<< Salut Réo.
C'est Ethan.
Tu ne me réponds pas alors j'imagine que tu es occupé avec la belle Cassandre. Comment vas-tu ces derniers temps ? Moi, je prends des vacances. Loin de tout, loin de toi, je prends du bon temps mais tu me manques. Enfin, c'est juste que ça fait un bail qu'on n'a plus parlé toi et moi.
Toujours à la recherche de tes souvenirs ? Je vais peut-être t'aider un peu finalement. Tout bien réfléchi il y a certaines choses dont il serait bon que tu te souviennes. Je te parle pas de choses banales comme le goût d'un gâteau d'anniversaire ou la musique que t'écoutais en boucle pendant ton adolescence. Non. Je te parle de quelque chose qui va sûrement bouleverser le cours de ta vie. Et de la mienne. Je parle de quelque chose qui va me rapprocher de toi que tu le veuilles ou non.
Je ne sais pas ce dont tu te souviens exactement. Mais tu n'as pas pu oublier cet été là, quand on avait sept ou huit ans. Il faisait si chaud. Et les orages ne cessaient d'éclater. A cause de ça on passait le plus clair de notre temps enfermés sous la clim' a regarder des mangas. Je t'avais même apporté ma collection de carte Magic et tu me suppliais de t'en donner. Tu adorais ce jeu. T'as pas arrêté de me harceler pour les avoir, même celles que je préférais. Mais ça me faisait rien, après tout, je te l'ai jamais dit, mais elles étaient pour toi. On a joué avec tout l'après midi. Mais le lendemain on s'ennuyait. Il pleuvait encore à verse. On pouvait pas jouer dehors alors on s'est occupés comme on pouvait. Au bout d'un moment on en a eu assez de rester enfermés. Alors, c'est là que j'ai proposé qu'on aille dans la cabane dans l'arbre au fond du jardin.
En y repensant c'était vraiment pas une bonne idée. On s'est fait chopé par ton père alors qu'on essayait de sortir. On a bien essayé de lui expliquer qu'on s'ennuyait, qu'on voulait aller dehors, il nous a hurlé dessus et nous disait qu'on était pas normaux. Il demandait à Dieu pourquoi son gosse était comme ça. Pourquoi il était pas comme les autres. Pourquoi on était ce qu'on était.
T'as pas pu oublier la dispute qui a suivie. On était dans ta chambre et on écoutait ce qu'il se passait derrière la porte. Ta mère prenait notre défense, ton père, lui, nous blâmait. Tu t'es mis à pleurer. A demander ce qui n'allait pas chez toi. Si tes parents s'aimaient encore et si toutes leurs disputes étaient de ta faute. Et moi je te consolais. Je ne pouvais pas te dire grand chose. Après tout, moi non plus je ne comprenais rien à ces histoires.
Mais maintenant, toi et moi, on est adultes et on sait. Tout du moins, moi je sais. Je sais que tout cela n'était pas de ta faute. Leur divorce, l'abandon de ton père, la mélancolie de ta mère, les croyances malsaines de tes grands-parents, rien de tout ça n'était de ta faute. Tu as sans doute refoulé cette culpabilité, cette tristesse, ce sentiment que tu n'aurais jamais dû venir au monde. Mais moi je te le dis Réo : rien de tout ça, n'est de ta faute. Et je te le redirai autant de fois qu'il le faudra pour que tu exorcises tout ça.
C'est peut-être une mauvaise idée de te parler de tout ça. Mais un jour viendra où tes souvenirs reviendront. Tu revivras ces sensations douloureuses, et tu te sentiras à nouveau seul et abandonné. Mais Réo, dans ces moments-là, souviens-toi que moi je suis là. Je garde ton secret, et tu gardes le mien. Oui. Même si en ce moment je suis loin de tout, loin de toi, si tu as besoin de moi, alors je serai là. Et je le serai toujours.
J'espère que nous reparlerons très bientôt, et que cette fois tu me répondras.
À bientôt Réo.
Et n'oublie pas, rien de tout ça n'est de ta faute. >>
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Amnesia
Mistério / SuspenseLorsqu'il se réveille, tous ses souvenirs ont disparu... et pourtant ceux-ci révéleront petit à petit un secret bien gardé.