Minuit : les Canyons

Espionner ou risquer sa vie 15 000 fois et récolter un simple "Merci"

Le vent du Nord soufflait fort et ses cheveux s'emmêlaient chaque secondes un peu plus. Qu'importe vu qu'elle volait avec lui. Les plumes enflammées des ailes de son homme les portaient depuis maintenant deux jours sans qu'ils ne soient redescendus une seule fois. Mais ils étaient bien. Ils n'avaient ni faim, ni soif, ni froid. Évidemment, puisqu'ils étaient ensemble.

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Ils perdaient rapidement de l'altitude, étant bientôt arrivés à destination. L'atterrissage serait difficile, les courants étant principalement ascendants, les poussant vers le ciel et ses nuages blancs moutonneux. Mais cela ne les inquiétait pas vraiment, il devrait seulement la laisser plonger avant lui. Après un baiser brûlant, il la lâcha. Il observa attentivement sa descente. Pendant quelques instants, la jeune femme se laissa tomber en étoile, puis commença à enchaîner pirouettes et saltos qui auraient été périlleux pour un humain dans les mêmes conditions. Enfin, elle se réceptionna souplement sur un énorme trampoline où elle rebondit deux, trois fois avant de s'immobiliser. Leur contact l'aida à descendre et parut surpris de la grâce dont elle faisait preuve lorsqu'elle marchait. Ses lèvres lui manquaient déjà. Il secoua vivement la tête pour la sortir de ses pensées le temps qu'il regagne la terre ferme.

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Vu qu'elle avait terminé son plongeon, c'était maintenant à lui d'exécuter le sien. Elle et le contact se dirigèrent vers l'espace plat non loin du trampoline géant. Puis elle le vit replier ses ailes et tomber en piqué, tête en avant. N'étant plus qu'à une centaine de mètres du sol, il déploya d'un coup toute son envergure pour se freiner, se stoppant finalement à quelques mètres du sol. Et même avec ça, il atterrit assez violemment. En effet, toujours suspendu en l'air, il dut à nouveau se laisser tomber repliant légèrement ses bras, ses jambes et ses magnifiques ailes nacrées pour ne pas se casser quelque chose. Il se reçut brutalement sur le plat d'une main et un genou. Elle sentit toute la douleur qui lui parcourait le corps se faire absorber par son pouvoir de sirène et il put se remettre rapidement debout. Lui n'avait plus rien, mais elle, ressentait toute la souffrance qui l'assiégerait sans son aide. La douleur résonnait en elle, partant de sa paume et de son genou. Oh, le pauvre, lui qui devait supporter cela chaque jour. Elle fit une moue tristounette, mais se repris bien vite, affichant un visage plus professionnel. Ils avaient un rapport à faire avant de pouvoir se reposer. Elle aida donc l'être ailé à se relever et le soutient. Il était éreinté mais se remettrait vite.

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Le contact les mena donc vers une porte de transfert. La forêt qui s'étendait autour de nous était truffée de branches basses et les arbres étaient bien trop rapprochés pour qu'ils puissent voler sans risques. Au bout d'un quart d'heure, ils s'arrêtèrent enfin face à une imposante arche de pierre. Elle était recouverte de lianes bleues où pulsait une énergie mystique puissante. Reliant le haut de l'arche au sol, un fin voile bleu décoloré stagnait. Le contact, qui n'était autre que le valet de chambre du roi, à qui le haut personnage confiait la plupart des tâches confidentielles, se mit un peu en retrait et les laissa passer en premier. Ils traversèrent le voile et le valet de chambre les suivit. Ils débouchèrent sur une salle titanesque. La salle du trône. L'être ailé et la femme s'avancèrent. Le long de l'allée se dressaient des colonnes impressionnantes par leur tailles (si la femme et l'homme avaient mis leurs bras autour, leurs main n'auraient pues toucher celle de l'autre) et par la finesse avec laquelle elles avaient été sculptées. Des lierres et lianes de pierres couraient sur toute leur hauteur, se finissant dans le feuillage de vitraux fournis du plafond. Ce dernier formait un gigantesque dôme où se rejoignaient les lianes et les lierres des colonnes pour former une voûte.

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Une fois devant le trône, les deux personnages mirent un genou à terre devant lui. Cela fit grimacer l'être ailé, qui baissa la tête, mais il se détendit bientôt et regarda de nouveau vers le siège de pierre où il était assis. À la place, les muscles de l' "elfe" se tendirent, puis se décrispèrent. Elle venait d'absorber la douleur de " l'ange ", si l'on pouvait se permettre de l'appeler ainsi. En effet, ni l'un ni l'autre n'était entièrement ce qu'ils paraissaient être. Certes, l' "elfe" avait des oreilles pointues, l'incroyable souplesse et la vitesse de son "espèce", mais elle avait aussi la grâce, la possibilité de respirer sous l'eau et le pouvoir de soin, ou plutôt d'absorption de douleur, des sirènes. C'était un peu le même principe pour l' "ange". Il était agile, robuste et arborait une paire d'aile, mais était de grande taille et pouvait se laisser emporter dans une fureur dévastatrice, s'embrasant comme une torche, tel un nain. Ils étaient hybrides. Ses hybrides. Certaines combinaisons d'espèces étaient plus efficaces que d'autres. Mais il les envoyait tous comme espions. Parce que même si certains n'étaient pas aussi doués que les autres, ils l'étaient toujours infiniment plus que des espions et guerriers conventionnels. Un sourire cruel étira ses traits. Voici où il en était de ses pensées quand ils commencèrent leur compte-rendu de mission en s'adressant à lui, leur souverain. Quand ils eurent terminés, il les libéra, les envoyant se reposer et leur assurant qu'il les préviendrait s'il avait de nouveau besoin d'eux dans l'immédiat. Ce qu'ils lui avaient conté était fort intéressant : il existait maintenant un hybride rassemblant les quatre races les plus importantes de leur Monde. Elle se nommait Hope et avait à peine quatre ans. Pourquoi ne l'avaient-ils pas remarqué avant ? Tout simplement parce que ses pouvoirs venaient seulement de s'enclencher. Elle était fortement en avance, mais ses parents sauraient prendre soin d'elle. Il en était convaincu. Ils avaient toujours été forts. Elle l'avait toujours été. Normal, pour la Chef des Insurgés.