Chapitre 1 : L'étreinte du mal

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Léna regardait son reflet dans le miroir, les traits tirés par la fatigue et les doutes. Ses yeux, autrefois brillants et pleins de vie, semblaient désormais voilés par une ombre permanente.
L'appartement était plongé dans une pénombre apaisante, seule la lueur tamisée d'une lampe de chevet éclairait faiblement la pièce. Elle entendait encore la voix d'Anthony résonner dans son esprit, chaque mot, chaque intonation lui rappelait à quel point elle était prisonnière de cette relation.

Ils s'étaient rencontrés par hasard, dans un bar à l'atmosphère lourde, où la fumée des cigarettes flottait comme un brouillard entre les âmes perdues. Léna était venue chercher un moment de répit, une échappatoire à sa routine morne. Anthony , avec son sourire énigmatique et son regard perçant, avait immédiatement capté son attention. Il dégageait une aura mystérieuse, dangereuse, qui l'avait attirée comme un papillon vers la flamme.

Leur premier échange avait été superficiel, un simple jeu de séduction sans enjeu. Mais très vite, la relation avait pris une tournure plus sombre. Anthony n'était pas comme les autres hommes qu'elle avait connus. Il avait ce pouvoir étrange de la faire se sentir vivante tout en la détruisant, un peu plus à chaque rencontre. Il savait où appuyer pour la faire plier, où frapper pour la faire saigner. Et pourtant, Léna revenait toujours vers lui, enchaînée par un mélange de passion et de douleur qu'elle ne comprenait pas entièrement.


Elle se souvenait encore de cette nuit à leur premier rendez-vous. Ils avaient marché longtemps sous la pluie, Anthony la tenant fermement par la main, la guidant à travers les rues sombres de Bruxelles. À chaque pas, elle sentait cette tension grandir en elle, un mélange de peur et d'excitation. Quand ils étaient enfin arrivés chez lui, elle avait su que quelque chose avait changé. L'atmosphère s'était alourdie, la chaleur du désir s'était mêlée à l'appréhension. C'était la première fois qu'elle ressentait cette violence sourde, cette menace latente qui émanait de lui.

Anthony la manipulait habilement, jouant avec ses émotions comme un marionnettiste. Il alternait entre douceur et cruauté, la plongeant dans un état de confusion constante. Il lui disait qu'il l'aimait, mais ses actions racontaient une autre histoire. Il la contrôlait, la modelait à son image, tout en lui faisant croire qu'elle en avait besoin. Et Léna, aveuglée par un désir qu'elle ne parvenait pas à réprimer, s'abandonnait à lui.

Leur relation était malsaine, toxique, mais elle n'arrivait pas à s'en détacher. Chaque fois qu'elle essayait de partir, Anthony trouvait le moyen de la ramener à lui, utilisant tantôt la culpabilité, tantôt la séduction. Il avait cette manière de faire croire que tout était de sa faute, qu'elle était la cause de leur tourment. Et Léna, dans sa quête désespérée d'amour, acceptait tout.

Ce soir-là, elle se trouvait une fois de plus dans son appartement, l'esprit embrouillé par leurs dernières disputes. Anthony l'avait encore une fois blessée, verbalement, émotionnellement. Il avait touché cette corde sensible, celle qui résonnait au plus profond d'elle, la faisant douter de sa propre valeur. Mais contrairement aux autres fois, une petite voix en elle commençait à se rebeller, à lui souffler que ce n'était pas normal, que ce qu'elle vivait n'était pas de l'amour.

Elle se souvenait de leur dernière rencontre à l'appartement. Il avait été plus distant, plus froid que d'habitude, jouant avec son cœur comme un chat avec une souris. Il l'avait attirée dans ses bras, lui murmurant des mots doux, avant de l'écarter brusquement, la laissant perdue, confuse. Chaque geste, chaque parole était calculée pour la maintenir sous son emprise.

« Tu sais que tu ne peux pas me quitter, Léna, » avait-il dit en la fixant de ses yeux sombres.

