Beautiful Proximity - T1

Chapitre 3

Doubt - Pilots.

IVANA

La nuit tombe sur la villa, enveloppant le jardin dans un voile d’ombres inquiétantes. Les murmures du vent dans les oliviers n’arrivent pas à apaiser la tension qui me noue l’estomac. Il y a quelque chose dans l’air ce soir, quelque chose qui fait vibrer chaque nerf de mon corps, un pressentiment que je ne peux ignorer.

Dans le bureau de mon père, l’ambiance est étouffante. Les murs sont chargés de souvenirs, de secrets murmurés, d’affaires conclues dans la violence. Et au centre de tout cela, lui. Carl Ivanovitch , le parrain. L’homme que tout le monde craint,  moi de même.

Il se tient derrière son bureau, ses doigts crispés sur le bord en bois massif, ses yeux d’un noir profond braqués sur moi. Ils sont remplis de déception, de cette lueur glacée qui me renvoie toute la honte que je refuse de ressentir. Mon cœur bat à un rythme désordonné, mais je garde la tête haute.

-Tu crois pouvoir défier mes ordres comme ça, Elena ? Sa voix est basse, grondante, mais chaque mot claque avec la force d’un coup de fouet. Tu te crois libre de faire ce que tu veux ?"

Je serre les poings, mes ongles s’enfonçant dans ma paume.

-Je ne suis plus une enfant. Tu ne peux pas me contrôler éternellement.

Le silence qui suit mes paroles est lourd. Les muscles de sa mâchoire se contractent, et avant même que je puisse comprendre ce qui se passe, sa main fend l’air. L’impact me coupe le souffle. Ma tête tourne sous le choc, une douleur sourde irradiant sur ma joue, mais je reste debout. L’odeur du cuir de son bureau, mêlée à celle du cigare qu’il tenait encore il y a quelques instants, emplit mes narines, presque suffocante.

Je refuse de baisser les yeux. Pas cette fois.

-Tu me déçois , grogne-t-il, la voix rauque, chaque mot chargé d’une froideur implacable. Tu n’es qu’un fardeau, un poids mort dans cette famille.

Ces mots frappent plus fort que sa main. Mon estomac se serre, mais je me force à garder une façade impassible. Il ne mérite pas mes larmes. Pas encore.

Sans un mot de plus, je tourne les talons et quitte la pièce, la porte claquant derrière moi. La douleur est là, vive, mais c’est la rage qui brûle le plus fort. Comment a-t-il pu. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Je traverse les couloirs déserts de la maison, mes pas rapides résonnant contre le marbre froid. Dehors, l’air frais de la nuit caresse ma peau, mais il n’arrive pas à apaiser le feu qui crépite en moi. Je m’enfonce dans le jardin, cherchant à fuir ce poids qui m’écrase, à mettre de la distance entre moi et ce monde étouffant.

Et c’est là que je le vois. Une silhouette familière se découpe dans la pénombre. Mon souffle s’arrête.

Dante.

Je me fige, incapable de bouger. Il est là, devant moi, après tant d’années. Son visage, sculpté par le temps, est plus dur qu’avant, marqué par des blessures invisibles que je devine sans qu’il ait besoin de parler. Ses yeux, autrefois remplis de chaleur, sont maintenant froids comme l’acier, et lorsqu’ils se posent sur moi, je sens une onde glaciale traverser mon corps.

-Toi murmure-t-il, sa voix basse, presque un grondement.

Je déglutis, cherchant quelque chose à dire, mais aucun mot ne franchit mes lèvres. Il se tient là, imposant, chaque muscle tendu comme un prédateur prêt à attaquer. Il n’est plus le garçon que j’ai connu. Celui que j’ai trahi.