The Neighbourhood— ParadiseJe souffle pour la énième fois devant le cadavre étendu sur la table métallique. Les lumières froides de la salle illuminent chaque détail du corps, mais mon esprit est ailleurs, divaguant bien loin de cette carcasse inerte. Mes mains glissent à l'intérieur de la cage thoracique ouverte, recherchant des signes précis, la cause exacte de cette mort banale. Des photos, encore des photos, et des notes que je griffonne distraitement pour les enquêteurs, un exercice mécanique. Mon travail de légiste ne me passionne plus. Pas comme elle.
Lyla... Ses tremblements, son regard fuyant qui tente de comprendre ce que je lui cache derrière ce masque que je porte. L'idée de la voir suffoquer de terreur, son cœur prêt à exploser sous la pression, me fait frissonner. Une vision délicieuse. Je devrais peut-être lui rendre une petite visite ce soir, glisser un cadeau macabre dans son salon, juste pour la faire frémir un peu plus. Une offrande pour l'effrayer. Mais quoi lui apporter?
Je fais semblant de réfléchir, mes doigts fouillant l'intérieur du cadavre, cherchant une réponse dans les chairs mutilées.
— Je pourrais lui apporter... une langue?
Mon sourire s'élargit sous mon masque à cette pensée. Une langue, oui, pour lui rappeler le plaisir qu'elle a pris, même malgré elle, quand elle était attachée dans cette forêt, à ma merci. Je peux encore entendre ses gémissements retenus, ses suppliques, la façon dont son corps tremblait sous mes caresses. J'ai adoré lécher chaque parcelle de sa peau, sentir sa poitrine se soulever de panique. Dommage que ma crise m'ait interrompu... J'ai bien failli crever, mais la manière dont elle m'a regardé, effrayée et inquiète, m'a excité encore plus. Ses yeux terrifiés étaient un pur régal.
Je pourrais passer la journée entière ici à disséquer ce cadavre, mais c'est insupportable sans l'idée de la voir, sans pouvoir l'espionner. Chaque instant passé loin d'elle est une perte de temps, un désert d'ennui. Je devrais lui rendre une visite ce soir, peut-être me cacher dans un coin de sa maison, la regarder vivre, attendre qu'elle s'endorme pour la surprendre. Oui, je vais faire ça.
Le cadavre est finalement scellé dans un sac noir, prêt à être expédié à la morgue, et mon corps ressent l'épuisement accumulé de la journée. Mes muscles sont tendus, crispés par les gestes répétés, et mes paupières lourdes, mais l'adrénaline demeure. Cette fatigue n'est qu'un poids secondaire, un détail ennuyeux. Ce n'est pas la lassitude physique qui me hante, c'est l'absence de Lyla.
Je range mes instruments un à un, nettoyant machinalement la lame encore couverte de sang séché, mais mon esprit reste accroché à elle. Chaque seconde passée sans l'avoir sous les yeux devient une torture. L'ennui, l'insipidité de cette journée me pèse plus que n'importe quel autre fardeau. La routine du légiste est devenue insupportable sans son regard à scruter. J'ai besoin de sa peur, de ses tremblements, de son souffle qui se raccourcit à chaque fois que je m'approche.
En refermant mon carnet de notes, je jette un dernier regard au cadavre. Quelle ironie, penser que ce travail était autrefois excitant. Maintenant, ce n'est qu'une corvée. Mon esprit flotte ailleurs, bercé par l'idée de ce soir. Une soirée que je passerai chez elle, à observer chacun de ses gestes, à sentir son inquiétude grandir alors qu'elle ne saura pas que je suis là. Peut-être que je ferai plus que la regarder... Qui sait?
Je prends mes affaires et quitte la salle d'autopsie, mes pas résonnant dans les couloirs vides. Le silence du bâtiment est pesant, étouffant, mais ce n'est rien comparé au vide qu'elle laisse en moi. Je m'effondre dans mon fauteuil en cuir une fois arrivé chez moi, épuisé mais incapable de me détendre. Mes yeux se ferment un instant, juste pour reposer mon esprit, mais ses images reviennent toujours. Son corps tendu, son souffle court... la scène dans la forêt. Bordel, rien ne m'a jamais fait bander autant que la peur dans ses yeux ce jour-là.
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HEART (T1)
Mystery / ThrillerLa petite Fouine Un intrus. Un parfum boisé, avec une touche de framboise masquée. Toujours ce sourire figé, effrayant, plaqué sur son visage comme une malédiction. Je suis prise dans sa toile, incapable de m'en défaire, et pourtant... je suis irrév...