Jeux de pouvoir- tome 1

𝗖𝗵𝗮𝗽𝗶𝘁𝗿𝗲 𝟰𝟭.

Aylan allait s'approcher de moi, son regard toujours fixé sur le mien, quand la porte s'ouvre brusquement. Alil entre, son visage marqué par une expression de détermination. Il voit d'abord Aylan de dos, pensant sans doute qu'il s'agit d'une simple conversation.

— Mais t'étais où ! Je t'ai cherché partout !s'exclame Alil en s'avançant, puis il s'arrête net en apercevant ma silhouette à moitié cachée derrière Aylan. Son regard passe de l'incompréhension à la surprise, puis à l'horreur.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? demande-t-il, son ton trahissant un mélange de confusion et d'inquiétude.

Je peux voir son regard passer de moi à Aylan, essayant de saisir la situation. Il réalise vite que je suis presque nue, et que la scène qui se déroule devant lui ne ressemble en rien à un simple jeu de domination.

- Aylan, qu'est-ce que tu lui as fait ? s'écrie-t-il, ses yeux s'agrandissant en voyant le bout de ma cuisse brûlée, encore rouge et enflée.

La colère commence à s'installer sur son visage, remplaçant l'incompréhension.

Aylan se redresse, une lueur de nonchalance dans son regard. Je sens la tension monter dans la pièce, comme un fil prêt à se rompre. Alil n'a pas l'air prêt à laisser passer ça.

— Ce n'est pas ce que tu penses, répond Aylan, sa voix dénuée de chaleur.

- Alors, c'est quoi, exactement ? rétorque Alil, avançant d'un pas, s'interposant presque entre nous. Pourquoi est-ce qu'elle est attachée ?

Je glisse rapidement ma main sur ma cuisse brûlée pour la cacher, puis je me tourne légèrement pour récupérer mes vêtements éparpillés sur le sol. Mon cœur bat la chamade, mais je garde mon calme en enfilant mon legging et mon t-shirt. Je sens Aylan se raidir derrière moi, surpris par mon mouvement.

- Hein, elle est détachée ? murmure-t-il à lui même, un mélange de colère et de préoccupation dans sa voix.

Je lève les yeux vers Aylan, un sourire sarcastique sur les lèvres.

— Je voulais te laisser faire ta crise d'ado, dis-je avec une légèreté feinte, mais je ne peux pas m'empêcher de laisser transparaître une part de moquerie.

Sur ces mots, je termine de m'habiller et me dirige vers la sortie, laissant derrière moi l'atmosphère chargée de tension. Je sais que ce n'est pas fini, mais pour l'instant, j'ai besoin de me distancer de de cette situation insoutenable.

Je marche en boitant légèrement, la douleur de ma cuisse me rappelle la brutalité de ce que je viens de vivre. Une fois dans ma chambre, je me précipite sous la douche, laissant l'eau chaude couler sur ma peau. La chaleur accentue la douleur, mais j'ai besoin de ce moment, de me laver de la tension et de sa présence.

Alors que je me perds dans l'eau, mes pensées se mettent à vagabonder, m'entraînant vers ce monstre qu'est Aylan. Je me demande pourquoi tous les hommes semblent voués à jouer le même rôle, à exercer le même pouvoir. Les souvenirs des autres hommes de ma vie affluent. Les rencontres, les promesses brisées, les moments où j'ai cru en leur bonté, pour finalement découvrir leur côté sombre. C'est toujours la même histoire : des sourires trompeurs cachant des intentions obscures.

Le bruit de l'eau qui s'écoule m'ancre dans la réalité. Je sors du bain et me dirige vers le miroir. En me regardant, je ne peux m'empêcher de constater que j'ai maigri. Mon visage semble plus pâle, mes traits plus marqués. L'image qui me renvoie le reflet de mon corps m'effraie.

Je finis par me changer, enfilant un pyjama un peu trop grand, qui tombe légèrement sur mes hanches, comme une seconde peau. En luttant contre mes pensées sombres, je me dirige vers la cuisine. Une fois à l'intérieur,  l'odeur des ingrédients frais m'accueillant. Je me mets immédiatement à cuisiner, mes gestes devenant automatiques alors que je prépare un sandwich. Le pain croustillant, la laitue croquante et les tranches de tomate s'assemblent sous mes mains, créant une petite œuvre d'art culinaire. Une fois le sandwich terminé, je m'assois sur l'une des chaises hautes, savourant le moment de calme.

Alors que je m'apprête à prendre une bouchée, une femme entre dans la cuisine. Vêtue d'un uniforme de bonne, elle s'approche avec un air à la fois respectueux et préoccupé.

— Je suis désolée pour le retard, dit-elle en souriant. Je devais nourrir mes enfants.

Je l'observe, intriguée, tandis qu'elle continue.

— J'en ai parlé au maître

Je me frotte les yeux, essayant de me concentrer.
le maître ?? quel maître ??
Je réalise que je suis complètement perdue dans cette maison, dans cette vie. Je regarde la femme avec un mélange de curiosité et de fatigue.

— Qui êtes-vous ? demandai-je,

Elle s'excuse à nouveau, comme si elle craignait d'avoir fait quelque chose de mal.

— Je m'appelle Maria, dit-elle doucement. Je suis la cuisinière

Je hoche la tête, réalisant que même dans ce monde troublant, il y a encore des gens normaux.

— Tu peux t'asseoir, dis-je, lui tendant mon sandwich. Tu sembles toute pâle, tu as besoin de te nourrir.

Elle m'observe un instant, surprise par ma générosité, puis secoue la tête.

— C'est à moi de cuisiner madame, pas l'inverse. Je ne peux pas accepter ça, dit-elle avec un sourire aimable.

Je lève les yeux au ciel, un sourire amusé sur les lèvres.

— Ne sois pas ridicule. Je peux au moins préparer un autre sandwich, dis-je en me levant.

Je me dirige vers le plan de travail, sortant les ingrédients avec détermination. Maria, malgré ses réticences, s'assoit sur une des chaises et m'observe, visiblement intriguée.

— Je vais préparer quelque chose de meilleur, ajoute-je en commençant à assembler un autre sandwich, un peu plus généreux que le précédent.

Tandis que je m'affaire, je peux sentir son regard posé sur moi. Une fois le sandwich prêt, je le lui tends.

— Tiens, essaye ça, dis-je en souriant.

Elle prend une bouchée et ses yeux s'illuminent de surprise.

— Oh, c'est délicieux ! s'exclame-t-elle entre deux bouchées. Quelle est ta recette ?

Je ris légèrement à sa réaction.

— C'est simple, vraiment, dis-je avec amusement. Une pincée de ce qui traîne, une touche de désespoir et un soupçon de créativité.

Maria éclate de rire, visiblement ravie par ma réponse.

— Vous êtes pleine de ressources, madame ! Je vais devoir vous demander d'autres recettes, à ce rythme-là !

Je lui souris, appréciant ce moment léger, une rare bulle de normalité dans ce monde chaotique.