C'est vrai, ce mensonge?

1e partie

- Je ne mens pas.

- Bien sûr que non, ma chérie! Mais, tu sais, parfois, on rêve, on imagine ce qu'on aurait aimé qu'il se passe, et vu la situation, personne ne peut t'en vouloir...

- Je ne mens pas!

Lily retire ses mains que j'avais prises dans les miennes et je suis dérangée par la présence du Dr Moore derrière moi. Il n'a pas besoin de voir ces disputes si typiques des adolescentes! Il a besoin de voir la preuve de ce que je me tue à lui dire depuis des semaines!

- Ma chérie, la police vient encore de téléphoner: ils ne trouvent toujours pas cette caverne dont tu as parlé. Ça va faire trois mois...

- Je ne mens pas, pourquoi est ce que tu ne me crois pas?

- Personne ne trouve la moindre preuve de ce que tu dis, Lily!

Le Dr Moore et tous les autres spécialistes que j'avais consultés me l'avaient dit: surtout rester calme et déterminée à lui faire comprendre la réalité. Mais c'en était beaucoup trop! Devoir m'occuper de ma nièce de 17 ans h24 et si tôt après la mort de Corrine...

Le Dr Moore intervient enfin:

- Lily, c'est merveilleux ce que l'esprit humain peut faire. Pour nous protéger de la réalité, notre propre cerveau peut tout à fait nous raconter une histoire qui...

- Pourquoi je voudrais être kidnappée?Parce que tu serais une victime au même titre que tes parents, alors on ne t'en voudrait pas comme toi tu t'en veux.

Je ferme les yeux, je ne veux pas voir sa réaction. Quand je pense qu'elle n'a même pas essayer de sauver ses propres parents...Quelle égoïste! Elle se lève brusquement, me faisant ouvrir les yeux. Elle va encore s'enfuir!

Tout d'un coup, j'encercle son poignet et la force à me regarder droit dans les yeux:

- Ça fait trois mois que je te supporte, Lily, je n'en peux plus! Ça ne peut pas durer comme ça, ni pour toi ni pour moi! Il faut que tu te reprennes! Jamais tu ne réussiras à finir le lycée dans cet état!

- Qu'est.. Qu'est ce que tu vas faire?

Sa voix est plus petite et fragile que je ne l'ai jamais entendu auparavant. Même avant le feu, je n'avais pas été très présente dans sa vie. J'espère que ma réponse est ferme et confiante, tout ce que je ne ressens pas alors que je dis les mots fatidiques:

- C'est seulement pour un mois, Lily, c'est une simple observation. Les spécialistes pourront t'aider et te protéger de toi - même!

- Tu veux m'enfermer?

Le Dr Moore se lève et fait racler sa chaise derrière moi:

- Ta tante ne pense qu'à ton bien être, comme nous tous. 

- Alors, aide - moi à trouver cette caverne! Viens avec moi en randonnée!

- Tu es allée cinq fois dans ce parc, tu ne trouves pas que c'est étrange qu'une victime retourne encore et encore sur le lieu où elle a été emprisonnée? 

- Pas si elle a besoin d'une preuve, puisque personne ne la croit!

Elle essaie de se dégager, si je lâche, elle partira et cette fois elle ne reviendra peut être pas! Qu'est ce que le Docteur Moore fabrique à part m'observer? J'essaie de gagner du temps:

- Oublions la caverne un moment! Pense à ton ongle! Tu t'es arraché aucun ongle!

Elle reste silencieuse, les yeux baissés et l'air abattu. Je continue:

- Pense à la carafe que tu lui as lancée pour te défendre! Il me manque aucune carafe! Ou ce fameux poème qui était avec toi dans la caverne qui n'existe pas non plus!

- Je ne mens pas...

- Et même s'il y avait un poème, comment aurais - tu pu avoir assez de lumière pour le lire dans une caverne? 

- J'ai fait du feu...Lily...

Soudain, je suis profondément épuisée et je la lâche avant de me laisser retomber lourdement sur ma chaise. Je chuchote tout comme elle :

- Si tu as fait du feu, comment tu expliques que tu ne saches pas le refaire quand on te le demande? 

- Ça fonctionne pas toujours...

- On a essayé six fois, Lily...

Comme s'il avait enfin vu mon épuisement, il décide enfin d'envoyer un message aux infirmiers directement sur son téléphone et en une minute chrono, deux hommes massifs ouvrent la porte et se plantent devant Lily, les bras croisés.
Elle ne lutte pas et je pleure alors qu'ils l'emportent et que le Docteur Moore essaie de me rassurer avec des mots vides de sens. La cuisine semble alors très vide et sans vie.
C'est un échec cuisant pour mes capacités de tutrice, et encore plus pour mon rôle de tante. Je n'aurais pas dû faire une telle chose, mais je ne sais plus quoi faire. Toute la ville sait maintenant, je vois bien les regards et les comportements de ses camarades de lycée, même du boulanger et du boucher. Tout le monde connaît tout le monde ici après tout.
Encore une raison pour laquelle un inconnu aurait été remarqué en un instant.

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