Le Fil Rouge | Tome 1

Chapitre 7 : Hamburger

Maiko Takeda

19h00 - Quartier du haut - Maison de Maiko

Comment faire un curry japonais :

"Du nouveau dans l'affaire des meurtres de Kumoyama."

Première étape : Émincer les oignons, couper les carottes et les pommes de terre, puis le poulet en cubes.

"Nouvelle nuit d'horreur dans la ville de Kumoyama."

Deuxième étape : Faire chauffer une casserole à feu moyen avec un peu d'huile afin d'y faire revenir les oignons.

"Sept meurtres et une tentative de meurtre : fait-il vraiment bon vivre à Kumoyama ?"

Troisième étape : Quand ils deviennent translucides et légèrement dorés, ajouter la viande et les légumes. Laisser cuire, tout en mélangeant, à peu près 5 minutes.

"Le mystère plane toujours quant à l'identité de l'auteur des meurtres de Kumoyama."

Quatrième étape : Ajouter de l'eau, porter à ébullition, puis mettre le feu au minimum avant de couvrir.

"Coup d'œil sur la ville de Kumoyama : Un mélange mortel entre richesse et pauvreté ?"

Cinquième étape : Laisser mijoter environ 30 minutes jusqu'à ce que les ingrédients soient cuits.

"Les inégalités sont-elles la cause de ces assassinats ?"

Sixième étape : Mettre le curry et bien mélanger.

"Les habitants réclament l'action de la police."

Septième étape : Servir, dans une assiette, le riz d'un côté et le curry de l'autre.

"Alors que l'angoisse se répand, que font les autorités ?"

Dernière étape: Déguster.

Déguster...

Moi qui pensais que cuisiner me changerait les idées, je m'étais trompée.

J'avais trouvé cette recette sur internet, et après avoir passé une heure à la préparer, je fixais mon assiette sans aucune envie de manger.

Rien de particulier ne s'était produit au lycée cette semaine, pourtant, elle me semblait être la pire depuis la rentrée.

Les mots "Meurtres", "Victimes", "Kumoyama", résonnaient partout. À la télévision, sur internet, dans les journaux, à la radio... ils ne parlaient plus que de ça. Le pays entier avait dû entendre parler de cette ville et de ses deux quartiers si différents. Résultat, ces histoires s'infiltraient dans nos pensées en permanence, nous laissant peu de répit.

Au lycée, certains élèves s'amusaient à dire qu'un justicier s'attaquait aux familles riches de la ville. D'autres affirmaient qu'un fou évadé d'un asile était à l'œuvre ou encore qu'un habitant du quartier du bas se vengeait sur ceux du quartier du haut.

J'avais entendue toutes sortes d'histoires, et j'avais été étonnée qu'aucune ne mentionne l'homme aux cheveux bicolores dont papi avait parlé. Peut-être que seuls les habitués des bistrots locaux évoquaient ce genre de détails. Cela montrait bien le flot de rumeurs qui circulaient en ce moment.

L'odeur du curry remplissait la pièce et chatouillait mes narines. J'avais passé tellement de temps à préparer ce plat que ça me faisait mal de ne pas avoir envie de le dévorer. Si je voulais réussir à manger, il fallait absolument que je trouve un moyen de me distraire.