Déclic

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Le ciel était gris et l'air était humide. Cette journée s'annonçait pénible. C'est ce que je m'étais dit lorsque je m'étais réveillé pour me préparer pour les funérailles. Les funérailles de mon père.

Je ne savais pas trop comment réagir. Ou plutôt je ne savais plus comment réagir. Je veux dire il est mort il y a 5 jours et c'est maintenant qu'on "célèbre" sa mort.

Je trouve ça dégoûtant. Allez, enterrer le qu'on puisse enfin commencer notre foutu deuil! Mais non... Il fallait que maman contacte tous ses proches. De l'arrière grand-mère jusqu'au cousin éloigné à qui elle a parlé juste deux fois durant son enfance. Pourquoi est-ce qu'ils doivent venir? Hey oh! C'est moi qui était le plus important à ses yeux! Vous, vous n'étiez rien pour lui. Alors, ne venez pas à ses funérailles. Je ne veux pas vous y voir. Vous ne le connaissiez pas. Moi je le connaissais!
C'était un père incroyable et un mari attentionné. C'était un homme remarquable qui voulait changer le monde. C'était un homme qui voyait encore de l'espoir dans ce monde pourrit!

Je sursaute. Je venais d'avoir une absence. C'était la troisième fois depuis la mort de mon père...
J'arrêtais tout d'un coup de bouger et je fixais un point invisible sans m'en détourner une seule seconde. Pendant le lapse de temps ou j'étais "ailleurs" je ne faisais que divaguer.

Je soupire longuement essayant de me donner du courage pour les prochaines heures qui allaient suivre.
J'allais devoir endurer toutes ses personnes qui viennent m'offrir leur soi disant condoléances.

Je serra les poings en imaginant les gens me disant:
- Mes plus sincères sympathies. Votre père était un homme remarquable.
Bien sur qu'il était un homme remarquable! J'ai pas besoin qu'on me le dise maintenant. Je m'en était rendu compte bien avant qu'il meure espèce de trou de cul.

Je soupire une fois encore. Un peu plus et j'avais une autre absence...
Même si j'ai pas envie de voir tout ses connards aux funérailles je dois le faire pour maman. Elle a besoin de soutient. Elle a besoin de voir des personnes familières qui peuvent lui apporter un minimum de réconfort. Courage! Fait le pour maman.

Bon,... Pour commencer il faut s'habiller. Avec une mine de dégoût je me tourna vers les vêtements plier sur ma commode. Maman les avait sortit d'une boîte qui était rangé au grenier. Découragé, j'enfila des bas blancs et le pantalon noir. Ensuite, se fut le tour de la chemise blanche et de la cravate, mais je décida de ne pas mettre la cravate. C'était trop officiel pour moi. En plus, lorsque j'ai mis le blouson noir qui allait avec tout ça je me suis sentit comme si j'étais habillé en croque-mort.

Je sortis de ma chambre et me dirigea vers la salle de bain. Par chance, lorsque j'avais traversé le couloir menant à celle-ci je n'avais pas croisé maman. Si je l'avais croisé elle m'aurait regardé avec ses yeux remplis de tristesse et m'aurait fait un faux sourire pour me faire croire qu'elle allait bien alors que c'était un mensonge.

Une fois dans la salle de bain j'alluma la lumière et me regarda dans le miroir. Mon visage était blanc et j'avais de sacrés cernes sous mes yeux bleus pales. En plus, mes cheveux noirs faisaient en sorte que ma peau était encore plus blanche.

Je détourna mon regard du miroir. Je me dégoûtais. Je ne ressemblais à rien alors que mon père avait déjà accomplit tant de choses alors qu'il n'avait pas vit bien longtemps. Il est mort à 38 ans. S'il n'était pas mort on aurait fêté c'est 39 ans le mois prochain...

Ressaisis toi mon vieux, tu veux pas avoir une absence qui te plongera dans tes pensées les plus déprimantes. Je commençais vraiment à être découragé. Cette journée allait vraiment être dur à supporter...

Après avoir fini ma toilette je descendus les marches pour me retrouver dans le salon. Maman était assise sur le canapé en cuir et se faisait réconforter par sa propre mère. Elles relevèrent leurs têtes dans ma direction arrêtant du même coup de chuchoter entre elles et toutes deux me firent un faux sourire. Maintenant je sais d'où maman tient ça...

