RADUCHKA T1 (terminé), T2 (en cours)

T2.Chapitre 42 - Rendre des comptes

Le Prince

Avoir vu Mia, seulement quelques minutes afin de lui donner son nouveau portable m'a fait du bien. La nuit a été si longue sans elle. Je n'ai pas beaucoup dormi, malgré la fatigue. Son absence a été difficile à gérer. C'est comme si elle était devenue la seule capable de me permettre à mieux me sentir, à être apaiser.

J'aurais d'ailleurs bien eu besoin de cette nuit afin de trouver le courage d'affronter mon père. Nous avons été convoqués, moi-même, Yian et nos hommes, au manoir de mon paternel pour parler de la mission Binson.

Je suis parqué devant le manoir depuis bien dix minutes. Mes poings tremblent d'appréhension. Il sera déçu et en colère que nous n'ayons pas respecté les règles qu'il nous avait données avant, à savoir : ramener Binson vivant.

Comment lui expliquer qu'il était impensable qu'il fasse du mal à mon arc-en-ciel ? Jamais il ne le comprendra et, d'ailleurs, quand il devinera mes sentiments envers elle, il me le fera payer.

Personne ne touche à ses jouets, et c'est ce que Mia est, bien qu'il la laisse se faire tringler par la totalité du club. Sauf que personne à part lui n'a le droit de lui faire du mal.

Qu'il ne lui a pas fait !

Ce qui est étonnant, lui qui est friand de sexe brutal. Je me demande bien pourquoi il use de ce genre de précaution envers elle. Même Jenna ne peut baiser avec lui sans échapper à sa violence.

Je me saisis de mon téléphone et appelle ma douce Mia. Elle me répond presque à la dernière tonalité et je suis ravie d'entendre sa respiration. Je ressens une pointe dans la poitrine quand je remarque le son éteint de sa voix.

— Mia, que se passe-t-il ? m'enquis-je avec grande crainte.

— Rien, ne t'inquiète pas. Ça va.

— Tu as pleuré ?

Elle ne dit rien, ce qui accentue mon angoisse. Lui a-t-on fait du mal ? Mon père est-il déjà au courant de ce que nous avons fait durant cette mission ? Lui a-t-on dévoilé que Charlie était mort ?

Tant de questions et si peu de réponses. Ma douce ne daigne vouloir me parler, elle élude, se mure dans le silence, ce qui me stresse beaucoup.

— Tu bosses ? demandé-je lorsque l'une de ses collègues la presse.

— Au comptoir, m'informe-t-elle. J'n'ai pas envie de ruminer encore dans ma chambre ce soir.

— Ruminer quoi ? Mia, parle-moi, s'il te plaît ! quémandé-je.

De nouveau, Raduchka ne veut pas répondre clairement. Quelque chose tourne pas rond, alors je lui promets de venir la voir quand j'en aurai terminé avec mon père.

— Non ! Ne t'en fais pas, tout va bien. Laisse tomber, lance-t-elle avant de raccrocher.

Laissez tomber ? Je crois qu'elle ne m'a pas très bien cerné. Déterminé à la retrouver au plus vite, je me rends d'un pas décidé à l'entrée du manoir de Vladimir Petraïov, un millier d'interrogations en suspens dans ma tête et une mallette bien remplie dans les mains. Un majordome me reçoit et m'indique le second salon à droite. Je ne prends même pas le temps de me déshabiller, puisque je ne compte pas m'éterniser. Mon père s'y trouve déjà et m'enlace pour me saluer. La présence de Mikhaïl, en train de jouer au billard avec Yian, arrivé un peu avant moi, m'interpelle.

— Les autres sont allés chercher Charlie, précise mon bras droit d'un air anxieux.

Le serpent me fait une fausse révérence. Je le fusille d'une œillade noire. Il ne m'avait pas manqué. Sans plus de cérémonie, je retourne auprès de mon père dans le coin bar et me sers un verre de vodka. Que ce divin nectar m'avait manqué !