Chapitre 4

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Léa : Mais comme tu n'y arrives pas, tu veux que je te réponde ?

Jay : En effet...

Léa : C'est impossible. Ses mots sortaient presque dans un souffle. Elle avait l'impression qu'ils étaient coincés au fond de sa gorge, qu'elle n'arrivait pas à les laisser sortir.

Jay : Mais ça fait 10 ans que je suis perdu... 10 ans que je n'arrive pas à avancer. Je ne peux pas continuer comme ça, Léa. Il se leva lentement, ses mains se posant sur la table, comme pour se soutenir, mais aussi pour ne pas céder à l'angoisse qui l'envahissait. Je n'arrive pas à me détacher de cette histoire. De nous.

Léa :Je suis désolée, je ne peux pas.

Soudain, une sonnerie de téléphone interrompit l'échange tendu. Hayden décrocha, comme une bouée de sauvetage dans ce silence lourd.

Hayden : Désolé, il faut que je réponde. Il se leva rapidement pour décrocher.

Léa prit une profonde inspiration, les yeux rivés sur le verre devant elle

Léa : Il n'aurait jamais dû t'envoyer ce message. Je vais rentrer...

Jay : S'il te plaît, reste. Je ne te demande pas la lune... Juste de me dire pourquoi, il y a 10 ans, tu m'as laissé seul dans mon appartement. Pourquoi je t'ai appelée toute la nuit sans obtenir de réponse, pourquoi, quand je me suis pointé chez toi le lendemain, tu n'étais pas là...

Léa : Je ne peux rien te dire..

Jay : Léa, on était ensemble... Je te faisais confiance, et je t'ai même proposé de venir vivre avec moi. Et puis, tu as disparu de chez moi, me laissant seul après la douche. Le lendemain, tu as laissé une lettre disant que personne ne devait te retrouver. Ton père n'a pas voulu que je la lise, mais il m'a raconté ce que tu y disais. J'ai fait le tour des hôpitaux, des morgues, pendant 42 jours. Je t'ai attendue jour et nuit dans le parc, pensant que tu allais revenir. Je t'ai envoyé des messages, passé des appels tous les jours... Puis, un jour, des policiers sont venus frapper à la porte de ton père. Ils nous ont dit que tu étais déclarée morte légalement, faute de nouvelles depuis presque deux mois. Ton père était anéanti... Moi aussi. Alors, je me suis engagé dans l'armée et j'y suis resté six ans. Mais je n'ai jamais cessé de penser à toi. Et maintenant, je te croise ici, vivante... Alors, j'aimerais juste que tu répondes à mes questions.

Léa sentit ses lèvres se serrer. Elle voulait répondre, mais elle fut interrompue par Hayden.

Hayden : Bichette, il y a un problème à l'hôpital, je dois y aller.

Léa : Prends ma voiture.

Hayden : Comment tu vas rentrer ?

Léa : Je rentrerai à pied, t'inquiète. Elle lui tendit les clés.

Hayden : Il est hors de question que je te laisse rentrer à pied toute seule, surtout qu'il fait noir.

Jay : Je la ramène.

Hayden : Merci. Il prit les clés de Léa. Je t'envoie un message quand je quitte l'hôpital. Il se tourna vers sa sœur. Reste calme, d'accord ?

Léa : Je vais rentrer à pied.

Jay : Non, je te ramène. Il a raison, il fait noir, c'est dangereux.

Léa : En tout cas, tu n'auras rien de plus de moi.

Jay : Tu ne me diras rien ? 

Léa : Je ne te dirai rien pour le moment... J'ai besoin de temps.

Jay : Léa, ça fait 10 ans que tu as eu le temps.

Léa : Je ne peux pas. Elle ferma les yeux un instant, s'efforçant de contenir l'émotion qui menaçait de déborder. Je ne peux pas tout te déballer maintenant. Pas ici. Pas devant tout le monde. J'ai besoin de temps. J'ai besoin de tout remettre en ordre dans ma tête. j'ai besoin de triouvrer les mots 

Jay : Prends tes affaires. Je te ramène.

Léa se leva, suivie de Jay. Ils quittèrent le bar sans échanger un mot. Après quelques minutes de silence, Jay brisa enfin l'atmosphère.

Jay : Tu n'as pas besoin 

Léa : Je te demande pardon ?

Jay : Trouver les mots avec moi ? Tu n'en as jamais eu besoin. Tu sais que jamais je ne t'ai jugée. Il s'arrêta un instant, son regard plongé dans le sien, comme s'il cherchait à comprendre les profondeurs de son âme. Tu sais que tu pouvais tout me dire.

Léa : Je ne peux pas te le dire comme ça.

Jay : Pourquoi ? Ici, tu n'as plus d'excuse.

Léa : Parce que c'est trop gros, Jay. Ça fait trop longtemps que je porte tout ça seule. Si je sors tout maintenant, ce serait... Elle baissa la tête. Je t'ai perdue il y a 10 ans, et je ne veux pas revivre ça.

Jay : Tu ne me perdras pas une dernière fois. Je t'ai toujours dit que je serais là, quoi qu'il arrive.

Léa : C'est trop dur, je suis désolée. Laisse-moi du temps...

Jay arrêta sa voiture juste devant l'immeuble de Léa. Il la regarda, ses yeux brillant de la douleur qu'il lui causait. Elle avait les larmes aux yeux et il se sentit profondément coupable de l'avoir mise dans cet état.

Jay : Est-ce que c'est moi qui t'ai fait peur, quand je t'ai proposé de vivre avec moi ?

Léa : Non... Pas du tout.

Jay : Pourtant, c'est la dernière chose que je t'ai dite avant que tu ne fuis.

Léa : Te quitter a été la décision la plus difficile que j'ai dû prendre.

Jay : Alors, pourquoi l'as-tu prise ?

Léa : Parce que je n'avais plus le choix, c'était une question de vie ou de mort... Je ne supportais plus.

Jay : Léa, je n'ai jamais cessé de t'aimer. Tu n'imagines même pas combien de femmes ont essayé, mais à chaque fois, c'était toi que je voyais.

Léa : Laisse-moi du temps, Jay... Je te parlerai. Pour le moment, tu devras te contenter de ça. Elle se tourna pour sortir de la voiture. Bonne nuit, Jay.


Pour toujoursWhere stories live. Discover now