L'atmosphère dans le salon était étrange. Ma mère évitait mon regard et mamie elle s'était levée du divan et s'approchait de moi. Rendu à un mètre de moi elle ouvrit les bras et me serra contre elle.
Elle cherchait à me réconforter?

Wow, si je veux être réconforter je vais te le demander. J'ai pas besoin qu'on m'enlace. Et pourquoi c'est toi qui me réconforte? Se serait pas plutôt le rôle de maman de faire ça?!

Je me referma sur moi et ne prit pas part à son accolade. Les minutes passèrent et elle ne me lâchait toujours pas. Je me sentais étouffé et écœuré.

Alors, je repoussa "poliment" mamie. Puis, je la contourna et passa devant maman sans même lui porter un regard pour me rendre dans la cuisine.

Une fois dans la cuisine je me laissa tomber le long de l'un de ses murs. Je ramena mes jambes contre mon torses et posa mon front sur mes genoux. Je sentais que j'allais avoir une absence. Mais peut-être bien que c'était mieux ainsi. Ça me faisait passer le temps. Ça m'aidait un peu à décompresser.

Donc, je ferma doucement les yeux et me laissa bercer par le flot de mes pensées.

Pourquoi? Pourquoi est-ce que cette vieille folle m'a enlacé elle se préoccupe de moi. En plus, c'était quoi cette ambiance chelou? Les deux femmes se sont tus à la seconde où elles ont vu que j'étais dans le salon. Et maman dans toute cette histoire m'ignorait totalement. Bordel, mais qu'est-ce que j'ai fait? Me dit pas que t'es en colère contre moi parle que j'ai pas mis la cravate! J'espère que c'est pas ça parce que sinon je vais vraiment être en colère. Merde! Merde! Pourquoi est-ce que vous n'avez rien dit? Vous pouvez pas savoir à quel point j'ai pas envie d'aller aux funérailles. Finalement, je pense que c'est une bonne chose que vous n'ayez rien dit. Sinon je crois que j'aurais pété un câble en écoutant vos mensonges plus ridicules les uns que les autres. La première qui aurait dit des trucs emmerdant aurait sûrement été mamie. Elle aurait dit que papa tenait à moi et qu'il continuerait de m'aimer même dans l'au-delà. Qu'il continuerait de veiller sur moi du haut de son nuage.
Ferme là! Tu crois vraiment qu'on va au paradis après la mort? Laisse moi rire. Tu te fais des illusions parce que t'as peur de disparaître. T'as la trouille de plus exister sale vieille.

Je relève brusquement la tête. Maman était agenouillée devant moi et me regardait, inquiète et troublée. Elle avait posé une de ses mains sur mon bras droit qui était enroulé autour de mes jambes.

Je paniqua. Cela faisait combien de temps qu'elle était là? Je ne l'avais même pas entendu arriver! Ce n'est seulement que lorsqu'elle m'a touché que j'ai réagis.

Maman leva son autre main qui ne touchait pas mon bras et le dirigea vers mon visage. Puis, de son pouce elle essuya une larme qui coulait le long de ma joue.

Je sursauta légèrement. Je... Je pleurais? Sûrement parce que j'étais trop énervé...

- Tout va bien aller Zack... Tu dois être fort. Tu dois toujours continuer d'être fort, okay...?, me dit maman les larmes aux yeux et la voix cassée.

Pendant un instant j'eu envie de rire, mais je me ravisa. Elle essayait de me remonter le moral? Elle était entrain de pleurer devant moi et elle me dit d'être fort? Ouais, j'avais vraiment trop envie de rire...

J'essuya rapidement mes larmes du à trop d'énervement et me leva. Maman fit de même et nous nous retrouvâmes face à face. Bien que j'avais 16 ans je dépassais d'au moins une tête maman. Mais bon, c'est vrai qu'elle est petite aussi...

Maman me tourna le dos et partit en direction de la porte d'entrée. Je fronça les sourcils et me mordit la lèvre inférieur, agacé.

C'était l'heure de partir aux funérailles.

Gore LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant