Chapitre 2 : Différent

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Gabriel était assis dans le noir, les yeux rivés sur l'écran de son téléphone. La lumière bleutée éclairait son visage, creusant les ombres sous ses yeux fatigués.

Depuis que Jordan était réapparu dans sa vie, même brièvement, il n'avait pas pu trouver de paix. Le Jordan qu'il avait retrouvé n'était pas celui qu'il avait perdu ; c'était un homme brisé, changé, presque méconnaissable.

Gabriel en était hanté, et ses nuits étaient peuplées de cauchemars qui ne semblaient jamais vouloir s'arrêter.

Ce matin-là, alors qu'il tentait une fois de plus de reprendre une routine normale, son téléphone vibra, rompant le silence tendu de son appartement.

Un message d'un numéro inconnu. Le cœur de Gabriel se serra ; chaque fois qu'il recevait un message d'un numéro qu'il ne connaissait pas, il ne pouvait s'empêcher d'espérer que c'était Jordan.

Il ouvrit le message avec des mains tremblantes, une appréhension grandissante l'envahissant.

La vidéo démarra instantanément, sans avertissement. L'image était granuleuse, mais Gabriel reconnut immédiatement l'endroit : un entrepôt sombre, à peine éclairé par quelques néons clignotants.

Au centre, il vit Jordan, agenouillé, ses mains attachées dans le dos. Son corps était couvert de marques rouges et de bleus, et son visage affichait une douleur indicible.

Gabriel retint son souffle, chaque fibre de son être hurlant de désespoir. Puis il apparut : le père de Jordan, tenant une chaîne en métal dans une main et un fouet dans l'autre.

Sans un mot, l'homme commença à frapper Jordan, chaque coup résonnant dans la pièce avec une brutalité glaçante. Jordan ne criait pas, il ne suppliait pas.

Il encaissait, les dents serrées, ses yeux remplis d'une défiance silencieuse. Gabriel sentit son estomac se nouer, chaque coup était comme un poignard dans son propre cœur.

Il voulut détourner les yeux, arrêter la vidéo, mais il était paralysé par la terreur et l'impuissance.

Le père de Jordan frappait encore et encore, le fouet s'enroulant autour de la peau déjà meurtrie, la chaîne frappant avec une violence inhumaine.

Les minutes semblaient s'étirer en une éternité. Gabriel était impuissant, figé, chaque coup résonnant dans son crâne. Quand la vidéo s'arrêta enfin, il resta là, le souffle coupé, les yeux écarquillés de terreur.

Il sentait les larmes monter, brûlantes, tandis que la colère et le désespoir se mêlaient en lui dans un tourbillon incontrôlable.

Sans perdre une seconde, Gabriel tenta d’appeler Jordan. Le téléphone sonna une fois, deux fois, puis directement sur la messagerie.

Il essaya encore, laissant des messages désespérés, sa voix brisée par l'émotion.

— Jordan, s’il te plaît, rappelle-moi. Dis-moi où tu es. Je t'en prie.

Après ce qui sembla une éternité, le téléphone de Gabriel vibra enfin. Un message. Juste une adresse, et rien d'autre.

Gabriel sortit en trombe de son appartement, ses pensées tournant à toute vitesse. L'adresse le mena à un bâtiment délabré, un ancien studio photo abandonné.

L'endroit avait une atmosphère lourde, presque suffocante, comme si les murs avaient été témoins de trop de secrets. Gabriel poussa la porte avec précaution, son cœur battant à tout rompre.

Politiques Illusoire ( Tome II )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant