𝟶𝟷. 𝙿𝚛𝚎𝚖𝚒𝚎𝚛 𝚌𝚘𝚞𝚙 𝚍𝚎 𝚖𝚒𝚗𝚞𝚒𝚝

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𝙰𝙲𝚃 𝟷


𝙳𝚎𝚜 𝚑𝚊𝚞𝚝𝚎𝚞𝚛𝚜, 𝚓𝚎 𝚍𝚎𝚜𝚌𝚎𝚗𝚍𝚜 𝚜𝚊𝚗𝚜 𝚘𝚞𝚋𝚕𝚒𝚎,
𝚂𝚘𝚗 𝚊𝚛𝚛𝚒𝚟𝚎́𝚎 𝚙𝚛𝚎𝚍𝚒𝚝 𝚞𝚗 𝚝𝚛𝚒𝚜𝚝𝚎 𝚋𝚛𝚞𝚒𝚝.
𝚄𝚗 𝚜𝚒𝚐𝚗𝚎 𝚍𝚞 𝚌𝚒𝚎𝚕 𝚗𝚘𝚗 𝚗𝚎́𝚐𝚕𝚒𝚐𝚎́,
𝙴𝚝 𝚕𝚎 𝚛𝚊𝚙𝚙𝚎𝚕 𝚍𝚞 𝚝𝚎𝚖𝚙𝚜 𝚚𝚞𝚒 𝚖'𝚎𝚜𝚝 𝚌𝚘𝚖𝚙𝚝𝚎́.








𝟹 𝙹𝚊𝚗𝚟𝚒𝚎𝚛 𝟷𝟿𝟺𝟺,
𝚆𝚎𝚜𝚝𝚖𝚒𝚗𝚜𝚝𝚎𝚛, 𝙻𝚘𝚗𝚍𝚛𝚎.

-        Va crever ! Sale enflure !

Quelle douce poésie qui entaille mes tampons. Voilà une éternité que je ne l'ai pas entendu croasser de la sorte. C'est presque comme si, quelque chose de rafraîchissant allait nous tomber dessus. Comme un mince rayon de soleil après un tonnerre de pluie.

Je reviens en arrière, et le vois, titubant sur le trottoir de l'autre côté de la rue, se balançant dangereusement sous le poids de l'ivresse. Sans surprise, son corps de quarantenaire a encore une fois succombé au vestige de l'alcool.

Il était autrefois vigoureux, presque charismatique, malgré ses manières un peu rustres. Maintenant, il n'est plus qu'une ombre, une carcasse errante, pourrissant sous le joug de son propre malheur.

Il paraît plus mal au point depuis sa dernière apparition. Ses vêtements sont déchirés, sales, et ses cheveux sont collés à son crâne comme s'il ne les avait pas lavés depuis des semaines.

-        Brûlez Tous dans les flammes de l'enfer ! continue-t-il à jacasser, ses bras gesticulant de manière désordonnée. Vos péchés vous rattraperont...notre seigneur tout puissant...nous nous épargnera plus.

Je soupire, peu impressionné. Ce n'est pas la première fois que je l'entends crier ainsi. Des cris rauques s'échappent de sa gorge sèche, perçant chaque jour cette ambiance glaciale.

Je l'observe un instant de plus, ma pile de journaux sous le bras.

-        C'est la fin ! C'est la fin pour nous tous ! hurle-t-il, sa voix brisée se répercutant contre les murs de briques sales.

Les passants continuent de marcher, indifférents. Ils l'évitent, comme on éviterait une flaque d'eau ou un obstacle gênant. Personne ne veut croiser son regard, de peur de s'attirer ses foudres.

Nos regards se croisent, et malgré la distance, je ressens la violence de son expression meurtrière, qui ne me fait plus ni chaud ni froid. Son désespoir, sa violence, sa haine – tout ça est devenu si banal, si familier.

Et puis, au fond de moi, il y a cette pensée qui surgit, insidieuse. Peut-être que toute cette colère me vise, moi. Peut-être que je suis, d'une manière ou d'une autre, le réceptacle de ses rancunes amères.

C'est comme s'il hurlait en me pointant du doigt, pour que je comprenne ce qu'il ressent, pour que je partage son angoisse. Puis je me dis que cette idée est ridicule. On a beau se croiser tous les jours, on ne s'est jamais adressé la parole une seule fois.

Je soupire à nouveau et retourne à mon occupation.

-        Dernières nouvelles! crié-je, tentant de masquer les hurlements de l'autre côté de la rue. Offensives allemandes ! Lisez tout sur l'attaque !

PROPHECYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant