Un simple Oracle

Chapitre 44

Henrickson ( pdv )

Après une annonce mouvementée, la majorité des habitants d'Estallya ont décidé de se rendre à une de ses étranges sessions pendant lesquels ils viennent se plaindre de leur situation à leur souverain. Je suis assis dans le trône de Hayra et je pense ne m'être jamais senti aussi peu à ma place ailleurs que dans cette chaise richement décorée.

J'essaye d'écouter les gens attentivement mais je vois bien que la majorité d'entre eux ne sont là que pour voir à quoi je ressemble. Ils veulent aussi certainement s'assurer que toute cette absurde histoire est véridique. Je leur rends autant d'intérêt qu'ils en ont pour leur petit problème. Je m'ennuie et j'ai vraiment du mal à rester concentré. J'aurais presque envie d'avoir ce démon piailler continuellement parce qu'il s'ennuie.

Je n'ai eu aucun signe de lui depuis l'autre jour. Je ne sais pas où il est passé mais étant donné que je peux marcher et faire usage de ma magie, je suppose qu'il n'est pas très loin. Je ne sais pas ce qu'il fait mais il doit encore se cacher... Je n'en sais rien mais il me manque et je sais que je ne devrais pas ressentir un truc pareil à son égart. Mais il est toujours là et puis mes journées m'auraient semblé moins ennuyeuse et longue.

Je m'ennuie...

Je souffle longuement tout en agrippant brièvement les accoudoires pour me redresser. Ce n'est pas spécialement confortable malgré le coussin moelleux. Je suppose que le malaise est la source de tout cet inconfort mais cela reste particulièrement dérangeant. C'est également l'un des milliers de facteurs qui m'empêche de vraiment rester concentré. Heureusement ma conseillère est à mes côtés pour m'aider un peu mais je ne suis pas quelqu'un qui reste naturellement concentré très longtemps. Je ne sais pas exactement pourquoi mais c'est peut-être un peu incapassitant aujourd'hui.

Ça n'a jamais été spécialement pratique mais je peux dire que c'est tout simplement invivable aujourd'hui. Ils m'ennuient tous autant qu'ils sont avec leur faux problème et la manière qu'ils ont de me fixer pendant de bien trop longue secondes. Ils en ont après mon apparence et certains viennent certainement s'assurer que je ne suis pas un vile démon.

C'est certainement ce que je suis mais je n'ai aucune raison de l'être à cet instant précis. J'apperçois quelqu'un marcher à toute vitesse dans notre direction. Il s'adresse d'abord à madame Leblanc qui semble particulièrement affolée par l'information. Elle se penche rapidement pour pouvoir parler à voix basse.

-Il semblerait que nous ayons un problème avec les conseillers, votre Majesté.

Ça m'a mis très mal à l'aise qu'elle s'adresse à moi de la sorte mais je laisse couler puisque je vais certainement enfin pouvoir aller taper sur les conseillers. Je me lève lentement sans demander plus d'informations. C'est une raison suffisante de fuir ces responsabilités là. Je m'incline brièvement pendant que ma conseillère explique que j'ai une urgence. Je m'empresse de traverser les couloirs pour fuir le plus loin possible de la salle du trône.

-Que se passe-t-il ? Finissais-je par demander.

-Il semblerait qu'une petite révolte ait éclaté dans le sud suite à l'annonce de votre prise de pouvoir. Ça n'avait rien de particulièrement menaçant jusqu'à maintenant et les populations n'étaient pas violentes.

-Ne me dites pas que ces idiots ont envoyé des troupes ?

-Pire. Ils n'ont aucune autorité sur l'armée puisque les décisions comme celle-ci doivent passer par la Générale qui est clairement de votre côté.

-Quoi ? Des mercenaires ? Des soldats privés ? Qui ?

-Des mercenaires en effet. Ça risque d'envenimer la situation et de faire d'un petit mécontentement quelque chose de bien plus important.