Juste toi

Chapitre 1

Une des batailles les plus dures que nous menons dans la vie, c'est la guerre entre l'esprit qui connaît la vérité et le cœur qui refuse de l'accepter.

Voilà la phrase qui hante mon esprit sans jamais le laisser tranquille, voilà la phrase qui me fait le plus de mal : mal de l'admettre, mal de l'accepter.

Mais comment accepter ce à quoi on n'est pas prêt à renoncer ? Avons-nous le choix ?

Tes mots résonnent en moi comme une simple mélodie, une mélodie de plus en plus douloureuse, plus rapide, plus épineuse, plus tranchante...

Serai-je prête à te lâcher ? Serai-je prête à avancer sans toi ?

La rentrée est demain.

Un jour comme un autre, j'écris sur ces pages de carnet.

Dans ma chambre, dans une obscurité des plus sombres, je me demande comment ce jour pourrait bien à jamais me faire basculer. Mais mes yeux sont lourds, je me laisse emporter dans les bras de Morphée. Demain n'est qu'un autre jour.

Le lendemain matin, Lou se réveilla sous une lumière diffuse, à peine filtrée par les rideaux de sa chambre. Elle resta un moment étendue dans son lit, son esprit encore enveloppé dans la sensation étrange qui l'avait suivie toute la nuit. Cette rentrée, sa troisième année d'école d'infirmière, résonnait d'une manière différente cette fois. Elle essayait de se convaincre que tout allait se dérouler comme les années précédentes, mais quelque chose en elle semblait s'éveiller, une sensation insaisissable qui la laissait confuse.

Elle s'étira lentement, ses cheveux dorés s'étalant en une cascade sur son oreiller. Une part d'elle se sentait prête à affronter cette journée, l'autre ne pouvait ignorer la sensation sourde d'une vague qui se préparait à déferler. Elle se leva finalement et se dirigea vers la salle de bain. Son reflet dans le miroir la fixa, ses yeux d'un bleu cristallin semblaient étrangement vifs, presque interrogatifs, comme si même son propre corps percevait l'étrange tension dans l'air.Lou attacha ses cheveux en une queue de cheval négligée, laissant quelques mèches retomber sur son visage. Une fois prête, elle prit une profonde inspiration, attrapa son sac et quitta son appartement.

En arrivant à l'école, tout semblait à la fois familier et étranger. Les couloirs lui paraissaient légèrement plus longs, les visages des autres étudiants plus distants. Le bourdonnement habituel de la rentrée flottait dans l'air, mais Lou sentait un poids invisible dans sa poitrine. Chaque pas résonnait avec une intensité démesurée.

Alors qu'elle s'approchait de l'amphithéâtre pour son premier cours de la journée, quelque chose attira son attention. Elle ralentit instinctivement le pas. Là, à quelques mètres, un homme était appuyé contre un mur, une posture décontractée, mais avec une présence si palpable qu'elle en était presque tangible. Ses cheveux bruns étaient légèrement en bataille, et ses vêtements sombres contrastaient avec la lumière matinale. Ce n'était pas quelqu'un qu'elle avait déjà vu ici.

Il ne semblait pas particulièrement intéressé par ce qui l'entourait, mais Lou ne put s'empêcher de sentir un frisson lui parcourir l'échine. Il leva la tête, et leurs regards se croisèrent. Elle fut frappée par l'intensité de ses yeux noisette. Ils étaient profonds, mystérieux, comme s'ils renfermaient un secret trop lourd à partager. Le temps sembla se figer. Ce n'était pas un simple regard ; c'était comme s'il cherchait à lire quelque chose en elle, à percer une vérité qu'elle-même ignorait.

Lou sentit son cœur s'emballer, et une chaleur étrange monta à ses joues. Elle détourna le regard, un peu gênée par l'intensité de ce bref échange, mais en reprenant son chemin, elle pouvait encore sentir ses yeux sur elle, comme s'ils l'avaient marquée.