nouveau départ

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Mia

Il pleut. J'ai beau être dans mon lit, j'entends quand même le bruit fracassant de la pluie contre mes fenêtres. Ça me déprime, je suis le genre de personne à rester au fond de mon lit avec un chocolat chaud en regardant Glimore Girls en ce genre de temps chaotique. Cependant, aujourd'hui, je ne peux pas me le permettre : je dois finir de déballer mes cartons.

Ça va faire 2 semaines que je suis arrivée ici, mais avec les cours, j'ai pas eu le temps de m'installer correctement dans mon nouveau chez moi. Alors je suppose que je vais devoir user de mon dimanche à bon escient et finaliser mes cartons.

De toute façon, vu la météo, je ne vois pas vraiment autre chose à faire que ça. Je savais qu'en venant à Londres le soleil ne pointerait pas beaucoup le bout de son nez, mais ça fait deux semaines que je suis là et il ne s'est pas arrêté de pleuvoir.

J'enfile une tenue confortable, mes écouteurs, et je me met au travail. J'en profite pour passer un gros coup de ménage avant que mon appartement ne ressemble à une porcherie mais surtout avant que maman ne fasse encore une fois ses commentaires désagréables et des-quels je me passerais volontiers. Depuis mon déménagent, il s'avère qu'elle s'obstine à m'appeler tous les soirs pour : « s'assurer que tout va bien. » mais la connaissant, je pense qu'elle veut juste trouver un truc à critiquer pour me descendre et booster son estime d'elle meme. Comme elle l'a toujours fait. Et je ne veux à présent plus lui laisser la chance d'avoir quelque chose à critiquer sur mon mode de vie alors je m'active et passe l'aspirateur.

C'est seulement huit-heures plus tard, à sept-heures du soir, que s'achève mon ménage et mon déballage de cartons. Mon ventre crie littéralement famine et je n'ai pas besoin d'aller dans ma cuisine pour constater à quel point mes placards sont vides. La précarité étudiante me guette, je suppose.

Ou peut-être est-ce juste le résultat d'un départ précipité sans aucune stabilité financière après la goûte de trop?

Après avoir re-vérifier dans mes placards pour m'assurer que personne n'est venu miraculeusement déposer des courses chez moi, et avoir constaté que non, ils étaient toujours aussi vides, je prend mon porte monnaie qui n'est pas bien plus rempli que mes placards, met mes chaussures et sort de chez moi. Je descends les escaliers de l'immeuble à toute vitesse en espérant trouver une épicerie pas trop loin encore ouverte à cette heure ci.

Une fois dehors, je déambule au hasard dans les rues. Je suis arrivée ici il n'y a pas longtemps et j'ai pas encore eu l'occasion de vraiment explorer les alentours. Je ne sais donc absolument pas où je vais et ça m'arrange pas. De ce qu'on m'a dit, je ne vis pas dans l'un des quartiers les plus sécurisés de la ville, alors j'aimerais faire au plus vite.

Après quelques minutes de marche, le froid d'une nuit de début octobre à Londres commence à faire son effet. Je me suis contentée seulement d'un jogging et d'une grosse doudoune noire. J'aurais sûrement dû opter pour une écharpe aussi. Dire qu'à New-York, on sortirai presque en tee-shirt, quel contraste. De toute façon, le froid ne me dérange pas, je me sens même pour une fois détendue...

Je tourne dans une ruelle et passe devant un SDF. Il me salue et, par méfiance, je l'ignore. Je ne devrais pas réagir comme ça, je le sais. Mais je sais aussi que je suis une femme seule dans la rue en pleine nuit dans un quartier mal-famé de Londres sans moyen de défense.

Au bout de la rue, je trouve enfin une épicerie ouverte et je m'y engouffre. J'avance dans les rayons, m'empare de ce que je veux manger et me dirige vers la caisse. En posant mes articles sur le tapis de caisse, je repense à cet SDF qui attendait simplement un "bonjour" en retour de ma part, je me blâme mentalement d'avoir réagi ainsi par pure méfiance et je laisse mes articles à la caissière en m'excusant et en lui expliquant avoir oublié quelque chose. Je me re-engouffre dans les rayons de cette épicerie pas très accueillante et me dirige vers les boissons. Je prend une bouteille d'eau et je me dirige maintenant vers les sandwichs, j'en choisis un et retourne rapidement à la caisse en m'excusant encore une fois et en lui demandant de rajouter ces deux articles à mon panier.

