Chapitre 2 : Le poison de l'absence

27 4 4
                                    




Le lendemain de sa rupture avec Anthony, Léna se réveilla dans un état étrange, flottant entre soulagement et angoisse. L'appartement lui semblait à la fois familier et étranger, comme si elle y habitait pour la première fois depuis des années. Le silence pesant, habituellement interrompu par les appels incessants d'Anthony ou par le bruit de ses pas, lui paraissait presque assourdissant. Elle se leva lentement, chaque mouvement étant accompagné d'un effort conscient pour ne pas se laisser happer par le vide qu'il avait laissé. Elle savait que cette journée serait difficile, la première d'une série où elle devrait réapprendre à vivre sans lui. Le simple fait de savoir qu'il ne la contacterait pas la plongeait dans un sentiment de perte profonde. Pourtant, elle s'accrocha à cette décision, à ce choix qu'elle avait fait pour elle-même.

Elle passa la matinée à errer dans son appartement, cherchant à se raccrocher à une routine qui n'existait plus. Chaque objet lui rappelait Anthony d'une manière ou d'une autre : le livre qu'ils avaient lu ensemble, la tasse qu'il utilisait toujours, les photos qu'elle avait prises de lui, maintenant rangées dans un tiroir qu'elle n'osait pas ouvrir. Tout lui rappelait son emprise, ce lien toxique qu'elle venait de briser. Pourtant, malgré la douleur de l'absence, une partie d'elle se sentait plus légère, comme si un poids invisible avait été retiré de ses épaules. Elle savait que ce soulagement était fragile, une bulle qui pourrait éclater à tout moment. Mais pour l'instant, elle décida de s'y accrocher.

Léna passa l'après-midi à errer dans les rues de Bruxelles, cherchant à fuir cet appartement devenu étouffant. Elle marcha sans but précis, traversant des quartiers qu'elle connaissait à peine. Le monde extérieur lui semblait étrangement plus vivant, comme si elle redécouvrait les couleurs et les sons après avoir été longtemps enfermée dans l'obscurité. Mais même au milieu de la foule, Anthony restait présent dans son esprit. Chaque visage qu'elle croisait, chaque rire qu'elle entendait, lui rappelait lui, et ce qu'ils avaient partagé. Léna se rendait compte que même s'il n'était plus là physiquement, il restait une partie d'elle, une ombre qui continuait de la hanter. Alors qu'elle continuait de marcher, elle se retrouva par hasard dans le quartier où ils s'étaient rencontrés pour la première fois.

Le bar où tout avait commencé était là, inchangé, avec ses néons scintillants et son atmosphère lourde. Léna sentit son cœur se serrer à la vue de l'endroit. C'était ici que tout avait commencé, ce jeu dangereux qui l'avait menée si loin de ce qu'elle était. Elle hésita un instant devant l'entrée, se demandant si elle devait entrer, confronter ses démons. Mais elle se détourna rapidement, préférant fuir ce lieu de tentation. Elle n'était pas encore prête à affronter cette partie de son passé. La soirée approchait quand elle décida de rentrer chez elle. Les rues de la capitale s'emplissaient de passants, et le brouhaha de la ville commençait à l'étouffer. Pourtant, même en rentrant dans son appartement, elle ne trouva pas le réconfort qu'elle espérait. L'absence d'Anthony pesait toujours sur elle, mais c'était la solitude qui l'effrayait le plus.

Alors qu'elle s'effondrait sur son canapé, son téléphone vibra. Un message. Son cœur fit un bond. Et si c'était lui ? Et s'il regrettait, s'il voulait s'excuser, promettre de changer ?Léna hésita quelques secondes avant de prendre son téléphone, ses mains tremblant légèrement. Le message était d'un numéro inconnu, mais le contenu était clair ."Tu me manques." Ces trois mots, simples mais lourds de sens, la frappèrent en plein cœur. Elle savait que c'était Anthony, il avait toujours cette manière de contourner ses décisions, de ne jamais les respecter.

Son souffle s'accéléra, un mélange d'émotions contradictoires la submergeant. Le manque qu'elle ressentait, cette douleur sourde, revenait en force, rendant sa décision encore plus difficile à maintenir. Pendant plusieurs minutes, elle resta là, fixant l'écran de son téléphone, hésitant entre répondre ou l'ignorer. Une part d'elle voulait céder, voulait le revoir, entendre sa voix, sentir ses bras autour d'elle. Mais une autre part, plus forte, lui soufflait que ce n'était qu'un piège, une nouvelle tentative de le laisser reprendre le contrôle. Finalement, avec une détermination vacillante, elle effaça le message sans répondre, posant le téléphone sur la table avec une résolution nouvelle. Elle devait être forte, elle devait tenir bon, pour elle-même.

La nuit tomba, apportant avec elle une solitude encore plus oppressante. Léna se coucha, mais le sommeil refusait de venir. Les souvenirs d'Anthony envahissaient son esprit, chaque image plus vive, plus douloureuse que la précédente. Elle se rappelait ses caresses, ses mots doux, mais aussi ses paroles acerbes, ses gestes brutaux. La confusion était totale, rendant difficile pour elle de distinguer ce qu'elle ressentait vraiment. Elle se retourna plusieurs fois dans son lit, luttant contre l'envie de reprendre son téléphone, de céder à cette tentation qu'il avait laissée derrière lui. Mais elle savait que ce serait une erreur, une nouvelle plongée dans l'abîme dont elle venait à peine de s'échapper. Ce fut une nuit sans sommeil, une lutte constante entre son désir de le retrouver et sa volonté de se reconstruire.

Quand l'aube se leva enfin, Léna était épuisée, mais elle savait qu'elle avait franchi une étape importante. Elle avait résisté. C'était un petit pas, mais un pas nécessaire vers la guérison. Elle se leva de son lit, prête à affronter une nouvelle journée sans Anthony. La route serait longue, semée d'embûches, mais Léna sentait une nouvelle force en elle. Une force qui, elle l'espérait, serait suffisante pour surmonter les ténèbres qu'il avait laissées dans son sillage.

Sous empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant