Les fragments d'un coeur brisé

Chapitre 13

La reprise des cours et du travail reprenait sa place habituelle.
Heureuse de retrouver mon petit groupe de copines. Nous nous installons toujours à la même table, partageant avec joie nos souvenirs de vacances.

Léonie en profite pour me poser une question d'un air malicieux :

-Alors avec Noah, ça en est où ?

Sa question me fige. Où est-ce que j'en suis, en effet, avec Noah ?
Cela fait déjà plusieurs semaines que je suis rentrée de vacances. On traînait souvent ensemble le midi et parfois après les cours, des petits bisous, ici et là, mais rien de vraiment sérieux. Noah me proposait souvent de nous voir, de passer du temps ensemble, même si parfois il disparaissait pendant plusieurs jours sans donner de nouvelles.
Sa raison : les problèmes de santé de sa maman.

-On traîne beaucoup ensemble en ce moment. Répondis-je.

-Génial ! S'exclame Léonie.

-Et Ali ?
Intervient Emilie.

À ces mots, un pincement au cœur m'envahit. Ali, n'était qu'un ami, rien de plus.

-Ali est juste un ami.

Léonie et Émilie échangèrent un regard, sourire complice aux lèvres.
Je les fixe une à une, fronçant les sourcils.

- Qu'est-ce que vous insinuez ?

-Oh rien.
Répondit Émilie, toujours le sourire aux lèvres.

-C'est juste que... on voit bien que ce n'est pas vraiment de l'amitié entre toi et Ali, avec la façon dont vous vous regardez. Rajoute Léonie d'une voix douce. Mais ça, vous ne voulez pas l'admettre. Et puis, Ali vient te chercher au travail parfois. Noah, nous ne l'avons jamais vu, lui.

C'est vrai qu'Ali venait souvent me chercher, les filles l'avaient vu plusieurs fois.

-On peut faire ça en tant qu'ami.

Léonie lève les yeux au ciel.
- Reste dans le déni, alors.

C'est vrai qu'Ali m'a toujours plu, qu'il m'a toujours attirée, mais c'est mon colocataire, mon ami. En ce moment, je flirte avec Noah depuis un certain temps déjà. Entre Ali et moi, il n'y a jamais rien eu qui pourrait laisser penser le contraire. Une fois, nous avons dormi ensemble, mais il ne s'est jamais rien passé. Une autre fois, j'ai failli le voir nu en entrant par accident dans la salle de bain, mais là aussi, il ne s'est rien passé de plus. Juste des petits câlins amicaux, rien d'autre...

Est-ce qu'on peut vraiment faire ça entre amis ? Le doute commence à m'envahir. Ali n'a jamais montré de signe qu'il voulait plus que de l'amitié. Jamais.

-Moi je ne le sens pas trop ce Noah avec toi. Repris Léonie. Il à l'air très gentil mais je pense pas qu'il puisse te rendre heureuse comme Ali pourrait le faire.

- C'est vrai je suis d'accord avec les filles.
Intervient Saliha un sandwich à la main pour s'asseoir à notre table, elle venait tout juste d'arriver.

Je reste silencieuse un instant. Pourquoi les filles semblaient-elles si convaincues ?
Si vraiment il y avait eu quelque chose de plus entre Ali et moi, je ne serais pas là avec Noah aujourd'hui. C'est vrai que parfois, Noah a des comportements qui m'agacent, mais j'ai l'impression qu'il fait des efforts, qu'il change, malgré les soucis de santé de sa mère.

La journée se poursuit comme à son habitude aux côtés de Léonie, Émilie, Saliha et Mel : prise de sang, piqûre, chirurgie, pansement, stérilisation... Tout est normal pour une journée de travail dans une clinique vétérinaire.

Quand la fin de la journée arriva, je sentis la fatigue peser sur mes épaules. Je retire mes crocs en arrivant aux vestiaires. Dehors, le soleil commençait déjà à se coucher, annonçant l'hiver.
Le froid traverse mon manteau alors que je monte dans le tram pour rentrer chez moi.

Arrivée à l'appartement, je décide de préparer le repas en attendant Ali : des pâtes au pesto. L'eau commençait tout juste à bouillir quand le cliquetis de la serrure résonna dans la pièce. Ali entre, se débarrasse de son manteau et s'approche de moi.

- Il fait froid dehors.
Dit-il en frottant ses mains. Que fais-tu de bon ?

-Des pâtes au pesto.

-Ah super j'adore ça ! Il sourit et m'aide à mettre la table. Une fois le repas prêt, nous nous installons l'un en face de l'autre, discutons de notre journée.
Au moment où il me raconte une anecdote de son travail, son téléphone vibre sur la table. L'écran s'allume, laissant apparaître un prénom : Inès. Ali s'interrompt, un sourire aux lèvres, et répond au message. Le reste du repas se déroule ainsi, cette Inès occupait son attention.

À chaque vibration du téléphone, un pincement traverse ma poitrine, une bouffée de colère m'envahit. Pourquoi, alors que nous dînions ensemble, ressentait-il le besoin de parler à une autre ?
Une pointe de jalousie ? non, qu'est-ce que je raconte... Je ne suis absolument pas jalouse. C'est juste que je suis là, en face de lui, et il ne me prête pas attention. Je trouve ça un peu irrespectueux. Non, ce n'est pas de la jalousie, bien sûr que non.  Il a tout à fait le droit de parler à d'autres filles, tout comme moi, je parle à Noah. Pourtant, je ressens quand même une petite douleur au cœur.

-C'est qui Inès ?
Curieuse de savoir qui est cette fille, je ne peux pas m'empêcher de lui poser la question.

Ali détache enfin ses yeux de son écran pour plonger son regard dans le mien.

-C'est une fille que j'ai rencontrée à une soirée.
Me répond-il avec un sourire, avant de se lever pour débarrasser la table, puis de se diriger vers sa chambre, toujours plongée dans sa conversation.

Une fille rencontrée en soirée ? Depuis quand ? Cela semble récent. Tant mieux, qu'il fasse de nouvelles rencontres surtout après sa dernière relation.
Pourtant, une pensée traverse mon esprit : Je suis sûrement mieux qu'elle. Mais qu'est-ce que je raconte ? Peu importe que je sois mieux ou non. L'essentiel, c'est qu'elle lui convienne. Malgré cela, une vague de colère m'envahit encore de nouveau.
Pourquoi je ressens cela ? Serait-ce vraiment de la jalousie ? Pourquoi serais-je jalouse, alors que nous ne sommes que des amis ?

Après tout, les filles ont peut-être raison... Peut-être que je ne l'ai jamais vraiment vu comme un ami, que j'ai toujours essayé de me cacher la vérité : Peut-être qu'au fond, j'ai toujours ressenti bien plus que de l'amitié pour Ali.