-Ça fera un total de huit livres.

-Par carte, s'il vous plaît.

Sur ce, la caissière qui à d'ailleurs l'air ravie d'être ici, me tend le terminal de paiement électronique et je présente ma carte bancaire sur l'écran.
Pitié, faites que mon paiement soit accepté.
Après trois longues secondes, le logo affirmant que mon paiement a bien été validé apparaît et je range mes articles dans un sac plastique que j'ai pris sous la caisse puis je sors.

En empruntant le chemin inverse à celui que j'ai pris tout-à-l'heure, j'aperçois le SDF. Je m'arrête en face de lui, le salue, et lui tend le sandwich et la bouteille d'eau que j'ai acheté pour lui quelques minutes plus tôt.

Il me remercie et je lui répond que je suis désolée de pas lui avoir répondu tout-à-l'heure et il me répond qu'il n'y a aucun soucis et qu'il comprend. Je le regarde, interrogative et il me dit :

-Vous avez raison d'avoir peur, je ne vous en veux pas. J'aurais pu être n'importe qui. En tout cas, merci encore. Prenez soin de vous, c'est rare les gens comme vous de nos jours. Bonne soirée au revoir!

Je le salue en retour et continue ma route. Si je me souviens bien, je suis à une dizaine de minutes de chez moi. J'accélère le pas pour manger au plus vite car mon ventre n'est toujours pas rassasié. En même temps, ça va faire trois jours que je n'ai pas avalé grand-choses.

Je suis seulement à deux rues de chez moi quand une pièce de deux livres roule jusqu'à mes pieds. Je regarde devant moi et vois effectivement un homme qui à l'air assez jeune ou un peu plus vieux que moi fixer la pièce à mes pieds en avançant. J'en déduis que c'est donc la sienne et la ramasse puis la lui donne et m'attend à ce qu'il me remercie par politesse. Mais ce moment n'arrive jamais et c'est avec surprise que je le vois continuer sa route sans m'adresser un mot.
Sympa les londoniens.

-Dis pas merci surtout. je lui crache avec ironie.

Il s'arrête, puis tourne la tête.
Il a des yeux verts captivants, c'est tout ce que je remarque sur lui.
Il fais un trois-cent-soixante et avance vers moi d'un air mi non-chaland mi provocateur.

-Qu'est-ce que t'as? Me lâche-t-il avec arrogance.

Mais quel connard !

-Dire "merci" t'aurais écorché la gorge? Ça te prend deux secondes et tu passes pour quelqu'un d'aimable. La prochaine fois que quelqu'un est gentil avec toi, un conseil, remercie la. Je répond.

Il hausse les sourcils puis un rictus se forme sur ses lèvres. D'un air tout aussi condescendant que lors de sa première prise de parole, il répond :

-Sinon quoi?

Il se fout de qui lui sérieux?

-Sinon quoi? Répétais-je en riant jaune, j'aurais vraiment pas dû ramasser ta pièce et la laisser rouler jusqu'à qu'elle tombe dans les égouts. Ça aurait été dommage, vu là où t'as l'air d'habiter.

C'est culotté de ma part en sachant qu'il doit pas me rester plus de cinq livres sur ma carte mais il fallait le remettre à sa place.

Je le vois lâcher un sourire hypocrite avant de me répondre:
-Pardon Madame la duchesse, on hérite pas tous de la fortune de papa et maman.
Puis il s'en va.

S'il savait... Je reste plantée là quelques secondes puis continue ma route. Mon commentaire était déplacé, mais je ne le regrette pas pour autant. Je roule pas sur l'or non plus, au contraire. De toute façon, il s'est montré odieux à mon égard, il méritait bien ça.

Après quelques minutes, je suis enfin chez moi. Je fais chauffer ma boîte de pasta box au micro-ondes, allume la télé pour mettre Glimore Girls et après une bonne heure, je finis par m'endormir.

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