par m'accepter... si le destin m'est clément.

Je me lève, un soupir las aux lèvres et je secoue doucement ma robe blanche pour en chasser les grains de sable qui s'y sont accrochés. Je récupère ma valise, ce simple bagage qui semble peser bien plus que son contenu et je m'éloigne de ce lieu que je viens à peine de découvrir, juste après mon atterrissage. Le temps s'est écoulé rapidement, je n'ai posé le pied ici qu'il y a quelques heures mais déjà je dois repartir.

Je me retourne une dernière fois pour contempler le paysage. Le soleil décline à l'horizon, il s'étale sur le ciel de teintes orange et rose. Un autre souffle s'échappe de moi, agacé et résigné. Ce n'est pas la vie que j'ai choisie, ni celle que j'ai désirée.

Chaque pas que je fais m'éloigne un peu plus de ce rêve que j'ai à peine eu le temps d'effleurer, de savourer et pourtant, je continue d'avancer comme poussée par le déni que je me suis greffée.

Je scrute les alentours avec une légère appréhension et finis par appeler un taxi. Mon espagnol est hésitant, maladroit et mon accent français trahit aussitôt mon étrangeté. Pourtant, le chauffeur ne semble pas s'en formaliser. Il descend de sa voiture avec un sourire bienveillant, m'aide à charger ma valise et m'invite à m'installer à l'arrière. Une fois assise, je laisse mon regard errer sur le paysage qui défile à travers la vitre.

L'Espagne a une façon particulière de capturer le cœur. Les bâtiments aux tons chauds, les balcons ornés de géraniums, les ruelles pavées où le temps semble s'être arrêté... Tout ça me trempe d'une douce mélancolie. Pourtant, cette beauté me semble étrangère tel un décor dans lequel je n'ai pas encore trouvé ma place.

Mon cœur se serre, entre la nostalgie de ce que je laisse derrière moi et l'anxiété de ce qui m'attend.

Je pense à cette nouvelle vie qui s'ouvre devant moi, à cette université que je rejoins avec autant d'espoir que de doute. Les rues animées, la langue qui roule sur les lèvres des passants, tout me semble à la fois impressionnant et écrasant voire maladif. Je suis excitée, peut être un peu heureuse mais la peur ne me quitte pas. Je redoute de me perdre dans cette ville inconnue, loin de ma psychologue, loin de ma ville natale, loin du réconfort de mes chats qui jusqu'ici, ont toujours apaisé mes solitudes.

La bourse que j'ai obtenue est une chance inespérée, une nécessité dans un monde où l'argent semble diriger chaque recoins de chemin. Je n'ai pas le luxe de vivre uniquement par le bonheur ou l'instinct, ni l'amour. Ici, la raison prime, la réalité s'impose et je dois m'y conformer.

Mais quelque part, j'espère que cette terre étrangère, avec ses couleurs vives et son soleil généreux saura m'accueillir et m'aider à surmonter mes doutes. Peut-être même qu'elle finira par m'apprivoiser, moi et ma paranoïa.

Parmi les âmes perdues. { en réécriture }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant