PREMIERE PARTIE

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- Cesse de bouger Coraline.

- Mais c'est trop serré.

Lyla, l'une de mes nombreuses servantes, m'aidait à mettre mon imposante robe et tirait sur le cordage de mon corset comme si elle souhaitait me couper définitivement le souffle.

- Tu es bien trop douillette, poursuivit-elle en tirant de plus belle. Il faut que tu fasses bonne impression à chaque fois que tu sors, c'est ton rôle.

- Je ne suis pas douillette, je suis simplement humaine. Si tu me brises les os je ne pourrais pas sortir du tout et ce sera de ta faute.

Elle leva les yeux au ciel et fit un gros noeud pour clore l'affaire, ce qui n'était pas pour me déplaire. Je soufflais sur l'une des mèches qui me retombait sur le visage. Victoria, ma dame de compagnie, mais avant tout mon amie la plus chère, avait relevé mes cheveux en un chignon relâché et laissé quelques boucles dorées encadrer mon visage, ce qui faisait ressortir mes yeux. Ma mère disait souvent qu'ils étaient mordorés, moi je les trouvais d'un vert qui tirait vers le marron plutôt banal.

Elles s'assuraient toutes deux que ma robe bleue ne présentait aucune imperfection quand la porte de ma chambre s'ouvrit avec fracas.

- Est-elle prête ?

Mon père venait d'entrer et il montrait quelques signes d'impatience. Lyla et Victoria s'étaient inclinées à sa vue, laissant leur inspection. Je pris la parole avant elles.

- Je suis prête. Nous pouvons y aller.

- Bien.

Il me fit un signe de tête pour que je le suive et tourna les talons. Mon père n'était pas ce qu'on pouvait appeler un tyran mais il n'était pas non plus un homme très agréable. Il ne souriait qu'en public et ne m'adressait la parole que quand il y trouvait un intêret. Je descendais les escaliers à sa suite, et montais sur le char attelé de deux magnifiques et imposants chevaux blancs qui nous attendait, aidée par le cochet. Je le remerciais et m'assis en prenant soin de ne pas froisser ma robe. Un coup de fouet claqua dans l'air, les portes du jardin s'ouvrirent et nous voilà parti.

J'ignorais la raison de notre sortie mais je ne tarderai pas à la connaître. Si il désirait que je sois à ses côtés c'est que cela avait un lien avec moi.

Le temps était magnifique. Un doux soleil me réchauffait la peau et la brise, légère, me rapportait le chant gracieux des oiseaux. Je n'avais plus qu'à espérer que rien ne viendrait gâcher cette belle journée.

Arrivés au village, le cochet s'arrêta près d'une grande estrade en pierre et à nouveau me proposa son aide, ce que j'acceptais. Nos gardes étaient déjà à leur poste tout autour, afin de s'assurer qu'il n'y aurait aucun débordement. Les villageois se pressaient tous les uns contre les autres pour écouter ce que mon père était venu leur dire et le silence s'installa quand ils nous remarquèrent.

Je parcouru la foule du regard et m'aperçu qu'aucun d'eux ne mettait réellement famillier, ce que je regrettais amèrement. Ils n'étaient que des paysans et des artisans, mais c'était grâce à eux que le royaume fonctionnait et je m'en voulais de ne pouvoir leur rendre ce qu'ils nous donnaient.

Mon père s'avança et leur servit le plus large de ses sourires, avant de prendre la parole.

- Très cher peuple de Castle Roc, tout d'abord merci d'avoir répondu présent.

Comme si ils avaient le choix, pensais-je. Mais je me gardais bien de faire cette réflexion à voix haute.

- Si je viens à vous c'est pour vous faire part d'une grande nouvelle. Votre princesse, ma fille, va prendre un époux.

CASTLE ROC Le courage d'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant