Le vent hurlait comme une bête affamée, projetant des flocons de neige épais contre les fenêtres embuées de l'auberge. L'obscurité, à peine troublée par les faibles lampes du porche, donnait à l'extérieur un aspect inquiétant, presque irréel. L'auberge, située en plein cœur des montagnes, semblait coupée du monde, enserrée dans une tempête qui s'intensifiait à chaque minute.
Émilie ferma la porte d'un coup sec, en verrouillant bien le loquet. Son visage, encadré par une écharpe de laine, était tendu. Elle savait que la tempête serait violente, mais l'ampleur de celle-ci dépassait ses prévisions. Etant le guide du groupe, elle avait annoncée qu'ils seraient de retour au village à temps. Mais la tempête en avait décidé autrement.
« On va être bloqués ici un moment », annonça-t-elle en se tournant vers les autres.
Le petit groupe, rassemblé autour de la cheminée, échangea des regards inquiets. Elle prit la peine de remercier Serge, le propriétaire de l'auberge, qui les avait accueillis chaleureusement. Ils étaient sept au total, des étrangers forcés de cohabiter par les circonstances. Mathieu un riche entrepreneur, assis dans un fauteuil en cuir usé, croisa les bras avec un air de mépris.
« Super, c'est exactement ce que je voulais pour la fin de mes vacances », grogna-t-il, les yeux braqués sur Émilie.
Elle ignora son ton sarcastique.
« Ce n'est pas comme si on avait le choix. Personne ne peut passer cette tempête. Les routes sont déjà bloquées, et on a perdu le signal téléphone il y a une heure. »
Mathieu haussa les épaules, ses yeux noirs étincelant de contrariété.
« Génial. Forcé de jouer les campeurs de luxe. »
Léa, une jeune femme discrète, restée silencieuse jusque-là, s'avança légèrement. Elle portait un épais pull en laine et son regard, d'un bleu glacé, semblait fuir constamment celui des autres.
« Il y a quelque chose d'étrange, ici », murmura-t-elle. « J'ai fait des rêves... avant de venir. Des rêves de cette tempête. Et... une ombre. »
Un silence s'installa. Le craquement des bûches dans le feu était le seul bruit audible, mis à part le souffle du vent dehors.
« Vous croyez qu'on va tous mourir, c'est ça ? » plaisanta Théo, étudiant en psychologie, en prenant une gorgée de son thé.
Son sourire nerveux ne masquait pas complètement l'inquiétude derrière ses yeux.
« On ne va pas mourir, Théo », répondit Émilie fermement. « Il nous suffit de rester ensemble, et d'attendre que ça passe. »
Serge, le plus vieux du groupe, un habitant local qui connaissait la région depuis des décennies, se racla la gorge.
« Peut-être qu'elle a raison, la petite. Y a des choses qui traînent dans ces montagnes. Des choses que personne n'a envie de croiser. »
Les autres se tournèrent vers lui, un mélange de scepticisme et d'inquiétude sur leurs visages.
« Des légendes, c'est tout », répliqua Mathieu. « Vous croyez vraiment à ces histoires ? »
Serge haussa les épaules, ses yeux plissés d'un air grave.
« Croyez ce que vous voulez. Mais si on commence à entendre des bruits cette nuit, je vous conseille de ne pas sortir. »
L'atmosphère, déjà tendue, sembla se plomber encore davantage. Émilie fronça les sourcils en s'installant près du feu. Elle connaissait ces montagnes, et elle n'était pas du genre à croire aux contes pour effrayer les touristes. Mais la tempête avait un caractère oppressant, presque surnaturel.
VOUS LISEZ
L'Ombre Sous La Neige
Misterio / Suspenso"Le mal n'est pas une force abstraite. Il a une volonté, un but, et attend simplement le bon moment pour frapper." Clive Barker Un beau soir, un groupe de vacanciers se retrouve piégé dans une auberge, isolée en pleine montagne, à cause d'une viole...