Ce qui s'éveille en ce qui sommeille

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Il faut comprendre que chez le tout petit: " l'expérience prévient les leçons " (Rousseau).
Vivre, ressentir s'éveiller lentement avant de com-prendre . Car la lumière de l'existence est aveuglante et infertile si elle n'est pas progressivement conquise.

"Toute vie, et non seulement la vie végétative, émerge de l'obscurité, et si forte que soit sa tendance naturelle à se mettre en lumière, a néanmoins besoin de la sécurité de l'obscurité pour parvenir à maturité " (Hannah Arendt, La crise de la culture).

Il y a un temps de latence, un temps de sommeil nécessaire à celui de l'éveil, tant et si bien que dans le sommeil lui- même, tout aspire déjà à vivre, car c'est l'éveil, la vie, la clarté lumineuse de l'existence d'un être, qui percent à travers l'obscurité bienveillante de ce qui dort.

Un nourrisson qui dort n'est pas un concombre de mer et quand il se nourrit n'est pas davantage un tube digestif.
Ou alors il faut y voir une vraie "métaphysique des tubes" selon l'expression de l'auteure Amélie Nothomb; pour autant qu'en ces activités végétatives qui jalonnent le début d'une existence, prend corps une vie proprement "humaine".

Le livre d'Amélie Nothomb commence d'ailleurs par identifier le cri de la naissance à un refus de cette lumière qui nous sort brutalement et qui nous agresse.
"Crier c'est dire non", tel est le cogito Nothombien.

Si Vivre c'est veiller: "Profecto enim vita vigilia est", aurait dit Pline l'ancien, alors même endormi l'enfant est déjà en éveil, à l'écoute et aux aguets du monde.

L'enfant, entre l'ombre  et la lumière , article philosophiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant