PEARL

Luna

Et aujourd'hui me revoilà sur son navire, mais cette fois, je vais passer quatre mois cachée à bord pour rejoindre les terres de Limbregārd.

Les jours passent doucement, je m'entraîne à me transformer, j'y arrive de plus en plus facilement, c'est presque devenu un réflexe.

Je me confie à Jack, lui raconte mes aventures et lui révèle mon nouveau nom.

Entre les entraînements et la méditation, je m'installe dans une routine, dans ce petit espace. Les fenêtres à l'arrière du bateau me donnent un accès à l'extérieur sans être vue.

À la nuit tombée, je monte sur le pont pour rejoindre Jack à la barre du navire. Je me serre contre lui, il prend mes mains et les pose sur la grande roue pour que je puisse barrerle voilier.

"Pearl, j'ai réfléchi, cela fait deux mois que tu es à bord et les risques sont trop grands. Quelqu'un pourrait te voir, et dans une semaine, nous allons accoster. On utilisera le même subterfuge pour que tu puisses être libre de tes mouvements à bord."

"Merci, mon capitaine."

Lui dis-je en effleurant son oreille avant de courir et de sauter partout sur le pont. Dans le silence du vent dans les voiles, je grimpe au sommet des mâts, saute de l'un à l'autre, et aux premières lueurs du soleil, je retourne dans la cabine du capitaine.

Je me couche à ses côtés et il me prend dans ses bras, nous restons là, silencieux. J'ai tellement besoin de cette chaleur.

Des cris résonnent sur le bateau, la cloche d'alarme retentit avec force. Jack se lève, s'habille rapidement et monte sur le pont supérieur.

Un navire se positionne juste à côté, une horde de soldats des ombres se prépare à l'abordage.

Un jeune mousse entre dans les cabines, il se précipite dans celle du capitaine.

Il s'arrête au milieu de la pièce, je pose mon sabre sur son cou.

Essoufflé, il me dit :

"Mademoiselle, mademoiselle, ne me faites pas de mal. Je sais que c'est vous, nous sommes attaqués par des ombres."

"Maudit chien, ils ne lâcheront jamais le morceau."

Je range Fanlaï, passe mon bracelet autour de mon collier, et l'instant d'après, je suis en tenue de combat.

J'ouvre la fenêtre à l'arrière, vérifie que personne ne peut me voir, et monte sur le pont supérieur. Je reste cachée derrière le bastingage et observe la scène.

Les ombres sont montées à bord, elles encerclent l'équipage du capitaine Jack. Ils sont une trentaine, certains montent sur les mâts, d'autres descendent dans le bateau.

"Montre-toi, maudite traîtresse, ou nous tuerons ces hommes ! Sache que je n'ai pas de patience."

Le chef, qui hurle ces ordres, est au centre du pont, son sabre posé sur le cou de Jack. Concentré pour me voir apparaître, il ne se méfie pas du petit renard qui passe près de sa jambe.

Il n'a pas le temps de ressentir la douleur qu'il perd l'équilibre. En me transformant et me redressant, je lui tranche la jambe droite, le torse, puis finalement sa tête qui roule sur le pont.

Dans un cri silencieux, les ombres bondissent sur le pont. Je me mets en position de combat, retire ma capuche pour révéler mon visage couvert d'un masque de renard, tandis que ma cape s'envole au vent.

Le combat fait rage, mes coups sont mortels. Alternant entre le sabre et ma forme de renard, je ne laisse aucune chance aux assaillants.

L'équipage a pris les armes et je suis surprise de voir Jack se battre avec la même technique que les ombres.

*Il y a des secrets que je dois découvrir.*

En quelques minutes, nous prenons l'avantage. Il ne reste plus qu'une poignée d'hommes, peu sontencore valides.

Ils sont au centre du pont, déposent leurs armes et se mettent à genoux en signe de reddition. Jacks'avance vers eux.

"Renvoyez-les sur leur navire et qu'ils disparaissent."

Jack remarque un mouvement de colère parmi ses hommes.

"Si, parmi mon équipage, certains ne veulent pas me suivre pour aider mademoiselle Pearl, qu'ils
partent avec les ombres."

Sur la trentaine d'hommes à bord, seulement sept quittent l'équipage. Jack va vers eux, leur souhaite bonne chance, mais les avertit qu'il n'aura aucune pitié s'il devait croiser le fer avec eux.

Le petit navire s'éloigne du nôtre. Jack explique la situation au reste de l'équipage et finit par leur
donner des instructions.

"Dans cinq jours, nous devrions arriver à Derblière. Si les ombres n'ont pas encore parlé, nous ravitaillerons comme prévu, mais sinon, il faudra se battre. Êtes-vous prêts ?"

"Oui capitaine, à la vie, à la mort, nous serons votre équipage."

Crient les hommes d'une seule voix. Plusieurs d'entre eux viennent me saluer et me disent combien je leur ai manqué durant toutes ces années.

Je passe la soirée à leur raconter ma vie depuis le départ du bateau. De toutes mes histoires, c'est celle de ma rencontre avec Luna qui les fascine le plus.

(Souvenirs)

Plusieurs mois après avoir quitté le capitaine Jack et son équipage, je me retrouvais dans les hautes montagnes de Frostermort.

Une grande partie de la forêt était brûlée, mais pas par un feu ordinaire, plutôt par un feu provoqué par de la magie.

D'ailleurs, je pouvais ressentir cette énergie dans tout mon corps. J'avais lancé une incantation pour me protéger dans une bulle d'énergie.

La poussière se levait derrière moi. J'avais attaché le bracelet à mon cou pour être prête au combat et remonté le foulard sur mon visage.

La nuit était tombée plus vite que prévu, j'avais allumé une torche pour éclairer mon chemin. Dans ces ténèbres, je restais sur mes gardes.

Des cris perçaient la nuit, des cris de terreur, tels que je n'en avais jamais entendu auparavant.

Au loin, j'aperçus une lueur. Plus je m'approchais, plus l'éclat de lumière était intense. Une boule de feu flottait au-dessus d'un campement.

Les tentes brûlaient, des corps calcinés gisaient partout. L'odeur des cadavres était insupportable.
Au milieu de cette désolation, une femme tenait une jeune louve dans ses bras.

Des éclairs frappaient le sol, toujours plus près d'eux. Sans réfléchir, j'avais dégainé Fanlaï.

D'un bond, je m'étais retrouvée devant la boule de feu. Les éclairs frappaient ma lame. Puisant dans les plus anciennes incantations que j'avais apprises, je lançai un sort pour attaquer cette boule de feu.

À chaque éclair qui me touchait, je ressentais une énergie monter en moi. Dans un geste de fureur, je libérai toute la puissance accumulée contre la boule de feu.

Lorsque celle-ci explosa, un énorme coup de vent souleva un nuage de cendres.

Une silhouette se dressait devant moi, sabre à la main. Ses coups étaient puissants. Je savais que pour le vaincre, il me fallait ruser.

Dans un mouvement rapide, je fis voler des cendres et portais un coup fatal. La silhouette disparut dans un tourbillon de flammes vertes et noires.