- Tu es belle, Jo.
- Comme si ça suffisait.
J'allume une cigarette et la fait glisser le long de mon bras. Je souris entre mes larmes.
- Arrête, Jo. Arrête de pleurer. Arrête de sourire, aussi.
J'arrête. Je plante mes yeux dans les siens couleur amour.
- Qu'est-ce que tu es, Jo ?
- Vulnérable.
- Vulnérable ?
- Oui. Comme si j'offrais mon cœur perforé à un homme-démon.
- Un homme-démon, Jo ?
- Je sens encore son odeur.
Je passe la cigarette sur ma cuisse, c'est rouge-vivant. Je respire très fort. Comme si je sentais sa présence.
- Pourtant tu es si forte, Jo chérie.
- Mais mon cœur tellement fragile.
- Le mien aussi.
Trainée de rouge-douleur sur mon ventre.
- Et s'il se brisait ?
- Peur de briser ton cœur, Jo ?
- Peur de ne pas savoir vivre avec les petits morceaux de mon cœur éparpillés partout sur le sol.
Je pense à la main de l'homme-démon. Aux morceaux de moi qu'il tient comme des fragments de verre.
- Regarde-moi, Jo chérie.
La cigarette dessine une trace rouge-sang sur ma joue qui hurle.
- Tu peux vivre avec le manque dans ton cœur.
- Tu crois ?
- Ferme les yeux.
Battement de cils et paupières closes.
- Tu sens l'odeur de l'amour ?
- Oui.
- Parce que ton cœur douleur pleure. Tellement fort.
- J'ai peur.
- C'est pas grave, Jo. Tout le monde a peur.
- Ah oui ?
- Mais toi tu es forte. Assez pour respirer avec le poids de ce cœur fragile.
- Je t'aime, Maman.
- Moi aussi, Jo chérie. Plus que tout au monde.
Elle sourit, prend ma cigarette rouge-chaleur et l'écrase doucement.
YOU ARE READING
Pensées
Short Story[short story] le jour où ses yeux m'ont souri ma cigarette avait un goût de sel