« Tu as besoin de moi, autant que j'ai besoin de toi. »

Elle s'était contentée de le regarder, incapable de répondre. Elle savait qu'il avait raison, en partie du moins. Elle avait besoin de lui, mais pas pour les raisons qu'il pensait. Ce n'était pas l'amour, c'était une addiction, une dépendance destructrice qu'elle n'arrivait pas à briser.

Les souvenirs de leurs moments passés ensemble étaient à la fois doux et douloureux, un mélange déconcertant de passion et de souffrance. Ils avaient partagé des nuits intenses, où leurs corps se mêlaient dans une danse aussi violente que sensuelle. Mais au matin, il ne restait que des cendres, un goût amer sur les lèvres. Assise sur le bord du lit, Léna sentit une vague de tristesse l'envahir. Elle savait qu'elle devait partir, qu'elle devait se libérer de cette emprise avant qu'il ne soit trop tard. Mais l'idée de le perdre lui faisait peur. Qui serait-elle sans lui ? La question tournait en boucle dans son esprit, la paralysant.

Elle se leva finalement, attrapa son manteau et quitta l'appartement, laissant derrière elle une partie de son âme. Les rues étaient désertes, seules quelques lumières vacillantes perçaient l'obscurité. Elle marchait sans but, ses pensées se bousculant, jusqu'à ce qu'elle atteigne le parc où ils s'étaient souvent retrouvés. S'asseyant sur un banc, Léna ferma les yeux, laissant les souvenirs affluer. Elle revoyait leurs premières rencontres, les moments où elle avait cru entrevoir quelque chose de bon en lui. Mais avec le temps, cette lueur s'était éteinte, remplacée par une ombre oppressante.

« Léna, » une voix familière la fit sursauter. Anthony se tenait là, derrière elle, son visage à demi caché par la nuit. « Qu'est-ce que tu fais ici, toute seule ? » Son cœur se serra, partagé entre l'envie de fuir et celle de se jeter dans ses bras. Mais elle savait qu'il ne fallait pas céder. Pas cette fois. «Je réfléchissais, » murmura-t-elle, évitant son regard. Anthony s'approcha, s'asseyant à côté d'elle. Le silence entre eux était lourd, chargé d'une tension palpable.« Tu penses encore à nous ? » demanda-t-il, sa voix douce mais teintée d'une menace subtile. Léna hocha la tête. « Oui, mais pas de la manière dont tu crois. »Il la fixa longuement, comme s'il cherchait à lire dans ses pensées. Puis, sans prévenir, il saisit son poignet, serrant légèrement, juste assez pour lui rappeler qu'elle lui appartenait.« Ne fais pas ça, Léna, » murmura-t-il. « Tu sais que tu ne peux pas me quitter.» Elle le regarda, son cœur battant à tout rompre. Une partie d'elle voulait croire à ses paroles, s'accrocher à cet espoir ténu que tout pourrait s'arranger. Mais l'autre partie, celle qui commençait enfin à se réveiller, savait qu'il n'y avait pas de fin heureuse à leur histoire.« Anthony, » commença-t-elle, la voix tremblante, « ce n'est pas de l'amour, ce que nous avons. C'est autre chose, quelque chose de sombre, de destructeur. »Il sourit, un sourire qui n'atteignit pas ses yeux. « Et c'est pour ça que tu m'aimes, non ?»Léna sentit les larmes monter, mais elle les retint. Elle devait être forte, pour une fois.« Peut-être que je t'aime, » dit-elle, « mais je ne m'aime plus. Et je ne peux pas continuer comme ça. »

Anthony la regarda, son expression se durcissant. Il semblait sur le point de dire quelque chose, mais Léna se leva avant qu'il ne puisse réagir.« Je dois partir, Anthony. Pour moi. » Ses mots étaient simples, mais leur poids était immense. Elle tourna les talons et s'éloigna, le laissant seul sur ce banc. Le vent se leva, emportant avec lui les derniers vestiges de ce qu'elle avait été. C'était fini. Pour de bon. Mais alors qu'elle s'éloignait dans la nuit, une part d'elle savait que la véritable bataille ne faisait que commencer.

Sous empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant